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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après la disparition d'Helena Bohlmann, étudiante en climatologie fascinée par les turbulences nées au dessus de l'Equateur de la convergence des alizés, disparue soudainement en ne lui laissant pour trace qu'un unique mot d'amour, Zé débarque en janvier 2004 de Belém à Rio de Janeiro, se laissant guider par ses rêves et par son intuition pour retrouver la femme qu'il aime.

Quatrième roman de Sébastien Lapaque, publié en 2012 chez Actes Sud, «La convergence des alizés» est son troisième livre consacré au Brésil et en particulier à la ville de Rio, à son généreux désordre qui semble être un miroir de l'âme brésilienne, une âme torsadée marquée par le «triple héritage de l'incompatibilité des Indiens, de l'irraison des Africains et de l'intranquillité des Portugais».

Autour de cette enquête amoureuse aussi désordonnée que le plan de Rio, qui va mener Zé jusqu'en Argentine, Uruguay et même le conduire à traverser à nouveau l'Atlantique, les personnages du roman sont autant de découvertes des multiples facettes de la société brésilienne, Ricardo Accacio, présentateur vedette de la télé brésilienne et idole des jeunes filles, Octavio et Luiz Cardero soi-disant hommes d'affaires, héritiers devenus des truands véreux, Maria Mercedes prostituée en bout de course et rêvant d'ailleurs, Euclides Pigossi, volubile patron du bar Garrincha et passionné de football, Pepe Bernardo ancien homme politique et vieillard attachant témoignant du passé de Rio capitale du Brésil, et tant d'autres.

«Les deux hommes vidèrent leur verre d'un trait. Dehors, la lumière sur la ville était très jaune. Euclides et Zé ne s'en rendirent pas compte, mais à l' instant où ils reposèrent leurs verres devant eux, ils étaient amis. Alors ils burent d'autres verres de «cachaça» et refirent l'histoire de Botafogo et celle de Garrincha encore une fois. «Le football, c'est fait pour ça. Se souvenir et apprendre à se souvenir», songea Zé. Surtout à Rio, où l'on adorait ruminer les gloires passées.»

Comme Sébastien Lapaque, Zé a gardé de ses années d'enfance en Europe – au Portugal – l'amour de cet entre-deux entre Europe et Brésil, il est familier du chant des oiseaux, des stades de football, de la poésie, attiré par le charme des lieux au lustre passé comme l'île de Paquetá, il se laisse guider sur la trace des derniers feux du Rio d'autrefois, dans un Brésil en voie de disneylandisation, envahi par le tourisme aux normes internationales, les publicités et la marchandise globale.

«Il avait expliqué à son fils que, lorsqu'il était revenu à Belém au début des années 1960 et qu'il avait eu le loisir de s'intéresser au corps et à l'âme de ce pays auquel il n'avait cessé de rêver après son retour au Portugal, il avait été frappé à la fois par l'immensité et la quiétude du Brésil exprimées par les paroles de l'hymne. C'était quelque chose de contradictoire et de parfaitement cohérent.
« Il faut sans doute avoir grandi en Europe pour ressentir cela ».»

Lire «La convergence des alizés» allie les plaisirs d'une enquête policière aux multiples avenues et d'une flânerie carioca, qui donne envie de s'envoler vers le Brésil.
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Une superbe ode au "vrai" Brésil contemporain et historique, loin des clichés usuels.

Le nouveau roman de Sébastien Lapaque est attendu en cette fin août 2012, pour la "rentrée littéraire" (l'odieuse expression...).

Auteur éclectique que j'apprécie, depuis son tout premier roman de 1998 ("Les barricades mystérieuses"), en passant par son pamphlet de 2008, "Il faut qu'il parte" (surprenant pour un auteur réputé "de droite") ou son joli guide "Petit Lapaque des vins de copains" de 2006, savoureux et imagé, il nous livre ici un magnifique livre, foisonnant et amoureux, qui devrait vous donner, comme à moi, une furieuse envie de découvrir le Brésil si vous ne le connaissez pas, guidé par cet initié qu'est l'auteur (déjà auteur de trois livres liés au Brésil, et contribuant régulièrement à un grand quotidien de Sao Paulo).

À travers l'étonnante quête du jeune Zé, brésilo-portugais originaire de Belem, à la recherche de son amoureuse brutalement disparue en lui laissant un laconique billet portant uniquement les mots "Je t'aime" répétés trois fois, qui l'emmènera à Rio, mais aussi en Argentine et en Uruguay, et à travers la toile de lieux et de rencontres, apparemment embrouillée mais en réalité lumineuse, qu'a tissée avec soin et passion Sébastien Lapaque, nous avons ainsi droit à une belle intrigue romanesque, qui ne verse jamais dans la mièvrerie, et à un panorama affûté du Brésil contemporain, de ses contradictions, de ses ambitions, de ses différences et de ses passions, par un ensemble de touches (incluant par exemple aussi bien Machado de Assis que le football et les mérites comparés de Botafogo et de Fluminense) qui, pour quelqu'un connaissant le pays de première main (ce qui n'est pas mon cas), verseront peut-être, un peu, dans le didactisme...

Un livre précieux et enthousiasmant, qui rend justice à la fougue, à l'honnêteté et à l'intelligence de son auteur.

"Tomas avait coupé brusquement. Zé était à nouveau seul. Autour de lui, il regarda des voyageurs pousser des chariots bardés de publicités vantant les mérites d'un opérateur de téléphonie mobile. La plupart d'entre eux venaient d'Europe, du Japon et des États-Unis, ils avaient des valises énormes, des casquettes ridicules.
Que faisait-il parmi eux ? Ce matin de janvier, il était intimidé, ce qui ne lui ressemblait pas. C'était peut-être l'attraction de Rio de Janeiro, tout ce qu'on lui avait raconté depuis si longtemps, la douceur sauvage de la ville, les plages, les palmiers accrochés aux montagnes, le football à Gavea, la musique à Lapa, les gays à Ipanema. Il y avait également les récits de son père, auxquels s'étaient ajoutés les histoires d'Helena, les anecdotes qu'on trouvait dans tous les livres, les souvenirs des uns devenus ceux des autres, comme si, à Rio, tout le monde avait joué de la guitare avec Vinicius de Moraes et tapé dans un ballon sur la plage avec Chico Buarque avant d'aller rendre visite à Oscar Niemeyer dans son atelier de Copacabana. Rio de Janeiro était une légende agglomérée dans laquelle chacun était invité à se découper une belle tranche. Pour l'instant, Zé n'en voyait pas grand-chose. À travers les baies vitrées, il aperçut le Pain de Sucre, le Christ Rédempteur au sommet du Corcovado, les églises blanches sur les mornes verts. le ciel au-dessus des maisons multicolores était bleu métal, vibrant et doux, traversé de zébrures mauves. C'était mieux qu'un pressentiment, c'était une certitude, quelque chose de magique. Helena se cachait quelque part dans cette ville."

Et ce bel exergue du livre, puisé au Cendrars de "Trop c'est trop" : "C'est à Rio que j'ai appris à me méfier de la logique. Vivre est un acte magique."
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