J’ai pris goût à l’alcool très jeune, par accident. Je devais avoir six ou sept ans. Une dégustation de vins et spiritueux. Je finissais les taste-vins. A la fin de la visite, j’étais saoul. Une sensation d’euphorie. Puis, les années suivantes, j’ai bu quand des occasions se présentaient. Au lycée, on sortait, on s’amusait et on buvait. A cette époque, je ne savais déjà plus contrôler mes consommations. Je cherchais toujours « le verre de plus »… Puis c’est devenu un plaisir répété… de plus en plus. Lors de mon année sabbatique, j’ai goûté tout ce qu’il était possible de trouver : bières, vins, alcool, spiritueux, mixtures, cocktails… A mon retour, j’étais accro. Les années ont suivi et l’alcool a pris de plus en plus de place. Les reportages de guerre n’ont rien arrangé. On buvait beaucoup pour se donner du courage, pour ne pas trembler, pour aller au feu… Du plaisir, je suis passé progressivement à la dépendance… Puis à l’esclavage… Les dernières années d’alcoolisme pratiquant, je ne vivais plus que pour ça. Je ne travaillais plus, j’ai épuisé toutes mes réserves.
C’est comme si je te connaissais depuis très longtemps mais que mes souvenirs étaient brouillés… Un sentiment de déjà vu… Allez, un exemple… Tu roules en voiture et à la sortie d’un virage, tu découvres un nouveau paysage et là, tu es surpris, tu as l’impression d’être déjà venu à cet endroit, dans cette région… Ce paysage, tu le connais…
Julianne aime ce luxe, signe extérieur de sa réussite et du succès sans cesse répété du cabinet fondé par Catherine Lefort à qui elle s’est associée, à parts égales, depuis 15 ans. Tout dans la vie de Julianne est organisé, structuré et minuté. Rien n’est laissé au hasard. Enfin, rien sauf sa vie sentimentale qui est un véritable désastre. A 53 ans, elle vient de vivre son troisième divorce. Elle s’est fait une raison, finalement. Sa vie privée passe au second plan. Elle est vouée au monde des affaires et de l’argent. L’amour, ce n’est plus pour elle. Elle a trop donné. Et elle a décidé, depuis plusieurs mois, qu’un homme ne bousculera plus sa vie, non, plus jamais.
Les amours de fac, ça laisse des traces mais on est toujours dans le même environnement, alors les disputes, inévitables, étaient suivies de réconciliations, au lit en général. On étudiait ensemble. On se supportait, on s’encourageait. Et les années ont passé. Finalement, on s’est mariés. Pourquoi, je n’en sais toujours rien. Par convenance, par logique… On se sentait assez bien ensemble.
Je suis convaincu que l’on est destiné à trouver sa moitié d’une certaine façon. On peut vivre ou avoir vécu des relations. Comme toi. Comme moi. Mais je pense qu’il y a, pour chacun de nous, une moitié qui lui correspond, quelque part. Et parfois, la chance joue du bon côté. On trouve sa moitié.