Son humour est apprécié et des exemples nous en sont communiqués dans ses écrits. Par exemple, dans son Journal de Sherbrooke tenu entre 1922 et 1937, il écrit en date du 5 avril 1922 : « Vu, au Cinéma, “La Lumière éternel (sic)” dont on parle tant. On dirait un musée de cire en mouvement. Je suis resté jusqu’à la fin; mais je fus ravi de voir le Christ soulevé vers le ciel, d’ou (sic) il reviendra pour juger le “Cinéma” et ses nouveaux bourreaux. (sic) », ou encore, le lendemain, 6 avril : « L’Hon J. N Francoeur Président de l’Assemblée législative, me fait savoir, par une aimable lettre qu’il se trouve beaucoup trop âgé (sic) dans son portrait. Il paraît que tout le monde le trouve aussi même des connaisseurs. On le rajeunira plus tard. »
Bibliothèque Saint-Sulpice. Il s’agit de la seule exposition d’importance du vivant de l’artiste. Elle regroupe 40 oeuvres, dont plusieurs récentes comme Cumulus bleu, 1913, Pommes vertes, 1914-1915, et Le pont de béton, 1915. En 1921, il publie une brochure sur le décor de Leduc pour la chapelle du Sacré-Coeur de l’église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End (Montréal) et, en 1938, alors qu’il est recteur de l’Université de Montréal, il lui fait décerner un doctorat honoris causa. Leduc n’est pas en peine et il réalise entre 1918 et 1924 des portraits dessinés et peints de son ami.
La popularité de Leduc et la diversité de son œuvre le font remarquer d’adeptes de groupes idéologiques opposés qui interprètent différemment son message. Autant sa recherche symboliste intéresse les jeunes intellectuels, autant ses sujets à caractère rural sont lus par l’élite clérico-nationaliste comme un éloge des valeurs qu’elle défend tournées vers le terroir et la définition de la nation canadienne-française. Leduc ne semble pas se formaliser de cet écartèlement ni vouloir se positionner politiquement.
Entre 1887 et 1900, Leduc réalise quelques portraits, ceux de ses parents et du maître d’école Galipeau, et il explore le genre de la nature morte en prenant comme sujet des objets tirés de son environnement immédiat. Nature morte aux livres, 1892, lui vaut le premier prix pour un artiste de moins de trente ans qui n’est pas membre de l’Académie royale des arts du Canada (ARC). Ses natures mortes exposées à l’Art Association of Montreal (AAM), dont Nature morte, violon, 1891 (disparue), Nature morte, livres, 1892, Nature morte, livre et crânes, 1895 (disparue), reçoivent l’attention de la critique et sont acquises par des amateurs d’art.
À partir de 18 ans, selon la tradition orale, Leduc est engagé comme peintre de statues pour l’atelier de Thomas Carli (1838-1906) qui réalise des sculptures en plâtre. En 1886, il devient l’apprenti de Luigi Capello (1843-1902), peintre décorateur d’églises, dont celle de Saint-Rémi. Originaire de Turin, Capello a épousé en 1881 la cousine germaine de Leduc, Marie-Louise Lebrun (1859-1939), et il réalise la commande d’un panorama représentant l’intérieur de la cathédrale Saint-Pierre de Rome (disparu) auquel collabore Leduc. Au cours de la même année, Leduc décore la chapelle Saint-François-Xavier de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré (détruite).
Les meubles anciens du Canada français
Jean Palardy
Nathalie Chauvin, Laurier Lacroix, Olivier Perreault-Jacques et Pierre Wilson témoignent de l'importance de l'ouvrage Les meubles anciens du Canada français pour le développement de la connaissance historique.