Polza Mancini continue de nous entrainer dans sa quête de « Moaïs », et il va être comblé, hélas il va aussi payer cher de sa personne, beaucoup trop cher sans doute, oui beaucoup trop !
Polza dans son errance égarée nous conte l'ambiance réaliste d'expériences terribles de l'univers de la maladie mentale, et en particulier l'une des plus effroyable, la schizophrénie. La démence et la déchéance humaine dans des comportements de « sous-humanité » nous sont projeté à la face avec un mélange d'abominations, un regard cru et implacable sur des aspects sombres, informes et difformes de notre manifestation, violences et brutalités souvent calculées, cruautés « gratuites », et teinté d'envolées de fraîcheurs parfois en contraste saisissants, les paradoxes de ce que peut drainer la nature humaine.
Bien qu'au troisième tome, la longueur se fasse sentir, (à moins que ce soit la langueur d'une agonie prochaine que l'on sent venir …), reste l'indéniable qualité graphique. de très beau dessins pages 16, 82, 138 … un beau tableau champêtre page 32 et puis … et puis il y a les portraits couleurs ! Ça hallucine, hurle, rage, terreur, effrois !
Polza intrigue, la vulnérabilité l'habite, mais il est doué d'une invraisemblable capacité d'absorption, son corps avec qui il a un rapport douloureux, est une masse qui tire sa force de son poids, de sa densité. Son esprit lui est fin, sensible et lucide en contrepoint de sa morphologie monstrueuse, et Carole n'y est pas insensible, mystère de l'alchimie des êtres de ce monde qui en dissimule un autre sans doute … lui redoutable, dissimulé dans l'abîme du sociétal et de sa perdition organisationnelle et fonctionnelle, froide, efficace, bien rôdé et bien huilée, mortelle de Soi.
Polza semble déceler l'imposture de ce qui lui est donné à vivre en pâture, une dimension salvatrice l'habite … il le sent, autre chose le stimule plus fort que le chaos dont parfois il se gausse … l'expression de son visage en dit long, cela agace la gent policière. Ils n'arrivent pas à cerner Polza Mancini, quelque chose leur échappe irrémédiablement de lui … ils ne peuvent y avoir accès ...
Un curieux sentiment m'habite de plus en plus, je suis cette « saga » comme une mise en B.D. d'une épopée contemporaine d'une forme d'inspiration qui me rappelle en échos, du Jérôme Bosch … du Pieter Brueghel l'Ancien ...
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Ce troisième tome est tout aussi réussi que les deux premiers. L'histoire est toujours prenante et les dessins sont toujours superbes. J'aime beaucoup cette série.
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Un peu plus de couleurs mais pas moins de noirceur. Les souvenirs les plus atroces de Polza refont surface, et nous faisons enfin la connaissance de Carole. Excellent.
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