Dans ce livre, une nouvelle fois,
Marie-Hélène Lafon prête l'oreille et sa voix à ceux qui se taisent.
Roman situé dans son Cantal profond, ancré dans ce pays qu'elle connaît si bien.
Joseph donc. Un garçon de ferme, simple, honnête. Un gars du coin, que tout le monde connaît par ici. du moins, on sait qui il est. D'où il vient. Ce qu'il vaut. le principal quoi.
Et lui aussi les connait tout ces gens. Les
histoires. Les dates. Les noms, les lieux.
Tout cela forme un tout, une famille, un pays, une mémoire. C'est comme ça, c'est leur univers.
Et il en fait partie.
Sauf que la vie c'est pas si simple. C'est rude . le travail, les conditions. Ce qu'on voit, ce qu'on sait et qu'on ne peut pas dire. On ne trahit pas sa famille. Sinon on est rejeté, banni. Il n'y a pas pire. Alors on retient, on essaie d'oublier.
La vie c'est une fatalité. Comment s'en sortir ?
Pour cela il faut partir, s'en aller, et loin. Tourner le dos au pays. Comme Michel, le frère, son double jumeau. Devenu un étranger. C'est le prix à payer.
Joseph n'a pas la force de Michel, il n'est pas comme lui, débrouillard. Il n'est pas allé à l'armée, qui vous sort de tout ça.
Dans ce roman court et très bien construit, MHL, en donnant voix à son personnage, ne parvient pas à le tirer de sa condition, comme elle l'avait fait avec "MO" précédemment.
Joseph, ou la malédiction de l'homme condamné à travailler, à souffrir, subir, obéir et se taire, comme ses semblables, et mourir, dans la grande ronde de l'histoire humaine, pour toujours, et à jamais.