Au niveau scénario, atmosphère, rythme... il n'y a rien à dire C'est un sans faute. Rémi Guérin arrive avec brio à mener de front les aventures se déroulant à plusieurs endroits. D'une part, l'expo universelle où Black Fowl déverse des tonnes de papier, demandant à tous les spectateurs d'écrire avec leur sang. D'autre part, les égouts où baigne Verne, Conan doyle et Earhaert, rejoints par
George Orwell (who else?), journaliste et écrivain.
Sur terre, Lincoln demande à son assassin (
H.P. Lovecraft) d'en finir avec les témoins... Et H.
P.L. ne se fait pas prier pour créer un passage d'où sort un Grand Ancien... Chassez le naturel, il revient au galop. La jouissance sur le visage de l'écrivain (peu ressemblant, cela dit) fait vraiment chaud au coeur.
Finalement, même le fait que les âges ne correspondent pas, que les visages, que les caractères des écrivains repris dans la BD ne correspondent pas à leur alter ego réels, cela finit par s'effacer derrière l'atmosphère créée par Guérin. Il arrive même, dans ce tome 3, à prendre de la distance sur
Conan Doyle, qui était fortement pastiché depuis le début. L'
ombre de
Poe qui plane est très intéressante. Enfin... il y a sans doute mieux à faire dans un tel contexte, mais on se contentera de cela pour l'instant.
Black Fowl est capturé... mais on le retrouve en sous-sol avec
Mary Shelley pour affronter Verne et ses amis, rejoints par Houdini... mais Black Fowl est également rejoint par Reverso, un papercut autonome, sosie d'Houdini (et que l'on a pu voir sans savoir qui il était dans le tour des miroirs dans le tome 2).
Le scénario va crescendo et on a plusieurs révélations successives qui montrent une excellente gestion du timing et des révélations nécessaires pour entretenir la flamme. le tome 2 était assez médiocre de ce point de vue. Avec le tome 3, on est ultra comblés. Révélations, contre-révélations, "c'est pas moi, c'est
lui", etc. On découvre que Black Fowl a un plan et que tout se déroule (magré une victoire apparente de Verne) selon ses plans.
Bref, que du plaisir.
Une faute de français... page 120. C'est hyper rare. Dommage.
Et côté dessins? Eh bien, je ne change pas d'avis par rapport au tome 2. Je renvoie donc le lecteur de cette critique à mon malaise avec certains aspects et partis-pris du dessin. Les pages 119 et suivantes (pendant une trentaine de pages, au bat mot) manquent de finition par rapport aux premières planches. Mais ce sont les coooooodes, hurlent les fans de City Hall. J'entends bien. Mais il y a trop d'approximations dans les traits, dans les détails vestimentaires changeants, dans la gestion des poitrines (mais pas uniquement), les plans éloignés manquent de précision. Il y a d'ailleurs un mieux, car on note beaucoup moins de gros plans de visages dont l'expression ne correspond pas au texte. Un peu moins de lignes aussi pour marquer le mouvement, alors qu'il n'est pas supposé y en avoir.
Malgré cela, on reste dans un univers accrocheur, avec une gestion du streampunk particulièrement originale.