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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Etienne de la Boétie est, quelque part, un anarchiste !
Pourquoi les hommes restent-ils sous le joug d'un tyran ?
Mais arrêtez de servir volontairement ( la servitude volontaire ) votre tyran : sans vous, le socle, il se cassera la figure !
.
C'est un court essai philosophico-politique. Dans l'édition Librio, Romain Enriquez a modernisé l'écriture, et évidemment, c'est alors très facile à lire, et très logique.
Il y a eu plein de tyrans de par le monde, et comme Machiavel, La Boétie prend surtout des exemples dans le monde romain, et comme lui, conclut que la fin des tyrans est rarement heureuse.
Mais pourquoi les suit-on, alors qu'ils suppriment la liberté, et même parfois la liberté de penser ?
.
Par habitude ;
par crédulité ;
Les tyrans comme Cyrus de Perse ou Néron jouent sur les vices des hommes, et provoquent les appâts de la servitude :
ils favorisent la lubricité, la boisson, les grands repas, les fêtes, la religion et surtout l'avidité.
L'avidité, on le sait, fonctionne encore très bien de nos jours.
.
J'ai beaucoup apprécié cet essai, car je me limitais aux jeux du cirque de César pour détourner l'attention du Peuple.
J'ai aimé la conclusion, où La Boétie plaint les tyrans et leurs acolytes, qui ne s'aiment pas eux-mêmes, et les considère comme les abandonnés de Dieu.
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Je ne vais sans doute pas redire ce qui a été dit mille fois sur ce petit opuscule. Sur les mécanismes qui permettent l'intériorisation et la normalisation de la tyrannie comme seul régime possible de gouvernement. Sur l'abêtissement des masses par le divertissement comme tactique de diversion du fait politique. Sur les affres de la courtisanerie comme condition de possibilité et de reproduction de la servitude du peuple. Sur la vision par trop moraliste et manichéenne du texte, aussi.
Mais l'essentiel est ailleurs : dans l'importance qu'il y a à lire ou relire ce texte aujourd'hui et, peut-être, à en tirer des leçons sur la manière dont nous sommes gouverné.e.s.
Indispensable.
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Si l'envie vous vient de vous faire remettre les pendules à l'heure par un gamin de 18 ans, qui plus est s'exprimant il y a 500 ans de cela, foncez sur ce petit pamphlet incroyablement revigorant et qui frappe direct à l'essentiel :
Et de un, nous sommes tous esclaves, et de deux, si nous le sommes c'est parce que nous le voulons bien, tenus que nous sommes par l'habitude, la préférence pour le confort, mais avant tout par peur de la liberté. Et ceci s'applique, du fait de l'universalité du propos, tant à la sphère politique et sociale qu'à la sphère personnelle.
Le tout abondamment illustré de références historiques piochées dans une culture classique qui ferait honte au plus érudit d'entre nous.
Belle leçon : voilà comment un texte devient immortel, traversant les siècles pour ébahir le lecteur d'aujourd'hui de sa brûlante actualité!
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Il est toujours intéressant de "retourner aux sources" des grandes idées politiques.
Ce traité nous fait un portrait de la figure du tyran et, en contrepoint, de celui des peuples qui acceptent la domination qu'ils exercent.
Quels sont les mécanismes qui permettent cette aliénation ? Vivre ainsi soumis à la volonté du tyran semble procurer une sécurité de pensée, une stabilité sociale qui fait passer la liberté au second plan.
S'il y avait une idée à extraire de ce petit ouvrage dramatiquement d'actualité, c'est sans doute que nos maîtres n'ont de pouvoir que celui que nous voulons bien leur accorder.
Heureusement pour eux, et pour leur appendice que la révolution française avait rendu si fragile, ils disposent d'une cohorte de serviteurs en cercles concentriques qui profitent des oboles dispensées par le pouvoir. En espérant toujours remonter d'un cran dans la hiérarchie et l'attribution des gratifications.
En lisant ce texte de référence, on est surpris de sa modernité alors que La Boétie se réfère à l'antiquité grecque et romaine...
Il est manifeste que le tyran se sait détesté par son peuple mais il n'en a cure.
Tant que le peuple est résigné, tant que le peuple consent à sa domination, par crainte de pire ou par calcul, il est assuré de rester au pouvoir.
Un beau texte méritant réflexion.
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Waouh quelle claque !
Comment est-ce possible qu'un gamin de 18 ans soit capable d'écrire un texte pareil en 1548 quand aujourd'hui, nos ados se cherchent des noises sur les réseaux sociaux ?
J'avoue que ce texte reste d'une actualité brûlante : le goût du pouvoir, l'obéissance à une autorité, l'aliénation du peuple, sa soumission à une autorité qui n'a de légitimité que parce qu'il y a des personnes qui acceptent de lui obéir. Et les courtisans qui deviennent des tyrans à leur tour pour plaire au chef, pour le flatter, contribuant ainsi à l'édification d'un système pyramidal Et la solitude du chef qui redoute la mutinerie et qui serre un peu plus la vis. Mais ce mec était un anarchiste avant l'heure ou quoi ? Un adepte du référendum d'initiative citoyenne ? Un gilet jaune du XVI° siècle ?
Cela vient faire écho à un conte lu dans mon livre précédent terminé hier (Alabama 1963) : un maître avait 200 esclaves dans ses champs de coton, la broche de sa femme avait disparu et le coupable devait bien entendu être parmi les esclaves, aussi il leur laissait une nuit pour que le coupable se dénonce sinon il fouettera tout le monde. le lendemain. A son réveil, plus une fleur de coton, plus un seul esclave sur le domaine. L'histoire raconte qu'ils en avaient confectionné un nuage pour s'envoler. La femme du tyran, retrouva ensuite sa broche dans ses affaires et le maître fut ruiné.
La soumission à l'autorité ne serait donc qu'une construction psychique ? Comme cet oiseau en cage à qui l'on ouvre la porte et qui reste là par peur de l'inconnu.
Ce bouquin va me faire réfléchir toute la nuit. Demain, je dis merde à mon chef, je lui dis qu'il voie ça avec La Boétie. Non, je déconne, il est sympa mon chef !!

Challenge multi-défis 2021.
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Un essai très court mais très dense et d'une justesse toiujours d'actualité.
Franchement montaigne et La Boétie allaient très bien ensemble! de très grands esprits.
Ce livre n'est peut être pas à mettre entre toutes les mains ou devant les yeux de n'importe qui car il pourrait y avoir des rebelles partout qui nous sortiraient de notre confort létargique mais si doux.
Et dire que c'est en vente libre! Mais que fait la police?
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Lorsqu'il écrit le Discours de la servitude humaine, Etienne de la Boétie (1530-1563) étudie le droit à l'université d'Orléans, l'une des plus réputées d'Europe à l'époque. Montaigne, son grand ami, nous dit dans ses Essais qu'il n'avait alors pas encore 18 ans. Des controverses ont éclaté à ce sujet : le Discours n'a pu être écrit par un si jeune homme. Partant, soit il l'a écrit à un âge plus mûr, soit c'est Montaigne lui-même - qui voulait l'inclure dans l'une des éditons de ses Essais - qui en l'auteur. Il est admis de nos jours que c'est bien La Boétie qui a rédigé le Discours, et ce dans sa « prime jeunesse » (même s'il est possible qu'il l'ait retouché plus tard, ou que Montaigne y ait apporté des corrections ou des ajouts). On se trouve donc face à un texte révélant un esprit brillant et d'une grande précocité. Certains commentateurs n'y voient qu'un classique exercice de rhétorique, tel qu'en pratiquaient les étudiants d'alors. C'est cela et beaucoup plus : un essai de philosophie et de psychologie politiques.
Pour La Boétie, il est dans la nature de l'homme d'être libre et raisonnable. Pourtant , il observe que les hommes subissent souvent le joug d'autres hommes, quand ce n'est pas d'un seul. Ainsi soumis, ils semblent préférer souffrir et servir leur tyran, plutôt que de rechercher la liberté à laquelle leur nature aspire. La Boétie voit plusieurs causes à cette soumission : les hommes, naissant dans le servage, sont éduqués à obéir ; ils sont abêtis par les divertissements et les quelques faveurs que leur prodigue le tyran ; enfin, le despote se fait aider par quelques vassaux qui eux-mêmes en soumettent d'autres, ainsi de suite jusqu'à former une longue chaîne de soumission.
Cependant, plus qu'à une dénonciation de la tyrannie, c'est à celle de la passivité du peuple que s'attache La Boétie. En effet, sans la résignation, voire l'approbation du peuple, pas de tyrannie possible. Par quelle perversion de leur nature les hommes se laissent-ils mettre le joug, alors même que cela ne leur apporte que peines et malheurs ? Car il ne leur suffirait que de vouloir se libérer pour que cesse toute servitude : Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres.
Le Discours a inspiré nombre de révolutionnaires des époques ultérieures, en particulier aux XVIIIème et XIXème siècles. Cependant, pas d'appel à la sédition et au désordre public chez La Boétie. Il était trop soucieux de paix sociale pour cela, horrifié qu'il était par les guerres de religion qui ensanglantaient le pays à son époque. On était encore loin également de notions telles que souveraineté du peuple et démocratie. En revanche, il nous disait ceci : l'homme ne peut se laisser dominer sans se renier lui-même. Il est responsable de sa condition et il n'appartient qu'à lui de la changer. La leçon vaut en tout temps et en tout lieu, y compris ici et maintenant où la servitude, qu'elle soit politique ou économique, ou les deux à la fois, est bien d'actualité.

Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Certes, c'est un traité, certes c'est vieux (XVIème siècle), mais lisez-le ce discours de la servitude volontaire !*
C'est un ordre, je suis un tyran et vous devez m'obéir. Vous n'avez pas le droit de refuser, car les devoirs passent avant les droits ! En plus, vous saurez pourquoi, en le lisant, vous devez absolument m'obéir, vous saurez aussi comment faire pour vous acquitter de vos devoirs, mais non, vous les ferez vos devoirs, sans même vous en rendre compte !
D'ailleurs, le devoir à rendre, là, il est pour hier, pas pour demain ! Alors hophophop là, on ouvre son livre à la page de votre édition qui correspond au début du discours et vous me rédigerez une critique Babelio de 6 pages et vous répondrez à ces questions :

1) Qui sont les acteurs de la servitude volontaire ? Répondez en une ou deux phrases.
2) Quels sont les mécanismes de la servitude volontaire ?
3) Pour quelles raisons la servitude volontaire est-elle appliquée et respectée ? (Question facultative, qui peut vous rapporter un point bonus)
3) Comment Etienne de la Boétie s'approprie-t-il la devise de la République qui est, je le rappelle des fois que vous auriez manqué vos cours d'éducation civique : Liberté, Égalité, Fraternité ?
3) Etienne de la Boétie serait-il un bon citoyen au XVIème ?

Fin du cours. Dommage je n'aurai pas le temps de vous transmettre d'autres consignes. Une dernière chose cependant :
Votre professeur de philosophie étant absent depuis quelques semaines, il m'a chargé de vous transmettre deux sujets de dissertation, au choix, à traiter pendant ses heures de cours :
1) La liberté confine-t-elle à l'irresponsabilité ?
2) Politique : Une démocratie peut-être elle tyrannique ?

* Il ne fait que quelques pages ce bon vieux traité ...
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Le discours de la servitude volontaire est un texte court mais brillant, rédigé par un jeune homme d'environs dix-huit ans. Encore aujourd'hui il a gardé toute sa saveur subversive.
Il décrypte les mécanismes qui amènent une population à se laisser dominer par un seul homme, en appuyant sa thèse par des exemples historiques bien loin de la réalité française de son époque afin d'éviter quelques soucis.


Il affirme que c'est le peuple qui accepte de lui-même de se soumettre à un tyran, pourtant sans son consentement le tyran ne serait rien.

Il dénombre trois sortes de tyrans :

1° cas : le tyran choisi par le peuple.
Le peuple étant né sous la dictature du tyran, cela lui paraît évident puisqu'il en a toujours été ainsi depuis sa naissance. Ça lui semblera normal de vivre de cette façon avec si peu de liberté. « On ne regrette jamais ce que l'on n'a jamais eu » comme le dit la Boétie. le tyran peut aussi prétendre que son pouvoir d'accéder au trône provient de droit divin, ce qui lui confère une aura quasi sacrée. le peuple crédule alors n'osera pas le contredire. C'est pour ces deux raisons que la monarchie absolue a durée aussi longtemps en France.


2° cas : le tyran utilisant la force des armes.
Le peuple a une fâcheuse tendance à oublier assez vite la liberté qu'il avait avant le tyran, et avec elle s'en va la vaillance et le courage. Il se laisse ainsi aller aux nouvelles coutumes.
Pour encore mieux endormir et abêtir la masse, le tyran est capable de construire des bordels, des tavernes, des théâtres et toutes sortes de loisirs dans lesquels le peuple pourra oublier pour un moment sa condition. Une forme d'opium du peuple en quelque sorte.

Le tyran est souvent soutenu par quelques personnes attirés par la lumière, quatre ou cinq personnes maximum, qui sont voués aux basses besognes. Ces sbires, entre eux, se craignent car il ne peut y avoir d'amitié dans la cruauté et dans les interstices du pouvoir. Ceux-ci feront tout pour plaire à leur tyran bien qu'ils en aient aussi très peur car il a droit de vie ou de mort sur eux. Mais ces quatre ou cinq personnes ont sous leurs ordres au moins six cents hommes qui contrôlent les différentes régions du territoire, et ces six cents possèdent six milles soldats. Tous ces gens-là sont uniquement appâtés par l'argent et un semblant de pouvoir. C'est un fil d'Ariane qu'on ne cesse de dérouler sans jamais parvenir à en voir le bout.

Bien sûr, le tyran, entouré d'un tas de courtisans prend bien garde de les tenir les uns par les autres pour éviter tout complot.


3° cas : le tyran par succession de famille.
Celui-ci rejoint les deux cas précédents dans la perpétuation filiale de la tyrannie.


C'est un texte fondateur et précurseur de la résistance passive, un texte que l'on peut ranger à côté de la « Désobéissance civile » de Thoreau.
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Depuis l'Antiquité et même depuis la nuit des temps, certains êtres, mégalomanes, psychorigides, pervers narcissiques, sociopathes et autres se sont institués tyrans de leurs tribus ou de leurs peuples. Comment ces derniers ont-ils accepté et même recherché cette domination ? Et pourquoi, en échange d'une sécurité illusoire sont-ils satisfaits de vivre soumis et ne craignent-ils pas de perdre leur bien le plus précieux, leur liberté ? Chez l'humain, l'instinct grégaire est si prégnant que s'il imagine qu'une majorité de ses concitoyens se comporte d'une certaine façon, il doit s'y conformer pour ne pas être rejeté par le troupeau. Ainsi nos maîtres n'ont-ils de pouvoir que celui que nous voulons bien leur accorder. Si tous les pouvoirs sont réunis dans les mains d'un seul individu, il doit cependant disposer d'une sorte de garde rapprochée, généralement composée de quelques personnes viles et corrompues, pour diffuser ses ordres. Ce premier cercle passe le relais à un second d'aussi médiocre qualité, mais qui représente quelques dizaines de personne. Et le processus se poursuit avec un troisième cercle plus étendu, puis avec un quatrième, un cinquième, etc. Sans tout ce réseau de connivence et de complicité, rien ne fonctionnerait. le tyran sait que tout le monde le déteste, mais que, tant que le peuple reste consentant, sa domination est assurée.
Ecrit en 1546 ou 1548 par un jeune étudiant en droit ami de Montaigne, « Discours de la servitude volontaire » est un essai socio-politique majeur qui étonne par son intemporalité et sa modernité. Les découvertes de Bernays et autres sur la fabrique du consentement, sur la manipulation des foules (Le Bon) et sur les techniques de propagande ne feront que confirmer ce « discours » d'une étonnante sagesse et d'une remarquable finesse d'observation. L'auteur ne fait pas référence à son époque troublée (guerres de religion), mais à l'histoire en général et à l'Antiquité romaine qu'il connait particulièrement bien. Il cite, entre autres, les cas de Néron et Jules César qui finirent plutôt mal, mais qui, paradoxalement, furent très regrettés par le peuple. À croire que ce dernier était et est toujours un peu maso ! La « traductrice », c'est-à-dire l'adaptatrice, Séverine Auffret, ayant parfaitement su transposer ce texte essentiel en français moderne, contrairement à des versions plus anciennes, le résultat obtenu permet une lecture aisée et parfaitement compréhensible que l'on ne peut que conseiller à qui veut mieux comprendre notre époque, aussi étrange que cela puisse paraître !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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