Mercy, Mary, Patty

Enquête sur la destinée de Patty Hearst, fille de bonne famille, héritière du magnat de la presse américaine, enlevée au mitan des années 1970 par un groupe d'extrême gauche. Gene Neveva, professeure de littérature, se voit confier par la famille un rapport en vue du procès. Pour mener à bien ses recherches, elle s'attache les services d'une de ses jeunes élèves. Delà se met en place des relations croisées et des rebonds entre plusieurs femmes, ou plutôt jeunes filles, dont l'enlèvement leur a permis, en quelque sorte de se révéler à elles-mêmes.
Autant le dire, j'ai décroché assez rapidement puis abonné ma lecture au milieu du livre. Et pourtant, le sujet m'intéressait d'autant que j'apprécie particulièrement l'oeuvre et l'écriture de Lola Lafon. Bizarrement, ce roman ne m'a absolument pas touchée. Est-ce le dispositif à la fois trop sophistiqué et trop visible ? La trop grande distance qui désincarnent ses héroïnes ? Un fonctionnement en vase clos un peu trop asphyxiant à la longue ? Peut être un mélange de tout cela ou encore un simple rendez-vous manqué…

Me voilà profondément étonnée et agacée par cette lecture déroutante et finalement peu séduisante. le sujet m'intéressait pour avoir à l'époque suivi de près cette histoire. En outre, j'étais impatiente de lire le nouveau roman de Lola Lafon, mais je ne parviens pas cette fois à adhérer ni même à trouver plaisir dans ce texte écrit et construit bizarrement.

Mercy Mary Patty ressemble à ces poupées russes gigognes, qu'on dévisse jusqu'à ce que la dernière se révèle vide.

Trois femmes, mais ni Mercy ni Mary ni Patty ne racontent cette histoire, qui commence en France en 1975 et se termine vingt ans plus tard (?) aux Etats-Unis.

Le fil conducteur de l'histoire est l'enlèvement de Patricia Hearst, la petite-fille du milliardaire, qui a pris fait et cause de ses ravisseurs au point de participer à plusieurs hold-up. Lola Lafon voudrait faire le parallèle entre ce fait-divers sanglant et l'enlèvement de plusieurs jeunes filles par les Indiens aux XVIIème et XVIIIème siècles. Mercy Short et Mary Jemison par exemple tournèrent le dos à la « civilisation » et voulurent rester avec les Indiens.

Personnellement, je ne vois pas le lien, étant donné que Patricia Heast n'a pas fait beaucoup de difficultés pour revenir parmi les siens, après le massacre de ses « amis » révolutionnaires et deux années de prison.

Pour ceux qui n'ont pas ou peu connu les années 1970 (comme Lola Lafon, née en 1974), ils auront fait connaissance avec Patricia Hearst. Pour les plus âgées, rien qu'ils n'aient pu voir à la télévision (oui, madame Lafon, la télévision existait à l'époque et on devait la regarder dans les Landes) et / ou lu dans les journaux à l'époque.

Pour Mercy et Mary, j'aimerais revoir la Prisonnière du désert de John Ford avec Nathalie Wood, avant d'en apprendre plus sur elles.

Je lisais pour la première fois Lola Lafon. J'ai aimé le ton, le style...et puis cette mise en abîme de trois personnages, ces répétitions des textes de l'armée de libération qui a enlevé Patricia Hearst, tout cela m'e ennuyé, donné une impression de baclé, de propos sans profondeur voulant explorer tout le malaise de l'adolescence ...alors j'ai posé le livre à la page 150.

Même quand je sens que je n'adhère pas à un livre, j'essaie, malgré tout d'avancer un peu pour laisser une chance, et si vraiment, l'affaire ne passe pas, je lis la fin ; parfois ça aide un peu, et ça remet le cavalier en selle.
Ici, autant être franche, je n'ai pas pu aller au-delà des quarante premières pages.
J'ai absolument détesté le choix de l'auteur sur l'utilisation du VOUS dans son schéma narratif. Moi, lectrice me suis violemment sentie pointée du doigt sous le coup d'une invective, et soudain rabaissée par un VOUS plombant, écrasant, voir humiliant. Je me suis rarement sentie aussi mal à l'aise de part un style d'écriture.

Les ouvrages de Lola Lafon ne m'ont jamais attiré. Jusque-là je ne l'avais jamais lue sans pour autant sentir que cela manquait à ma construction de lectrice. Je comprends que cela puisse ressembler à un manque de curiosité, à une certaine frilosité…quand je n'ai pas envie, je n'ai pas envie ; voilà tout.
Une chose est certaine, je n'y reviendrai pas !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..