Je la trouvais très belle, mais je n’ai pas eu le temps de le lui dire. Je sentais son souffle sur mon visage et elle a humecté ses lèvres. Notre baiser, timide, hésitant, est devenu vorace. Avec un balancement de son corps, elle m’a attiré.
Je ne cherche ni aventures ni émotions. Je recueille une buée, une sensation, qui se condense et s’égoutte dans ma tête. Le titane est si froid certaines nuits.
Avant l’aube, il m’arrive de prendre ma bicyclette. Je vais là où les étoiles dégringolent en grappes dans la mer. J’attends que le soleil ressuscite au-dessus des flots.
J’ai vingt-neuf ans ; je suis en quelque sorte célèbre, mais personne ne me connaît. J’appartiens à la catégorie des écrivains de l’ombre, « des nègres littéraires », comme on dit. Un anonyme qui écrit pour ceux dont le nom est devenu une marque commerciale.
J’étais un « nègre », quelqu’un qui écrivait pour les autres. On m’a trépané et je suis venu ici pour essayer de trouver l’inspiration, d’écrire un livre qui m’appartiendrait.
Je pensais aux seins de Sansa. J’imaginais ses jambes autour des miennes, et je voyais la mer resserrée entre les rochers, le sable et son halo de lumière aveuglante.