Pourquoi lire les 7 piliers, alors que David Lean en a tiré un film inoubliable multi-oscarisé avec l'inoubliable regard bleu azur de Peter O'Toole ? Tout simplement parce qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre de la littérature et qu'un film aussi bien fait soit-il ne peut jamais rendre parfaitement tous les aspects d'un chef-d'oeuvre, et les 7 piliers n'échappent pas à la règle. Plus ennuyeux, il peut aussi la biaiser, et ici encore, c'est le cas.
Le Lawrence d'Arabie des 7 piliers n'est pas uniquement cet européen quelque peu exalté qui une fois la victoire arrivée sera trahi par ses supérieurs. Quand on lit Lawrence, transparaît aussi et inévitablement le vrai Lawrence : un soldat britannique (il finira colonel) aux ordres, pétri de préjugés européen et britannique (ah les pages où percent une franche francophobie !) auquel ses supérieurs ont confié une mission. Lawrence n'est pas un naïf qui a été trahi par les siens. Dès le départ, il a compris qu'il n'est qu'un pion dans une partie d'échecs (un Great Game au Proche-Orient) et que tout cela finira dans des conciliabules de ministères sur les bords de la Seine et de la Tamise. Mais pour autant c'est un pion qui ne renonce pas, qui cherche à infléchir le cours du jeu, qui se rebelle, qui tente d'infléchir le destin, son destin et celui des Arabes, dans une région où la soumission (c'est le sens original du mot islam d'ailleurs) est la règle : soumission au désert bien sûr, mais aussi soumission à la tribu, aux coutumes, à la mort.
Là où le film évoque l'immensité du désert, sa lumière, la fièvre des batailles, le livre lui évoque la réflexion humaine qui accompagna cette authentique épopée. A lire absolument, et vous regarderez le film d'un autre oeil.
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L'évocation de certains livres me ramène à des moments de vie. C'est le cas des Sept piliers de la sagesse. Un livre aisé à mettre en image, par l'incarnation qu'en fit Peter O'Toole. Mais aussi un livre qui se nourrit des paysages que l'on traverse. Dans un horizon de sable, les sept piliers s'embrasent, et deviennent le livre de voyage absolu. L'épopée est extraordinaire, le souffle est épique, la traversée est grandiose, de ce monde qui change. A la croisée de la vision coloniale de l'empire britannique et du nationalisme arabe de Nasser, aux balbutiements de la conscience politique dans un monde en guerre, ce texte magnifique nous parle aussi du monde présent, alors que les tribus de Libye s'agitent, que la Syrie s'ébranle.
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Un très grand livre, sec, pensif, un voyage intérieur qui approche par moments une sorte de "folie", qui évoque l'homme ordinaire dans une somme de circonstances qui, elles, sont extraordinaires. David Lean aidé du dramaturge Robert Bolt ont magnifié encore le récit en l'épurant, en le mutant (au grand dam des héritiers de T E Lawrence) en superbe épopée intimiste et lyrique. Depuis le film, l'engouement pour le livre n'a cessé de grandir.
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Dieu que j'ai eu du mal à entrer dans ce livre - en même temps, j'étais môme, c'était difficile et pas du tout habituel.
Du coup, il a fallu que j'aille m'enchantant de Lawrence d'Arabie pour y revenir - et pour une fois, j'admets, le cinéma servit la Littérature. On entre dans Lawrence comme on entre dans le Désert, et on est ébloui comme on peut l'être au matin quand le soleil caresse encore l'immensité fabuleuse des dunes rose-orange
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Voilà j'y suis et je suis pas déçu, c'est une œuvre exceptionnelle même si j'ai appris que c'était une version remaniée que j'ai lu (celle de 1936), et que les originaux des 7 piliers au nombre de 8 différent de cette version.
Mais c'est le livre de ma vie, et je vais pas mégotter.
Je devais avoir 12 ou 13 ans et mon père me laisse un après midi dans un cinéma avignonnais du nom de Roxy, on y projetait Lawrence d'Arabie...et la le choc visuel, d'abord le désert, Peter o Toole habité, l'histoire épique, l'aventure et je suis tout simplement transporte par cette épopée fabuleuse de cet homme.
À partir de la je n'ai eu de cesse de comprendre qui était Lawrence d'Arabie et de lire de nombreux ouvrages, j'étais fasciné par ce personnage d'aventure et de mystères, d'ailleurs pour moi il était l'aventure !
Ce livre à été longtemps ma madeleine de Proust et aujourd'hui j'ai le temps de m'y consacrer et je ne suis pas déçu !
Je suis à la 200éme page, et oui Thomas Edward est un magnifique écrivain et conteur, sa description des paysages du désert et à la fois poétiques et on croit les voir au fil du récit, le récit est dense et parfois on s'y perd un peu mais qu'importe, on sent le souffle de la révolte et l'âme de celui qui est entrain de devenir le prince d'Arabie...on découvre l'intelligence, la patience et la connaissance parfaite de Lawrence pour le peuple arabe tant sa diversité est fascinante ! On decouvre la multiplicité de ce peuple si mystérieux et incompris par nous occidentaux !
À ce moment du récit, on découvre que T.E n'a pas de règle pour dérouler son histoire, il le fait à l'instinct et on est au coeur de l'action...et quand on voit les allers retours de T.E dans le Hedjaz, on voit qu'il ne ménage pas sa peine et que c'est un être hors du commun ! Et il fallait l'être pour naviguer à ce moment là dans les méandres politiquo-guerriers de cet endroit, et T.E nous decrit cela à merveille !
À suivre...Voilà j'ai fini, j'ai mis 3 semaines pour le lire (814 pages quand même), c'est vraiment un livre merveilleux, et on se rend vraiment compte de l'aventure extraordinaire d'un être hors du temps et qui sera pour moi toujours l'aventurier ultime.
On découvre aussi la face sombre et cachée de Lawrence, son désarroi, sa solitude, son masochisme et sa souffrance aux décisions qu'il doit prendre, tirailler entre son pays et les arabes qui lui vouent une confiance sans limite.
Destin tragique d'un homme à la recherche de sens et de lui-même et si ce n'était pas le chemin de chacun ?
Thomas Edward Lawrence s'efface derrière Lawrence d'Arabie pour toujours et toujours...Je recommande cet œuvre fantastique.
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Tout le monde a, gravé dans sa mémoire, les images de Peter O'Toole incarnant T.E Lawrence dans ce magnifique film hollywoodien.
C'est de ce livre que s'inspire le film qui, malgré sa longueur, n'arrive pas à en restituer tous les aspects, notamment tout le côté réflexif du livre, bien difficile à traduire dans une oeuvre cinématographique.
Nous découvrons aussi un colonel Lawrence curieux et observateur, se lançant notamment dans des descriptions fleuves des paysages qu'il traverse et nous voyons alors les terres souvent arides et parfois verdoyantes des terres qu'il traverse.
C'est aussi l'occasion de se plonger dans les pensées d'un homme parfois au bord de la folie qui s'est engagé pleinement dans une cause qu'il a finalement embrassée alors qu'elle n'était pas forcément la sienne. Nous découvrons au fil des pages toute la complexité d'un homme parfois en proie au doute et à la peur, mais aussi au sentiment que, finalement, tout cela lui échappe un peu. C'est sur cette note que l'on reste en refermant cet ouvrage: celui qui a voulu précipiter les événements ne et en être l'acteur primordial ne les a-t-il pas finalement subis?
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Une oeuvre majeure, que j'aime relire de temps en temps. Je ne peux qu'en conseiller vivement la lecture.
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Ce livre autobiographique est une histoire de guerre, merveilleusement écrite. TE Lawrence décrit à grand détail sa lutte personnelle pour que le soulèvement arabe contre les Turcs puisse inspirer la naissance d'un mouvement national. Je recommande vivement sa lecture.
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