AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 510 notes
5
46 avis
4
53 avis
3
28 avis
2
9 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Joseph est un ouvrier agricole, espèce en voie de disparition, célibataire, humble et observateur. C'est ce dernier trait de caractère qui donne le ton au roman. Il regarde, Joseph, ce qui se passe autour de lui et sa mémoire nous donne à voir le monde rural tel qu'il est: la campagne française devient un désert où seuls restent ceux qui ne peuvent faire autrement, coincés par un atavisme, des pesanteurs d'un autre âge. Il n'y a pas ici de chant d'amour pour un retour à la terre, nulle poésie bucolique. le travail en campagne est une astreinte quotidienne et besogneuse. Joseph va de ferme en ferme, bon ouvrier qui sait parler aux bêtes. Il a été alcoolique, ne l'est plus, a retrouvé sa dignité, c'est tout ce qui lui reste et c'est beaucoup.
Comment faire d'une histoire simple un roman touchant et juste. J'ai connu cet univers. Tout ceci est vrai, pas besoin de pathos ni d'effets dramatiques, ces gens là vivent et meurent en silence.
Commenter  J’apprécie          90
Il y a quelque temps, un ami lecteur avait attiré mon attention sur Marie-Hélène Lafon, Celle-ci, professeure de français-latin-grec en région parisienne, est née dans le département du Cantal et n'a jamais oublié son origine. Dans ce court roman, elle campe un personnage d'une grande authenticité: Joseph, un ouvrier agricole fruste et (très) travailleur, qui a brièvement connu l'amour avec la fantasque Sylvie et qui, au fil des années, devient un vrai poivrot. Sa vie est dure, dans ce milieu rural bien éloigné de nos villes.
Le récit ne comporte pas de grands rebondissements et il est un peu ennuyeux. L'écriture de l'écrivaine m'a semblé touffue, sans respirations. J'ai eu des difficultés à entrer dans ce livre. Mais, vers la fin, je l'ai mieux apprécié pour ce qu'il est: un témoignage presque ethnographique d'un ensemble de personnages en voie de disparition.
Commenter  J’apprécie          80
La langue et l'univers de Marie-Hélène Lafon sont uniques. Douée pour camper l'ambiance du fin fond du Cantal, de lieux et de gens qui semblent traverser les siècles sans changer, l'auteur est attachante et nous habitue à ces courts romans, tranches de vie, instantanés de campagne sans faux-semblants ni parisianisme.
J'ai aimé croiser des noms de lieux que je connais bien, tout ceci avait un écho en moi, et restait plein d'actualité (toujours un petit côté "L'amour est dans le pré" !). J'aime surtout beaucoup le texte, dans un beau français simple mais soutenu, la brièveté d'un récit qui se suffit à lui-même. Seul petit reproche, cette brièveté justement qui n'en fera pas à mes yeux un opus inoubliable.
Mais un excellent moment littéraire.
Commenter  J’apprécie          80
MH Lafon nous raconte l'histoire de Joseph, ouvrier agricole_taiseux,il ne parle pas, il regarde et il écoute. Il a une vie rythmée par un quotidien répétitif et celui des saisons.Il a de bons patrons, se rappelle son enfance, ses camarades d'école, sa petite amie etc...MH Lafon nous conte cette histoire dans un tourbillon de faits, comme si c'était un personnage qui racontait. Pourtant, il s'agit plutôt d'une focalisation externe. Cela en fait un texte unique, quoique racontant une histoire banale, de gens simples. le rythme est rapide quoique les phrases soient longues. C'est vraiment un livre unique en son genre, court, et pourtant d'une grande richesse.Le lecteur rencontre des personnages qui virevoltent sous la plume précise de l'écrivaine. Elle possède un style plutôt fait pour les nouvelles.

J'ai bien aimé ce court roman quoi qu'étant lassée à force par son style si particulier. Mais j'ai été portée par ce texte si singulier et unique que j'ai lu en deux soirées. Je suis heureuse d'avoir pu rencontrer Joseph et partager sa vie même si la fin n'a rien d'originale.
Commenter  J’apprécie          70

J'avais énormément apprécié le précédent roman de Marie-Hélène Lafon "Les pays", paru l'an passé. C'est donc avec envie que je me suis plongé dans "Joseph" son petit dernier.
Joseph est un vieux gars, ouvrier agricole d'une cinquantaine d'année. Il est l'employé taiseux d'un couple d'agriculteur en train de passer la main à leur fils aîné. Plus bête de somme qu'être humain, Joseph travaille, mange avec ses patrons, le bout des fesses posé sur une chaise, pour vite rejoindre sa chambre meublée du strict nécessaire. Là, il trouvera un repos bien mérité. Allongé sur le dos, les mains de chaque côté du corps, il dort pour se réveiller le lendemain et recommencer son travail.
Avec un tel personnage, il ne faut pas chercher le grand romanesque. Nous sommes dans l'infiniment petit où quelques objets rangés dans le tiroir d'un buffet de cuisine font figure d'éléments fictionnels sensés nous plonger au plus près de l'âme des personnages. C'est le but de Marie-Hélène Lafon, accrocher son lecteur avec une multitude de petits détails que l'on perçoit sans jamais réellement les formuler mais qui sont l'essence même de la vie. Dans ce genre là, elle est une grande observatrice doublée d'une formidable technicienne de la phrase longue et enveloppante.
Avec " Les pays ", l'an dernier, j'employais le terme de "délicate" et "subtile" pour son écriture, alors qu'aujourd'hui je parle de "technicienne", avec tout ce que ce mot évoque de froideur. J'ai eu l'impression cette fois-ci que les longues et belles phrases admirablement construites n'étaient pas en adéquation avec Joseph, tellement humble. Sa simplicité apparente, cette vie de peine et de peu dans un monde agricole vieillissant, n'ont que faire des méandres de cette belle écriture descriptive. du coup, Joseph se fait facilement la malle ou tout du moins se fond dans le paysage décrit, comme il a sans doute presque toujours fait. Marie-Héléne Lafon, essaie de nourrir ce personnage en décrivant longuement le monde qui l'entoure, rapportant des faits divers et variés dont il est sensé se souvenir, les petites habitudes de la campagne. Il n'y a pas de chronologie, les événements se présentant au gré du moment ou de son humeur. Cette construction un poil sophistiquée n'apporte pas énormément d'éléments pour densifier Joseph et lui donner un vrai caractère, lui proposant seulement un cadre. D'ailleurs Joseph est-il vraiment le personnage central de ce livre ? N'est-ce pas plutôt la vie à la campagne ? Et quand dans la dernière partie du roman, l'auteure finit par s'intéresser enfin à lui, à son passé, c'est soudain un peu trop rapide et laisse un sentiment de flou. Oui Joseph est sûrement plus complexe et plus vivant dans sa tête que ne le laissait supposer la morne vie décrite au début.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          71
Un roman du terroir, pas le style habituel de mes lectures. Si comme moi vous aimez l'action, ne lisez pas ce livre. Les phrases sont trop longues pour amener du rythme à cette histoire somme toute assez morne. On y découvre la vie de Joseph, journalier agricole, homme taiseux sauf les jours où il a bu, et dont tout porte à croire que l'alcool est le remède qu'il a trouvé à sa solitude. Après s'être débarrassé de cette affliction, Joseph se penche sur son passé. Ce livre n'est pas déplaisant à lire, et ceux qui ne connaissent pas le métier de Joseph peuvent y trouver un intérêt, pour ma part je n'ai pas accroché !
Commenter  J’apprécie          60
Avec Joseph, nous partons à la découverte du monde rural du Cantal où il est ouvrier agricole comme dans l'ancien temps. Au fil des pages, nous apprenons peu à peu à le connaître en se plongeant dans ses souvenirs de famille avec ses parents, surtout, et son frère Emile. Joseph est plus à l'aise avec les bêtes qu'avec les humains. C'est un solitaire. Vers la fin du roman, Marie-Hélène Lafon nous explique que sa vie a basculé quand sa relation avec Sylvie s'est arrêtée. Une nouvelle fois, l'auteur nous donne à lire le quotidien des habitants de sa région et je sens chez elle un grand attachement à ses origines. Si vous aimez son style, vous serez conquis. Dans le cas contraire, je doute que cela vous plaise.
Commenter  J’apprécie          61
C'est un tout petit livre: cent pages, pas plus. M.H.Lafon nous a habitués à des nouvelles, et plutôt de bonnes. On retrouve son univers: celui, dur, des fermes du Cantal. Mais aussi, encore et toujours, une certaine désespérance, et un pessimisme récurrent face à la dérision de tant d'épisodes de la vie, et face au temps qui passe, qui est gâché par une vie surtout remplie par le temps du travail et le temps de l'ennui, alors qu'il est si limité. Quand on insiste sur les coccinelles magnétiques qui retiennent la liste des courses sur la porte du frigidaire, que veut-on dire? Est-on un écrivain génial, ou un intellectuel condescendant qui lit dans tous les détails de la vie des autres pour montrer le vide de leur existence? Tout le problème est là, et il y a quand même une gêne face à l'accumulation d'observations de ce type. Joseph boit, Joseph est maladroit avec les femmes, Joseph s'habille gauchement, Joseph ne sait pas quoi répondre, Joseph a une vieille voiture, Joseph se plait dans la routine,.... D'accord, on a compris qui est Joseph. Mais faut-il vraiment multiplier les livres pour répéter ces choses?
Commenter  J’apprécie          60
Joseph, Marie-Hélène Lafon, roman, Buchet-Chastel

Ce petit roman de 130 pages présente Joseph, un ouvrier agricole du Cantal, région natale de l'autrice, un travailleur "au bas du bas de l'échelle", peut-être parce qu'il a du mal avec les mots. D'abord on voit ses mains qu'il soigne parce que c'est son outil de travail, puis ses pantoufles, c'est un homme qui n'aime pas salir, ni le désordre. Même quand il était "enfoncé dans le sombre", Joseph était "propre dans des habits de travail qui, sur lui, avaient l'air d'avoir été repassés." "Il met de l'ordre et du propre", comme à l'étable.
C'est l'histoire d'une vie pas si simple que cela, que Joseph conte "entre ses dents, en voix de gorge". L'entend, qui prête l'oreille. Une vie contée, en monologue intérieur, au fil de la mémoire, que Joseph a excellente, celle des dates, des noms, des nombres, des lieux, Ségur dans la vallée de la Santoire, la sagne de la Chamizelle, La Fage, une ferme au bord de la route entre Marcenat et Saint-Bonnet. Une vie contée avec simplicité, Joseph est un homme discret, pudique, attentif aux choses, aux bêtes et aux gens. La preuve est qu'il a gardé l'habitude, sans rien dire, de remplir d'eau pour la patronne les arrosoirs et les brocs placés aux endroits appropriés afin qu'elle arrose commodément, elle qui n'a pas recouvré toutes ses forces après un séjour à l'hôpital, les plantes et les fleurs.
Au début du roman, il a 58 ans, presque 59, "la fatigue le tire et le brûle un peu partout dans le corps", il est sur le point donc de partir à la retraite déjà préparée avec l'aide du patron. Il habitera dans une maison pour vieux à Riom. Il "finit" dans cette ferme, où le patron et la patronne s'entendent bien. Ils lui ont fait confiance, malgré sa longue période de dépression, 1986-2001, pendant laquelle il a bu. le dimanche, il s'assommait, le lundi il cuvait et refaisait surface, et parfois le mardi aussi. le reste du temps, il faisait des journées. Car Joseph est à peu près bon en tout, s'il n'a pas bu; il sait y faire avec les bêtes, il a la patience, le don, le goût. Il a plus de mal avec les gens, il ne maîtrise pas les mots. Sauf quand il buvait: diction aisée, vocabulaire soigné, sens de la formule. A la ferme, il mène une vie de routine et d'ordre. Même quand il buvait, il avait sa routine.
Par petites touches, au gré d'un souvenir, on apprend ce que fut la vie de Joseph. Il a un frère jumeau, Michel, meilleur que lui à l'école, bien que lui-même fût un as en calcul mental, il aurait bien fait équipe avec la patronne, lui en chiffres, elle en lettres, au jeu télévisé, mais il se tait. Son frère est le "dominant". Lui, avec son prénom de vieux, se faisait traiter de "poilu". Son frère l'humiliait en lui trouvant un air de lapin malade, en le comparant à un chien qui fait le beau pour avoir du sucre. le père disait, en parlant de ses fils, que Michel avait tout pris. Et il lui prend même sa mère quand, marié, sur le point d'être père de jumelles, il reprend un bar-tabac-presse dans une région éloignée du Cantal, et emmène sa mère qui pourra l'aider. Joseph peut, doit, "faire maison". Ce sera avec Sylvie qui l'aborde, force les choses, de six ans plus âgée que lui, impudente, libre avec les hommes, alcoolique. C'est l'échec parce que "finalement même Sylvie et toute cette histoire avec elle avaient moins compté que le départ de la mère chez Michel". A la mort de sa mère, il la fleurira d'une couronne somptuaire. Il n'a pas fait de service militaire non plus, au contraire de son frère, déclaré qu'il fut "soutien de famille". C'est un homme qui vit en lieu clos, collé au sol de sa terre et de ce qu'il sait être juste. Ainsi chez Rémi, un jeune valet de ferme, il sent que quelque chose ne va pas. Rémi couche avec le jeune fils du patron, sans que les parents disent grand-chose. Joseph en parlera avec les tantes, mais en attendant son travail en est perturbé, et le sournois Rémi en profite pour le faire savoir au patron, et le traiter de "tordu", et Joseph perd son sang-froid. le patron le met dehors. C'est ce que Joseph raconte à la psychologue, qui prend le temps de l'écouter, lors de sa troisième cure. Peut-être, est-ce pour avoir parlé, qu'il a pu sortir de l'alcool, est-ce parce qu'on lui fait confiance, qu'il a pu refaire le travail . En fait, la vie de Joseph, c'est le drame de la solitude, lot qui échoit à beaucoup d'ouvriers agricoles. Pour calmer cette solitude, il faut le repos. le roman se termine sur le "reposoir", le mot de la patronne qui trouve que la nappe d'autel recouverte des bouquets des deux fils fait penser à un reposoir. "Joseph avait trouvé que ce mot était doux, il allait bien pour les morts et pour les vivants, pour la mère et pour lui" qui l'a maintenant avec lui, à Saint-Saturnin, dans le caveau de famille où la prochaine place sera pour lui, il fait maison.
Marie-Hélène Laffon parle des siens, des "pays" du Cantal, du milieu rural dans lequel elle a grandi, et qui est en pleine mutation. La ferme ne fait plus vivre, les enfants ne reprennent pas la ferme des parents, il faut s'associer, maintenant un diplôme est exigé pour être agriculteur, le fils des patrons, qui a son bureau et son ordinateur, a d'autres idées que ses parents pour la rentabilité de la ferme, les lapins ne sont pas utiles, la fabrication du Saint-Nectaire prend trop de temps, il faut des machines, il n'est plus question de sortir le foin au râteau pour qu'il sèche au soleil, mais "bien beau que le fils soit là, avec eux, pour continuer, bien beau qu'il ait le goût de ce métier". Elle parle d'une époque, qu'ont marquée Tino Rossi et Edith Piaf, les émissions de Drucker, le Jeu des Chiffres et des Lettres, L'amour est dans le pré. Elle témoigne d'un métier en voie de disparition. Son style est au diapason de l'homme simple et en retrait. Laconique, sans effets, serré, avec des expressions locales et des mots entendus là-bas, comme "gourle": "le nouveau chef" de la police "avait autre chose à faire que de materner toutes les gourles du pays". de longs pans de vie sont ramassés dans un long et parfois unique paragraphe, avec un usage travaillé de la ponctuation, pour respirer avec et comme Joseph.
C'est une vie minuscule que celle de Joseph, mais qui pèse son poids d'homme, et de tranche d'histoire rurale.
Commenter  J’apprécie          60
C'est une histoire simple, d'un homme dont le prénom est Joseph, qui travaille dans une ferme du Cantal. Sa famille, son frère, sa patronne, les voisins, son histoire malheureuse avec Sylvie, ses désirs, ses gestes, son regard posé sur les gens et les choses. le style est agréable, mais l'écriture"intense" exige une attention très soutenue. C'est un bon roman.
Commenter  J’apprécie          60





Lecteurs (880) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire du fils

Qu’a entraîné la mort d’Armand Lachalme en avril 1908 ?

Un accident de chasse
Un accident de la route
Un accident domestique

19 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Histoire du fils de Marie-Hélène LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}