On marchande rudement au petit marché, quand on se contente, au supermarché, de payer le prix indiqué, sans discussion. Le client obéit au plus fort mais écrase le plus faible. C'est ainsi qu'il cherche à équilibrer son budget.
on retrouvera des corps près de la porte. Une valise à côté d'eux.
tout est dit dans cette image. Le temps de rassembler ce que l'on a de plus précieux : des bouts de tissu, de papiers, de photos... de souvenirs auxquels on tenait, et ce sont ces secondes de trop qui vous tuent...
La ville, durant cette première nuit, est occupée par une foule disciplinée, généreuse et discrète. Des gens déambulent sans cesse avec une étrange détermination. Ils semblent indifférents à la douleur qu’ils portent avec une élégance qui suscite l’admiration universelle. (…)
On s’étonne que ces gens puissent rester si longtemps sous les décombres, sans manger, ni boire. C’est qu’ils ont l’habitude de manger peu. Comment prendre la route en laissant tout derrière soi ? C’est qu’ils possèdent si peu de choses. (p. 26)
Si je repasse si souvent dans ma tête ces minutes qui précèdent l’explosion c’est parce qu’il est impossible de revivre l’événement lui-même. Il nous habite trop intimement. Aucune distance n’est possible avec une pareille émotion. C’est un moment éternellement présent. On se rappelle l’instant d’avant dans les moindres détails.
Deux groupes de gens se sont toujours côtoyés dans cette ville : ceux qui vont à pied et ceux qui possèdent une voiture. Deux mondes parallèles qui ne se croisent que lors d'un accident. C'est impossible de connaître son voisin quand on ne traverse le quartier qu'en voiture, se lamente une mère qui vient de perdre son fils. Elle ajoute que ce sont les pauvres du voisinage (elle traversait le quartier deux fois par jour sans jamais les voir) qui ont été les premiers à l'entourer quand elle a su que son fils était sous les décombres de sa maison. Pour une fois, dans cette ville hérissée de barrières sociales, on circule tous à la même vitesse.
La terre s'est mise à onduler comme une feuille de papier que le vent emporte.
Bruits sourds des immeubles en train de s'agenouiller. Ils n'explosent pas. Ils implosent emprisonnant les gens dans leur ventre. Soudain, on voit s'élever dans le ciel d'après-midi un nuage de poussière.
Il aura fallu un tremblement de terre pour que je partage une mangue.
Ce n est pas sain je crois de garder en son sein quel qu un qui vous Connait autant , qui a arpenté les moindres recoins de vie sans avoir auc une idee de son pays d origine .Cela ne suffit pas De regarder des reportages à la tele pour connaitre une culture.
J’apprendrai plus tard qu’il y a tant de morts que ce sera impossible de les enterrer individuellement. Le chiffre va augmenter à chaque heure jusqu’à qu’à prendre toute la place. Au point où on ne parle plus des morts mais du nombre de morts.
Mais pendant 10 secondes, ces terribles 10 secondes, j'ai perdu ce que j'avais si péniblement accumulé tout au long de ma vie. Le vernis de civilisation qu'on m'a inculqué est parti en poussière - comme cette ville où j'étais. Tout cela a duré 10 secondes. Est-ce le poids réel de la civilisation ? Pendant ces 10 secondes, j'étais un arbre, une pierre, un nuage ou le séisme lui-même. Ce qui est sûr c'est que je n'étais plus le produit d'une culture.