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sur 6002 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Princesse de Clèves pourrait se résumer en une question : pourquoi ?
Pourquoi la Princesse n'épouse-t-elle pas M. de Nemours une fois libre ?
Pourquoi fait-elle au Prince de Clèves« un aveu que l'on n'a jamais fait à son mari » ?
Cette histoire est celle de l'amour, de la frustration et du bonheur.

Une remarque importante avant de commencer, et applicable à tous les romans d'avant le XXème siècle ou presque : pour bien les comprendre, il faut systématiquement remplacer le mot « vertu » par « bonheur ».
Dans l'Ancien Régime, la vertu, la bonne conduite morale, revêt une importance cruciale, qui nous paraît dépassée aujourd'hui, alors qu'elle est toujours d'actualité, mais sous un autre nom : le bonheur.
Héritage direct de la Grèce antique et du christianisme, pendant plusieurs siècles, la vertu et le bonheur ne faisaient qu'un. Fidélité, charité, obéissance, la vertu était à la fois le chemin et l'origine du bonheur. L'intelligentisa de l'époque en a longuement discuté, car cette définition n'est pas exempte de contradictions. Aujourd'hui encore on n'a point cessé d'en parler, et pléthore de modes d'emploi du bonheur sortent chaque jour : Confucius ou Bouddha revus par les modernes, pleine conscience et autres méthodes de relativisation.
Cette définition suffit peut-être seule à expliquer La Princesse de Clèves.

Cette jeune fille sans prénom aspire profondément au bonheur, et rares sont les héroïnes qui ont comme elle résisté à la passion alors que le chemin devant elle était libre.
Ce n'est pas le poids de la culpabilité qui retient la Princesse, mais une grande sagesse, et la connaissance de l'âme humaine, acquises grâce à toutes les histoires d'amours malheureuses qui lui ont été rapportées. La Princesse refuse M. de Nemours, car elle craint l'inconstance des hommes, et préfère encore se priver d'amour qu'y céder, pour ensuite le perdre irrémédiablement. On regrette moins ce que l'on n'a jamais connu.

D'un autre côté, se priver du bonheur pour s'assurer de ne jamais ressentir la douleur de le perdre est-il un risque qui en vaut la peine ? Car la Princesse finit sa vie seule, et meurt jeune, sans avoir jamais été véritablement heureuse.
Sous ses dehors moralisateurs, ce livre n'est-il pas un conseil caché, celui de céder à la passion, car elle mérite d'être connue ? Céder à la passion, pour ne pas avoir vécu en vain, et ne pas mourir sans un souvenir joyeux.
Et l'histoire de la Princesse nous est rapportée, de même que des histoires lui sont contées, pour que nous ne commettions pas la même erreur qu'elle.
Le pauvre Prince de Clèves est aussi bien à plaindre, qui aime sans être aimé, et meurt de le savoir.
Une énième preuve que l'amour est la clé du bonheur, et que l'absence d'amour est le pire mal qui soit.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Sans aucun doute un de mes classiques préférés, il m'a beaucoup marqué lorsque je l'ai lu. Malgré une lecture qui peut paraître pénible dans la mesure où nous sommes dans un vocabulaire précieux, l'histoire m'a fait passer outre ce détail. On se laisse rapidement emporter dans l'histoire tumultueuse et enivrante entre Nemours et la princesse.
Nous avons là une princesse qui jusqu'à la fin du roman . En tout cas je conseille vivement ce grand classsique, Madame de Lafayette à accompli un chef d'oeuvre littéraire par son style d'écriture mais aussi le fils conducteur de l'histoire!
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sublime roman lu dans ma jeunesse lycéenne!
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La lecture de cette histoire d'amour classique a été une expérience plaisante. Bien que j'aie dû relire la moitié des conversations pour les déchiffrer et bien comprendre, je me suis vraiment amusé. La langue est belle et, de temps en temps, même imposante.

Les premiers pages comprennent beaucoup de noms de personnages historiques. On y trouve Henri II, la duchesse de Valentinois, le connétable de Montmorency, la reine et la reine dauphine, et cetera. C'est pour ça que j'ai recherché fréquemment des informations sur le contexte historique de cette époque. J'ai aussi dû faire un petit panorama pour comprendre toutes les relations amicales et hostiles entre les personnages les plus importants à la cour d'Henri II. J'aime mon iPad ! C'est ainsi que ma lecture de ce roman classique a rapidement changé en une leçon d'histoire bien intéressante sur la France du XVIe siècle. C'était une expérience formidable !

D'ailleurs, je trouve le récit plutôt facile à lire, à l'exception des conversations. Les échanges verbaux sont compliqués, les phrases sont longues et plein de tournures surprenantes. La courtoisie du XVIe siècle n'est pas du tout adaptée à notre époque de Twitter.

J'ai lu l'édition bon marché de Librio. Pour une petite somme de 2 euros, qui ne suffit plus à acheter une tasse de café, on peut passer une soirée très, très agréable.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Mme de Lafayette parle de l'éclat avec lequel la magnificence et la galanterie n'avaient jamais paru en France, mais vraiment elles n'avaient jamais paru qu'en le moment qu'elle a écrit ce roman.
Le roman nous raconte la relation entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours. Quand l'amour devient insupportable, la princesse fera un aveu à son mari qui a changé l'histoire du roman moderne.
La princesse de Clèves est un roman fantastique, inséré dans une époque fascinante de la littérature française. D'ailleurs, on dit que c'est le premier roman français, quoiqu'il y a les romans de Chrétien de Troyes. Ce roman n'est pas réellement le premier, mais c'est le premier roman avec des traits qu'on peut appeler moderne.
La précision narrative et la profondeur de l'analyse psychologique sont les instruments principaux que l'auteur utilise à la construction du roman. Même le roman peut devenir un peu lourd si on n'est pas habitué à l'écriture baroque de la Préciosité.
Quoi qu'il en soit, nous considérons ce roman une lecture obligatoire pour connaître la littérature française. Absolument nécessaire.
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Procédons par ordre, j'étais en flippe totale avant même de commencer ce livre, pour deux raisons :

1/ J'ai horreur de la romance. Compliqué pour cette lecture n'est-ce pas ?! Je me disais donc un roman d'amour écrit à cette époque doit être tellement romantique que je vais avoir envie de le refermer à toutes les pages !
2/ de plus, cette époque littéraire est marquée par une lenteur gargantuesque des actions… Donc les deux alliés… Lenteur et romantisme : je me voyais déjà (…en haut de l'affiche… Ah non pardon !) endormie les lunettes de travers et le livre mis de côté !!!

C'est donc avec ces horribles a priori que je me suis lancée dans les premières lignes, dubitative et peu coopérative comme vous avez pu le constater. Mais, je ne savais pas que c'était une magnifique rencontre littéraire qui m'attendait…
Bien que je rejoigne l'avis de Nath sur la description des personnages parfois un peu soporifique, j'ai en revanche été de suite happée par l'univers et la période qui m'ont replongée dans mon 1er semestre d'histoire. du coup, j'ai pu vite me repérer sur ces fameux personnages qui font la Cour sous Henri II et j'ai adoré les voir en scène sous la plume de Madame de Lafayette. Oui, la rencontre commence comme ça, par « les brèves de Cour » (comme on dirait les brèves de comptoirs de nos jours) incroyablement bien menées et mises en relief, puis, elle se poursuit par la beauté du langage.
Pour m'expliquer un peu plus, ce que j'ai particulièrement aimé est le début du canevas sur réalité historique et l'ajout fin de l'héroïne fictionnelle – comme la cerise sur le gâteau – et de son Duc qui donne à l'histoire d'amour une portée authentique malgré la fiction. Ainsi que la description des comportements sociaux de l'époque et bien sûr, l'analyse de la passion. C'est d'ailleurs dans cette analyse que je me suis envolée avec les mots de Madame de Lafayette… Les phrases sont simples, puissantes et bourrées d'élégance, une élégance malheureusement perdue dans nos romans contemporains. En bref, sa plume m'a bouleversé, au point, que je relisais parfois certaines phrases plusieurs fois tellement j'étais submergée par leur beauté et leur poésie. Ivre de mots, je me suis régalée avec cette oeuvre.
Enfin, on ne peut lire ce livre sans en souligner les notions de dignité, de vertu, de droiture et de sacrifice dont fait preuve Mme de Clèves en combat contre elle-même. Malgré son amour, ou « inclination » qu'elle ne peut contrôler, elle décide de s'éloigner de son prince pour ne pas salir la mémoire de sa mère et de son feu mari. Mais bien que ses intentions soient pures, on voit aussi apparaître la peur de l'abandon cachée sous ses excuses qu'elle met en avant. On assiste donc non seulement à l'analyse de l'amour mais aussi à celle – universelle – de la peur de la perte de l'autre, de l'attachement affectif et du pouvoir donné à un tiers par celui-ci. de la peur d'aimer et d'être aimé entrainant forcement par sa naissance celle d'être désaimer, de souffrir et d'être dupé. Quelle conclusion en tirer : pure altruisme que la décision de Mme de Clèves ou égoïsme dissimulé ?! Peut-être de l'altruisme égoïste ! Mais passons le débat philosophique 🙂
Pour conclure, je dirais que ce classique mérite d'être lu, relu et étudié. Que ce soit d'un point de vue littéraire, historique ou social, il répond à toutes les attentes. Et de mon côté, je pense que ma PAL va vite se retrouver peuplée d'écrits de Madame de Lafayette qui se verront dévorés en aussi peu de temps qu'il n'en faut pour dire « Sa Majesté » !
Lien : https://leslecturesdeninablo..
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Une autrice, écrivaine, une femme me parle d'un temps ou l'histoire ne retiens que les voix et l'action des hommes. Une femme qui ouvrira la voix a de bon écrivain du XIXème siècle.
En la lisant, je pense à Ada Lovelace ou Hypatie d'Alexandrie et tant d'autres, qui nous rappelle de ne pas oublier la moitié de l'humanité dans les affaires humaines !

Madame de la Fayette me le rappelle souvent, apr sa belle écriture !
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Il faut être surpris pour aimer.'Je serais incapable de devenir amoureux d'une personne avec qui je serais accoutumé et, si je ne puis être surpris d'abord, je ne puis être touché. Je crois que les inclinations naturelles se font sentir dans les premiers moments et que les passions qui viennent que par le temps, ne se peuvent appeler de véritables passions', nous confie Mme de la Fayette dans Zaïde.
La curiosité s'agite, le coeur se tait.
Que pourra faire Cordelia? Aimer et se taire.
Le repos, c'est une mort volontaire. Les passions qui nous divertissent font aussi notre malheur.
Le besoin de remuement pascalien, à défaut de pouvoir rester tranquille, en repos dans une chambre.
Nous aimons ces tourments, car 'le repos entier est la mort'.
La Princesse de Clèves choisit cette mort volontaire... la fuite, le retrait, la retraite, la sauvegarde.
La sublimation existe, dit Michaux. Non est un meurtre sublimé.
La vertu ne serait-ce alors qu'une stratégie de défense, de légitime défense, inspirée par la seule crainte des passions? Un réflexe de protection déclenché par des peurs anticipatives mais improbables...
La querelle des anciens et des modernes. Georges Sand versus Mme de La Fayette.
Les désordres de l'amour et le choix de la Princesse de Clèves/Mme de la Fayette, alias Marie-Madeleine Pioche de la Vergne.
De ce choix, de ce sentiment de résistance naît le vertige, l'immense désir de tomber. A mesure que l'on a plus d'esprit, les passions augmentent, nous rappelle Pascal dans son Discours sur les Passions de l'amour.
Mme de la Fayette, donc la passionnée.
Son repos? ses deux graves soucis: la littérature et l'amour.
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Hier au aujourd'hui . Demain et pour toujours.
Ce livre reste un de mes meilleurs romans. C'est fou de lire un livre , comme s'il était écrit/fait pour vous . C'est le miracle de la littérature : comment expliquer qu'un livre écrit 4 siècles plus tôt vous décrive avec tant de similitudes ? Dixit , les idées ne meurent jamais . Suis-je donc une idée ? =)
Cette pudeur , lumière incandescente , était "notre roman" . Duc de Némours ou Prince de Clèves , abnégation ou exaltation amoureuse ? Une ambiguÏté parfaite du début jusqu'à la fin , qui définissait notre anciene relation . J'étais surnommé " Clèves" .Un 31 décembre il devait me lire " J'ai tant rêvé de toi " , le prélude était : .... à Clèves . J'en garde un souvenir inoubliable (de ce livre et ce garçon : notre histoire était inoubliable , comme dans un roman , faite de paradoxes , de rebondissements , de mélancolie et de chimères ).

" L'homme charnel est un oiseau volatile . Parlez-moi d'amour , parlez-moi d'éternité "
" En fait d'amour , vois-tu , trop n'est pas même assez."
" On ne badine pas avec l'amour. "
Au pays de Jadis et Naguère
PS : Je voulais mettre 5 étoiles mais j'ai maladroitement cliqué sur 4 étoiles !
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Roman exemplaire, premier roman au sens moderne, roman classique par excellence… Il faut lire et relire La Princesse de Clèves !

Mme de la Fayette destinait ses oeuvres à un lectorat essentiellement féminin, plutôt aristocrate et précieux et n'osait pas signer de son vrai nom ses récits romanesques en prose à une époque où ce genre était encore un peu méprisé : avouer un roman aurait été une grave compromission pour cette femme savante, ancienne élève du grammairien Ménage, amie d'Henriette d'Angleterre, de Mme de Sévigné et De La Rochefoucauld.
La Princesse de Clèves paraît donc anonymement en 1678 ; ce roman historique à l'analyse subtile a rapidement connu un grand succès et a été traduit en anglais seulement un an après sa publication. Il faut dire que ce récit marque une vraie rupture avec toute la tradition véhiculée par Honoré d'Urfé, Melle de Scudéry ou encore Scarron : c'est une oeuvre beaucoup plus courte, avec assez peu de personnages et d'une redoutable efficacité dans l'écriture. L'intrigue amoureuse s'enchâsse dans un récit précisément daté, en 1558-59, et compte des personnages référentiels et des évènements avérés connus de tous ; cette dimension historique donne une caution sérieuse et réaliste aux personnages qui s'appuient sur les évènements pour vivre leurs histoires amoureuses.

Aujourd'hui, nous trouvons les personnages un peu trop idéalisés, uniformément beaux et nobles de coeur et d'extraction et nous avons un peu de mal à nous situer dans la Carte du Tendre entre reconnaissance, estime et inclination. Disons que l'intérêt primordial réside dans l'analyse des progrès et des effets désastreux de la passion dans la grande âme de l'héroïne. Tout commence par un véritable coup de foudre dès la première rencontre entre la princesse et le duc ; croyant que ce dernier a une liaison avec la dauphine, le princesse souffre de jalousie, réalise qu'elle est tombée amoureuse et réussit cependant à cacher cette inclination. Mais les péripéties s'enchainent avec le vol du portrait, le quiproquos de la lettre au Vidame et l'accident de cheval du Duc, et mènent la princesse à l'aveu. L'intrigue est servie par une écriture recherchée, des personnages travaillés dans une forme d'exemplarité
L'aveu constitue le noeud thématique du récit : c'est une péripétie assez extraordinaire, longuement amenée, préparée et en quelque sorte justifiée par l'auteure. Cette logique narrative nous embarrasse encore aujourd'hui comme elle a pu interroger les lecteurs contemporains ; cet aveu reste un mystère dans le refus du compromis dans une ambiance de cour, d'influences et d'intrigues féminines. La princesse apparaît anormalement vertueuse au milieu des tentations de la vie de cour. Face à cette femme admirable, le duc de Nemours se cantonne dans un rôle de héros galant, qui fait sa cour de manière discrète mais empressée, ne laissant aucun répit à la femme aimée ; la princesse a sans doute raison de refuser un amour qui, tôt ou tard, l'aurait déçue...
Les conséquences de l'aveu sont désastreuses pour le prince de Clèves, miné par la jalousie ; une méprise lui fait croire que son épouse a pu lui être infidèle et il meurt, victime collatérale de cet aveu qu'il aurait préféré ne jamais entendre.
L'influence de Corneille est sous-jacente : la princesse possède une grande volonté stoïque et sait rester lucide car elle est consciente de sa condition et de son devoir… Mais Racine n'est pas loin avec les ravages de la passion tandis que l'ombre janséniste teinte l'ensemble d'un pessimisme inévitable. Victime de son sentiment de culpabilité, la princesse est persuadée qu'elle n'a pas le droit d'être heureuse

Personnellement, ce roman me fascine et me provoque à chacune de mes lectures… Pourquoi l'héroïne a-t-elle peur de l'amour ? À quoi renvoie sa façon de fuir le bonheur ? L'analyse des sentiments des trois personnages principaux est très subtile et laisse tout un éventail de possibilités.

Les moeurs galantes du XVIème siècle, loin de provoquer un décalage défavorable à un intérêt toujours actuel, laissent une place à l'imaginaire et à la morale des contes de fées quand les héros cultivent une forme d'innocence et des valeurs de sincérité et de modestie dans des univers impitoyables.
Je recommande encore et toujours ce roman qui pousse l'introspection à ses ultimes limites, dans une intimité rare entre l'auteure, son personnage et ses lecteurs. Quel était donc le but de Mme de la Fayette en livrant cette histoire à la postérité ?
À lire et à relire.
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Quand elle commença d'avoir la force de l'envisager, et qu'elle vit quel mari elle avait perdu, (...)______ qu'elle eut pour elle−même et pour monsieur de Nemours ne se peut représenter.

l´haine
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