L'œuvre cl la vie de Poe ne s'y prêtent pas seulement à souhait, elles l'exigent sous peine de demeurer éternellement inintelligibles. Envisagé sous ce double aspect, notre énigmatique personnage ne gagne pas seulement en intérêt; il cesse de rester ce qu'il a toujours été, pour la majorité des lecteurs, une sorte de rébus de second ordre perdu en un obscur recoin de la vaste littérature anglosaxonne : il prend inopinément une valeur toute représentative, il se magnifie soudain en l'un des types les plus complets du génie morbide ou, si l'on ne s'offense pas du terme du Dr Magnan, du dégénéré supérieur. Bref, il apparaît puissamment comme l'an des plus riches, en même temps que l'un des plus étranges, produits de cette merveilleuse chimie mentale qu'opère incessamment Dame Nature en pétrissant dans la complexe pâte humaine les plus contradictoires ferments.