Camilla Läckberg,
L'Oiseau de mauvais augure, 365 pages
A Tanumshede, c'est l'effervescence : une émission de télé-réalité va y être tournée, amenant des jeunes incontrôlables pour le plus grand plaisir -pervers ? – des spectateurs. Très vite, c'est le drame : une des participantes - celle qui se scarifie parce qu'elle est très très malheureuse, vu que ses parents, très grands chirurgiens, sauvent les autres enfants dans leurs salles d'opération, mais ne lui ont pas assez accordé d'attention et qui, du coup, se scarifie et fait des émissions de télé-réalité pour réveiller papa et maman – manque d'insulter une dame dans la supérette dans laquelle elle travaille sous l'oeil scrutateur des caméras. Ah non ! Ce n'est finalement pas le moment important, c'est plutôt que la Bimbo du groupe est retrouvée morte.
Les suspects ne manquent pas parmi les participants au show, leurs équipes et les élus locaux dont certains semblent corrompus – Quelle fiction originale, vraiment ! On n'a jamais vu ça dans un seul roman policier !
Parallèlement, une femme est retrouvée morte dans sa voiture après avoir percuté un arbre. Totalement alcoolisée. Accident, pensez-vous ? Que nenni ! La dame ne buvant jamais et d'étonnantes marques se trouvant près de ses lèvres, « très vite » l'inspecteur Patrick Hedström et son équipe s'orientent vers un meurtre !
Une équipe d'ailleurs assez perturbée : Patrick ne pense qu'aux préparatifs de son mariage que prépare sa future épouse et que lui-même manque -on n'a pas vraiment l'impression d'ailleurs qu'il ait hâte de l'aider, voire de se marier, au vu de la lenteur de ses déductions. Une nouvelle recrue Hanna Kruse vient d'arriver, et à part quelques dialogues de bienvenue, quelques remarques sur son comportement troublé, elle n'apporte pas grand-chose, si ce n'est dans les derniers chapitres.
Quant à leur chef, à part se montrer désagréable avec Patrick - qui en a vraiment mais vraiment assez, mais vraiment hein de ses réflexions ! Mais, qui se tait quand même. J'en déduis que chez lui, la révolution, c'est pas pour tout de suite -, il ne fait que dormir, se goinfrer, et se faire « beau » pour une femme dont il vient de tomber amoureux -là, on a vraiment envie de lui dire d'écouter les Rita Mitsouko «Les histoires d'A / Les histoires d'amour / Les histoires d'amour finissent mal / Les histoires d'amour finissent mal en général » ! Parce qu'au vu du portrait qu'en brosse l'auteure, on voit mal comment une femme pourrait tomber amoureuse de lui… Enfin, comme dirait l'autre, sur un malentendu, ça peut passer… Il m'est venu à l'idée que si chacun bossait aussi peu que lui, on pourrait tous, assez facilement partir en retraite à 65 ans !
L'éditeur écrit sur la 4ème de couverture : « Les cadavres se multiplient. Un sinistre schéma émerge...
Dans ce quatrième volet des aventures d'Erica Falck,
Camilla Läckberg tisse avec brio l'écheveau d'une intrigue palpitante. Cueilli par un dénouement saisissant, le lecteur en redemande. »
Alors, les autres lecteurs, sûrement ! Mais, moi, vous l'aurez compris : pas du tout ! Tout est prévisible, aussi bien les « intrigues » policières que personnelles. Les enquêteurs ont le charisme et l'énergie de vieux bigorneaux. Les personnages accumulent les clichés, l'action est inexistante. Je rejoins cependant l'avis de l'éditeur : le dénouement est, en effet, « saisissant », mais de ridicule : on se croirait dans les dernières minutes d'un téléfilm de l'après-midi, quand on n'a pas le choix du programme parce qu'on se trouve chez Mamie Jeanne qui adore ces « belles histoires ».
Quant aux « aventures d'Ericka Falck », dans ce tome, elles ne sont pas particulièrement palpitantes : préparer son mariage, s'inquiéter pour sa soeur et son poids, repenser au mariage et s'occuper de sa fille et des enfants de sa soeur. Magnifique portrait d'une femme moderne ! Il m'est arrivé d'aller, en cours de lecture, vérifier que ma liseuse ne m'avait pas projeté dans les chroniques des Bridgerton…
Allez ! Je quitte la Suède pour m'envoler vers d'autres univers livresques.