Il paraissait plutôt périlleux de vouloir tirer une pièce de théâtre d'"
Eugénie Grandet", le chef d'oeuvre
De Balzac. En 1913, le théâtre des Arts, à Paris, avait représenté une adaptation dramatique réalisée par
Albert Arrault.
En 1919, l'Odéon inscrivit ce morceau de théâtre à son répertoire.
Mais il faudra attendre le début de l'année 1937 pour que ce même théâtre de l'Odéon, second théâtre national, ressorte cette pièce de l'oubli et lui redonne vie sur scène.
Ce 408ème numéro de "
La Petite Illustration" en retranscrit le texte intégral et quelques photos prises lors de cette nouvelle représentation en février 1937.
Albert Arrault n'a rien transformé de la trame romanesque, sinon quelques détails habilement déplacés.
Il a réalisé une adaptation scénique très adroite. Il a construit un drame attachant, émouvant et parfaitement équilibré.
Mais le Théâtre a ses exigences. Il fallait simplifier et pour cela l'auteur dramatique a dû resserrer l'action.
Pourtant il a réussi à restituer l'essentiel de la substance psychologique du roman et de l'histoire.
Cette pièce n'a pas vieilli. Elle ne peut pas vieillir. Elle se situe en dehors des modes et des chefs-d'oeuvre arrangés au goût du jour.
Patronnée à ses débuts par la "Société des Amis de
Balzac", elle fut, à la suite de sa répétition générale, salué par tous admirateurs du grand écrivain.
"
Balzac a lancé dans la vie un monde qui ne lui appartient plus.
On ne peut demander qu'
Eugénie Grandet, par exemple, soit enfermée dans le livre comme dans une châsse, pour le seul régal des initiés, et ne puisse être dévoilée au grand public.
Celui-là au retour du spectacle, lira le livre qu'il n'aurait peut-être jamais lu et replacera les personnages entrevus dans leur cadre éternel".
Aujourd'hui, le rideau tombé depuis de nombreuses années, il reste la retranscription écrite de la pièce qui fait comme un écho à ce moment magique passé fugitivement sur la scène de l'Odéon.