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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dany Laferrière a une écriture « bavarde ». Il avoue aimer profondément les mots et en effet il se les approprie et s'en sert de manière extrêmement détaillée, avec le talent de rendre bien vivantes des ambiances et des émotions.

Dans le Cri des oiseaux fous il s'attarde longuement sur les des dérives de la dictature de la terreur en Haïti qui le contraint à quitter son pays sous menace de persécution.
Il défend et dénonce les abus du pouvoir, devenant ainsi l'ennemi de l'état.
L'exil est la seule solution !

Ce roman autobiographique qui raconte sa dernière nuit avant l'exil repasse en revue le passé et le présent d'un pays et d'une génération gangrenés par les dégâts de la vie sous la dictature.
La faim, la peur et l'urgence l'ont formé !
Dans cette nuit en accéléré qui semble durer une vie, le romancier se livre avec une grande sensibilité, reproduisant avec puissance le climat de cauchemar éveillé qu'il a vécu depuis sa plus tendre enfance.

Rien n'est cousu de fil blanc. C'est romanesque, effrayant et beau à la fois. La narration de Dany Laferrière est très créative et envoûtante.
Il oscille souvent entre la douceur des souvenirs empreints de mélancolie et la peur de cet avenir inconnu auquel il se prépare, laissant derrière lui des lambeaux de lui-même.

J'adore lorsqu'un roman me pousse à approfondir mes connaissances sur un pays, une époque, une façon de vivre et d'y aller plus loin dans l'exploration du sujet.
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Une nuit à déambuler dans les pas de Marcus rongé par le doute, la tristesse et la colère, dans les rues de Port-au-Prince, alors qu'il vient d'apprendre la mort de son ami Gasner, un jeune journaliste, un peu trop fougueux peut-être et que les dangers peuvent venir de partout dans cette ville. Dans cette dictature ubuesque, la mort est souvent le prix à payer pour vouloir que les gens soient bien informés de ce qui se passe dans leur pays.
Marcus est un rêveur dans un pays où l'on n'aime pas les rêveurs. Il refuse la fatalité, refuse de se limiter à discuter de la dictature et du pouvoir qui ne s'intéresse qu'à sa survie, ne veut pas attendre la fin du régime pour vivre. « Je m'agenouillerai devant aucun dieu. Je suis un prince sans terre ni couronne. Ma vie se passe maintenant. » Marcus est certainement sur la liste des hommes à abattre, alors il lui reste une dernière nuit avant la fuite, avant l'exil incontournable. Papa Doc avait chassé son père, Baby Doc le chasse à son tour.
Une nuit pour nous délivrer ses pensées, ses frustrations, il nous confie ses envies, ses idées, ses lubies ; nous sommes dans sa tête, dans ses émotions, dans son coeur, dans ses rêves. Au fur et à mesure que la nuit avance, ce sentiment d'injustice qui ronge Marcus nous gagne, nous happe, nous emprisonne. Les bassesses du pouvoir, l'absence de libertés, de droits, d'humanité nous sautent au visage, et une envie de révolte nous saisit.

Merci Monsieur Laferrière. Comme j'ai aimé le paragraphe sur les mots ! Votre livre est riche d'enseignement. Puisse la situation en Haïti devenir moins chaotique. Il serait temps que l'état d'Haïti devienne un état de Droit. Droit aux libertés fondamentales et à la justice sociale. Droit de vivre sereinement et librement.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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C'est avec ce cri des oiseaux fous que je fais mon entree dans les romans de Dany Laferriere. Laferriere est un auteur Haitien exile a Montreal, qui avec ce « cri des oiseaux fous » signe (au dire du 4eme de couverture) le 10eme titre de son autobiographie. Ce « cri » nous raconte la derniere journee de Laferriere, alias « Vieux Os », a Haiti, avant son depart pour Montreal. Au travers des quelques trois cents pages de ce roman (en edition poche), Laferriere nous donne a decouvrir Haiti dans les annees 70, sous la dictature de Jean-Claude Duvalier, alias « Baby Doc » et fils de son dictateur de pere, Francois Duvalier (Papa Doc). le roman s'ouvre sur la mort du meilleur ami de Laferriere, un journaliste de 23 ans – comme lui- nomme Gasner dont le meurtre a ete organise par le gouvernement, et tue sans doute par les tontons macoutes. S'en suit une « visite » de Haiti, et en particulier de Port-au-Prince ou l'on voyage en « tap-tap » et ou on ecoute le peuple discuter du prix de la vie et de la politique, ou les plus riches « sertissent » la montagne noire de leurs villas comme si il s'agissaient de diamants, et ou la bourgeoisie et les escrocs de tous poils resident dans le cossus quartier de Petionville. le livre melange le portrait de Haiti au travers des yeux de « Vieux Os » et l'autoportrait de Vieux Os. Un melange entre photographies, introspection et critique (pas uniquement destructive) de la societe Haitienne et surtout de son pouvoir sanguinaire. le livre n'est pas uniquement un temoignage romance des horreurs qui ont secoues Haiti, mais aussi un voyage dans les pensees d'un jeune homme, conduit comme son pere qu'il n'a pas connu, a l'exil. Vieux Os livre aussi une part de ses sentiments et de l'urgence d'exprimer ceux-ci (declarer sa flamme a Lisa … son veritable amour) a l'aube de l'inconnu.
Malgre quelques longueurs, le sentiment que le timing ne fonctionne pas trop (mais est-ce vraiment un probleme … que tous ces evenements se deroulent en 1 jour ou en 5, il n'y a que peu de difference … sauf sur la question des sentiments), l'inutilite de certains passages pour l'action du recit (mais pas pour le temoignage !!), j'ai trouve ce livre tres reussi !
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Dans un taxi se tient Vieux Os, surnom original pour un jeune homme de vingt-trois ans, assommé par l'annonce du fait que son meilleur ami, journaliste libre-penseur comme lui, figure très connue à Port-au-Prince, vient d'être assassiné. La dizaine de passagers de ce taxi collectif partage son abattement à cette nouvelle. En réaction, la mère du jeune homme fait tout ce qu'elle peut pour lui obtenir un passeport, afin que, comme son père dix-huit ans auparavant, il prenne la route de l'exil. Il a vingt-quatre heures pour choisir de rester ou se préparer au départ, mais il est vital qu'il n'en parle à personne. Vieux os entame une tournée de ses lieux préférés pour voir ses amis.

Les premières pages donnent le ton du roman, avançant avec quelques digressions vers une annonce très forte, une nouvelle qui terrasse le narrateur, qui vient de perdre son ami très cher, tué sur une plage par une bande de tontons macoutes. le texte semble accuser alors une petite baisse de rythme, en revenant vers des événements plus anciens, mais ce sera en fait le même mode de narration tout au long, des sortes d'intermèdes entre des moments plus dramatiques.
Si à faire alterner les moments forts et les passages plus légers, à mélanger temps présent et souvenirs, l'auteur soulage le lecteur, évite le pathos, il court aussi le risque de le perdre un peu.
Toutefois, le tout se tient bien et réalise même le tour de force de faire durer le roman moins de vingt-quatre heures, pendant lesquelles il déroule les pensées de Vieux Os. Ce laps de temps correspond au temps passé entre le moment où il apprend la mort de Gasner, et le moment de son possible départ en exil. Il n'y a évidemment pas à proprement parler de suspense pour qui connaît Dany Laferrière, et devine les éléments autobiographiques nombreux qui se nichent dans ce roman, mais une tension certaine parcourt le texte.

Je ne dirais pas que ce monologue intérieur ponctué de rencontres et de dialogues ne possède pas quelques petites longueurs, j'avoue avoir faibli parfois, car il faut admettre que c'est une lecture assez exigeante. Ce texte est également un peu redondant par rapport à L'énigme du retour que j'ai lu il y a quelques mois, et dont j'ai préféré le style et la construction.
Toutefois les réflexions du narrateur sonnent juste, et ne manquent pas de profondeur, tout en traduisant parfaitement son jeune âge. J'ai beaucoup aimé son analyse de la culture, de la religion en Haïti, et même de l'importance de la grammaire sur fond de dictature, j'ai été très touchée par ses relations avec sa mère et sa grand-mère, par les liens d'amitié profonds qu'il a avec plusieurs camarades, un peu moins par ses amours juvéniles.
Je conseillerais ce roman à qui est intéressé par le thème, et qui voudrait découvrir Dany Laferrière, mais cet auteur est prolixe, et donc le choix très large.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Extrait de ma chronique :
" Ultime insurrection, ces pages vibrantes et empreintes de poésie qui occupent l'espace malgré la dictature, cet hommage au parfum des ilangs-ilangs, à la vie qui grouille, à la mer magnifique au-delà les déchets du rivage, à la grand-mère Da de Petit-Goâve, assise sur sa dodine une tasse de café à la main. Sensualité de la cuisine de poisson et bananes vertes des femmes de Brise-de-mer, sensualité de la grâce mouvante des jeunes filles de Pétionville, vibration de leurs corps et palpitation de leurs âmes, flamme de Sandra l'endiablée et douceur du coeur de Lisa qui s'endort. Dense nuit où dansent la musique des corps et des mots, l'amour du rythme et du jazz, qui traversent toute l'oeuvre de Dany Laferrière. du souvenir au spectacle du théâtre, du rêve qui s'étire et déforme le temps à la réalité planante qui l'accélère, de la noirceur de la nuit à la naissance du jour, le lecteur allonge le pas sur les traces de Vieux Os, opérant à son insu d'incessants allers retour du visible à l'invisible. Magie vaudou de cette écriture pulsatile placée sous l'égide de Legba le médiateur... Ce sont une grande sensibilité et une grande humanité qui animent Dany Laferrière, lui qui remet avec sagesse la contemplation au coeur du mouvement d'écrire.
Le Cri des oiseaux fous, qui n'était plus disponible depuis une dizaine d'années, s'impose comme une présence. (...)
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
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Contraint à l'exil, nous suivons la dernière journée de Dany Laferrière en Haïti. A l'instar d'un condamné à mort, il souhaite conserver les goûts, les couleurs, les odeurs et les souvenirs du pays qu'il n'a jamais quitté. On perçoit l'émotion de l'auteur mais également celle de tout un peuple qui vit sous le joug de la dictature. Ce livre ne traiterait pas d'Haïti si la présence des dieux vaudous n'était pas évoquée; dieux qui le guident jusqu'à la porte d'embarquement de l'aéroport car "les dieux du vaudou ne voyagent pas dans le Nord"
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Le récit touchant et instructif de la dernière journée de Dany Laferrière dans son Afrique natal. Une dernière tournée avant son exil...
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Il faut fuir Haïti, sinon risquer d'y perdre la vie. Voilà la terrible perspective qui s'offre à un journaliste haïtien. Sa mère le pousse à l'exil, mais avant de partir, il reste une dernière nuit à passer dans l'île. Et nous voilà partis dans différents quartiers de Port-au-Prince, la capitale, à la découverte de ses habitants, dans les quartiers chics, dans les quartiers pauvres, près des prostituées protectrices, des noceurs, mais aussi des terribles tontons macoutes... Une immersion complète dans la vie des Haïtiens. Quand j'ai eu fermé le livre, j'avais vécu la nuit avec le héros de ce livre : une découverte.
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Superbe, lecture très forte. Lire aussi "Les Immortelles" de Makenzy Orcel.
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