"La mort a deux visages, elle est double. Il y a celle qu'on donne et celle qu'on reçoit. J'ai été généreux." (P. 13)
Victor, le narrateur s'est engagé pour 300 jours aux côtés des phalangistes, contre les Palestiniens...nous sommes à Beyrouth, Beyrouth des années 70. Les plus anciens s'en souviennent, ces rues jonchées de gravats tombés des façades éventrées, ces cratères dans les rues, cette ville dans laquelle, jour et nuit les balles et obus fauchaient jeunes et vieux, chrétiens et musulmans...Attentats, enlèvements, exécutions sommaires...cette mort ne triait pas et frappait au hasard...des idéalistes comme Victor, ou des têtes brulées, contraintes de s'éloigner du monde civilisé pour des raisons qui leur appartiennent, combattaient aux cotés de Chrétiens ou des palestiniens... selon leurs sympathies ou leur religion.....une guerre de religion, une guerre tribale au XXème siècle à quelques heures d'avion de Paris !
Victor était berger en Espagne...;il lui reste 50 jours à faire pour être libéré de son engagement...Impossible de penser à prendre la fuite. Il sait ce qu'il risque...la balle ira plus vite que lui.
Il raconte sa guerre, cette guerre urbaine, à nos portes presque, une guerre pour laquelle il sera payé, au terme de son engagement. Il ne hait pas ses ennemis, il tue sans haine, pour exécuter la mission pour laquelle il est paye. il n'a pas honte de ce travail de cette mission . Il fait le boulot, un point c'est tout!
Son quotidien est simple, il doit protéger un tunnel qui mène vers la zone tenue par les Palestiniens, tunnel sombre emprunté tantôt par les Palestiniens qui partent attaquer le quartier chrétien, tantôt par les Chrétiens qui partent flinguer leurs ennemis...
Tunnel, sombre, dans lequel ils guettent les minuscules bruits qui indiquent la présence ennemie. Tunnel qui en fait, est un égout.
Alors entre deux attaques, ils boivent pour tuer la peur, et souvent on carbure au whisky, du coté chrétien, bien sûr, whisky qui donne assurance ou inconscience...les ennemis se connaissent et organisent même des trafics : les Palestiniens n'ont pas d'eau,, mais de l'électricité. Victor et ses amis ont de l'eau mais pas d'électricité...Alors entre gens "civilisés" on organise des échanges entre deux séances de tir des snippers!
Description bigrement troublante, de ces combats, de ces tirs, de cette peur, de cette atmosphère, de ces destructions, de ces attentats...Les plus anciens d'entre nous, retrouveront les images des journaux télévisés quotidiens. Descriptions bigrement troublante et précise, très précise de ces combats, de cette attente, de ces sites éventrés de cette peur, de ces relations entre soldats, de cette camaraderie, de ces actes de courage, des enlèvements pour financer les armes et aussi de cette chasse aux déserteurs, de ces blessures, de ces exécutions sommaires et aussi de cette fascinations pour les armes...si bien décrite!
Certes le plaisir, comme la peur, sont au rendez-vous de nombreuses pages, rien ne nous est épargné en matière de violence. Heureusement, il y a ces moments de calme, de camaraderie, de présence féminine !
Tous les lecteurs n'apprécieront peut-être pas.
Oeuvre de fiction littéraire, diablement documentée et précise...ou souvenirs autobiographiques? Je m'interroge...j'ai ma petite idée !
En tout cas, j'ai été séduit, et perturbé. Diablement perturbé
Je le suis toujours, mais heureux de cette découverte
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