L’invocation n’est pas une formule inerte. C’est ce par quoi je fais passer en l’autre la foi qui est la mienne. […] C’est [aux signifiants] que l’invocation s’adresse, et c’est pourquoi je pense que le terme d'invocation est propre à désigner la forme la plus élevée de la phrase, où tous les mots que je prononce sont de vrais mots, des voix évocatrices auxquelles chacune de ces phrases doit répondre, l’enseigne de l’autre véritable.
Leur délire, ils l’aiment, les psychotiques, comme ils s’aiment eux-mêmes.
Le je a une nature essentiellement fuyante, qui ne soutient jamais totalement le tu.
La promotion du signifiant comme tel, la venue au jour de cette sous-structure toujours cachée qu’est la métonymie, est la condition de toute investigation possible des troubles fonctionnels du langage dans la névrose et la psychose.
Toute appréhension humaine de la réalité est soumise à cette condition primordiale –le sujet est à la recherche de l’objet de son désir, mais rien ne l’y conduit.
Une parole vous engage à la soutenir par votre discours, ou à la renier, à la récuser ou à la confirmer, à la réfuter, mais plus encore, à vous plier à bien des choses qui sont dans la règle du jeu.
Il arrive que nous prenions des pré-psychotiques en analyse, et nous savons ce que cela donne - cela donne des psychotiques. […]
Quelque fois il s'agit d'une très petite tâche de prise de parole [qui déclenche la psychose], alors que le sujet vivait jusque-là dans son cocon, comme une mite.
C’est par la voie d’un conflit imaginaire que se fait l’intégration symbolique.
« Il y a tout de même une chose qui échappe à la trame symbolique, c'est la procréation dans sa racine essentielle - qu'un être naisse d'un autre. La procréation est, dans l'ordre symbolique, couverte par l'ordre instauré de cette succession entre les êtres. Mais le fait de leur individuation, le fait qu'un être sorte d'un être, rien ne l'explique dans le symbolique. Tout le symbolique est là pour affirmer que la créature n'engendre pas la créature, que la créature est impensable sans une fondamentale création. Dans le symbolisme, rien n’explique la création.
[…] Il y a en effet quelque chose de radicalement inassimilable au signifiant. C'est tout simplement l'existence singulière du sujet. […] Le signifiant est incapable de lui donner la réponse, pour la bonne raison qu'il le met justement au-delà de la mort. Le signifiant le considère déjà comme mort, il l’immortalise par essence. […]
Comme telle, la question de la mort est un autre mode de la création névrotique de la question, son mode obsessionnel.
Il peut y avoir un signifiant inconscient. Il s’agit de savoir comment ce signifiant inconscient se situe dans la psychose.