AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 116 notes
5
11 avis
4
31 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le livre s'ouvre sur un drame : Pia, la grand-mère bien aimée du narrateur vient de se jeter par la fenêtre. Pourquoi ? Son père et son grand-père maternel sont inconnus. Sa mère, visiblement, ne s'est pas occupée de son fils pris en charge par Pia.
Bien des années plus tard, le narrateur (l'auteur?) mène l'enquête. Lettres anciennes, photos, rapports de police l'éclairent peu à peu : Pia est issue d'une famille tourmentée napolitaine. A son arrivée en France Pia n'a qu'une obsession : user de sa beauté pour "se caser" avec un homme, riche, puissant et protecteur qui lui donnera sécurité et lui assurera une vie aisée. « Pyrrhus » sera cet homme. Les indices semés ça et là par l'auteur permettent facilement au lecteur de mettre un nom sur cet homme célèbre en son temps. Mais est-il le père de la mère du narrateur? Mystère.
Sa mère fut élevée avec cette même obsession : trouver le beau parti, l'homme riche. Elle le fera jusqu'à la folie. Pire : déçue, elle se retournera violemment contre Pia, et privera son fils d'amour maternel. Ce fut le drame de celui-ci : sa grand-mère l'avait protégé de sa mère, alors que lui n'a pas su la protéger de sa fille.
Cette enquête sur une folie familiale est menée avec sensibilité et rigueur. On peut trouver dans cette plongée dans un univers parfois trouble et interlope, comme un petit air de Modiano. On peut y voir aussi les conséquences d'un patriarcat porté à ses extrémités : pour certains milieux, il ne pouvait y avoir pour les filles qu'une seule issue dans la vie : trouver l'homme protecteur, et si possible l'homme riche.
Commenter  J’apprécie          120
Dans ce récit à forte teneur autobiographique, David le Bailly évoque le souvenir de cette grand-mère pianiste, Nerina, cette femme qui un jour de 1987 se défenestra devant lui.

Dans une sorte d'enquête à huis clos et par le biais d'une plume allègre, l'auteur cherche à comprendre qui est cette femme Napolitaine née en 1907 qui, durant toute sa vie, gomma son accent, surveilla son langage par crainte de se trahir de « ce sud de l'Italie crasseux et misérable ».

Et comment a-t-elle pu vivre dans un appartement d'une des plus belles et riches rues de Paris, elle qui n'a jamais travaillé? Il découvre les mensonges, les subterfuges de sa grand mère, personnage romanesque et fascinant.

« Un enfant se souvient de sa grand-mère, Pià Nerina, et de la dernière fois qu'il l'a vue, soit fatidique où devant ses yeux, elle s'est jetée par la fenêtres de leur grand appartement près de la place de l'Etoile. Point de départ d'un huis-clos infernal raconté par l'unique survivant, ce petit garçon devenu grand… "

Entre une grand-mère mystérieuse et une mère folle, Le Bailly s'est imposé en tant que grand reporter et maintenant en tant qu'écrivain.

David le Bailly rend ici un magnifique hommage à sa grand-mère, à travers ce portrait très intimiste.

On ressent pleinement l'immense attachement qui relie l'auteur à sa grand-mère et l'énigme qu'elle continue de représenter pour lui et on pense tout au long de notre lecture au puissant titre de Lomepal "c'est beau la folie" au thème proche.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          220
À travers ce roman, véritable lettre ouverte à sa grand-mère, David le Bailly fouille les souvenirs familiaux pour tenter de comprendre son histoire.

Qui était vraiment sa grand-mère, petite italienne dans le sou n'ayant jamais travaillé, qui vivait dans un appartement luxueux de Paris?
Qui était sa mère, cette femme violente méprisante qui passait ses journées enfermée dans sa chambre?

En remontant le fil de lettres, de photographies et de témoignages retrouvés, l'auteur retrace doucement les pans de vie de sa mémé adorée, celle qui l'a choyé et protégé de sa mère défaillante, mais aussi le fil de sa propre vie.

Un ouvrage tendre et dur à la fois qui traite de la filiation, de la folie et des enfances difficiles, terribles cicatrices gravées en soi.
Commenter  J’apprécie          30
Merci à Babelio pour ce livre que j'ai reçu suite à une participation au défi d'écriture "Le Café littéraire".
L'hôtel de la Folie, c'est celui où ont vécu les parents de Pia Nerina, l'héroïne de livre; c'est aussi le lieu ou, à Naples, elle a été conçue. le roman dresse son portrait : celui d'une belle femme qui quitte l'Italie pour la France, se sert d'hommes d'argent pour vivre à sa convenance, a une fille qu'elle gâte trop, souffre par elle puis se suicide par défenestration quand elle est lassée d'être persécutée par celle-ci.
David le Bailly, petit fis de Pia Nerina, évoque sa belle aïeule et sa mère déséquilibrée dans une prose souvent inspirée. Il insiste aussi sur l'amour qu'il a éprouvé pour son étonnante grand-mère qui, de femme triomphante, semble être passée au rang de victime; et il s'en veut de ne pas l'avoir soutenu contre sa propre fille. Un roman/ récit aux accents terribles, servi par un beau sens de la narration, et d'émouvantes photos.


Commenter  J’apprécie          40
Finalement ce livre noté roman est une autobiographie. L'auteur raconte son enfance avec sa grand-mère qui va se suicider sous ses yeux. Remontant dans le temps il parle de cette femme étonnante, partie de rien ou presque et vivant dans le luxe et l'oisiveté. Retour à rebours pour écrire l'histoire de cette famille. L'Hôtel de la folie a peu à voir avec David, puisque c'était dans un appartement cossu qu'il a grandi entre deux femmes qui ont fini par se haïr, mais de la folie il y en a. On est avant la guerre de 1939 dans ce Paris de fêtes où les hommes sont peu de choses pour Pia et sa fille.
J'ai été un peu gênée par moment, ne sachant plus si l'auteur s'adressait ( dans ses souvenirs) à sa mère où à sa grand-mère. Mais on retrouve vite le fil.
Pia Nerina est au centre de ce roman, celle qui lui avait dit à 14 ans " débrouille-toi , tu es un homme maintenant " avant de disparaitre.
Vie bousculée, vie de violence, vie de drame cette femme a tout vécu.
J'ai bien aimé ce roman qui nous parle d'une époque, de relations difficiles, de familles. L'écriture coule toute seule. Quelques photos - pas très lisibles- sont incrustées dans le texte. Un roman hommage à cette grand-mère fantasque à laquelle l'auteur s'était raccroché, ayant une mère violente qui avait fait peu à peu naufrage.
Un nouveauté de la rentrée 2023 à découvrir. Passionnant.
Commenter  J’apprécie          150
S'affranchir des lois et des codes n'est pas sans conséquences sur les descendants.

David le Bailly sait manipuler l'écriture afin de nous mettre dans l'ambiance de ses émotions. Des phrases souvent très courtes pour donner un certain tempo, puis plus étoffées lorsque son esprit s'envole avec ce qu'il voit, devine ou découvre.
Son narrateur, David est le petit-fils d'une grand-mère adulée mais au final inconnue pour lui jusqu'à la mort de sa propre mère.
L'image s'ouvre sur le suicide, le 7 décembre 1987, de cette mémé, Pia Nerina. David la voit se jeter du balcon de l'appartement dans lequel ils vivaient tous les trois, lui, sa mère et sa grand-mère. Une vie en huit clos, complètement phagocytée et rythmée par la folie et la violence de sa mère. Lorsque celle-ci meurt, trente années plus tard, d'une maladie du foie, il est plongé dans les affres du rangement du lieu. Et c'est là qu'il éprouve le besoin de savoir, une fois pour toute ce qui se cachait derrière la vie de cette grand-mère et la folie de sa fille.
Avant cela et surtout parce qu'il était trop jeune il écrit :
« Nous vivions ensemble, inséparables, et ton passé, parce qu'il n'empiétait pas sur nos sentiments, ne me dérangeait pas. »
Et pourtant la tension que la mère impose, la peur qu'elle génère à chacun de ses retours dans l'appartement est palpable. David n'a que sa grand-mère pour survivre.
« La cuisine est la pièce où nous passons le plus de temps. J'aime connaitre la vie des gens du quartier, et sur eux je te pose toutes sortes de questions. Ou je te regarde sans rien dire, préparer les repas, faire la lessive. Ou je t‘écoute me chanter le petit Papa Noël de Tino Rossi. Ou je chaparde dans ton dos les biscuits que tu as planqués dans le garde-manger. le temps est infini, si lent qu'il me semble que je serai mort depuis longtemps quand viendra l'âge adulte. »

Parmi ce capharnaüm qu'il doit débarrasser, se trouvent des documents qui révèlent une partie de la vie falsifiée de cette mémé qui était son seul rayon de soleil. Dans chaque recoin ça sent le souffre (sens figuré) et le vomi (sens propre). Faux mariage, fausses dates de naissances, fausses adresses, période blonde et période brune. Comment est-elle passée de napolitaine sans le sou à cette sulfureuse jeune femme? Qui est cet espagnol Pyrrhus ? Qui lui a permis de vivre dans un aussi bel appartement du quartier de l'Etoile ? Et surtout, comment s'en sortir lorsqu'aucune photo ne comporte de date, de lieu ou de circonstances ?

Même s'il ne trouve aucune preuve d'amour, de promesses, de joie dans cet appartement, il va poursuivre ses recherches, avec un acharnement irrépressible, en quête de SA lumière, celle dont il a besoin. La fin du livre n'est pas comme une fin de roman classique, ce pourrait plutôt être la fin d'une étape de vie.

David le Bailly a bien fait de nous transmettre son autobiographie. Elle fera du bien à beaucoup de lecteurs ayant aussi maille à partir avec le passé, la vie menée par leurs ancêtres. Pour les autres, ça nous montre combien nous sommes chanceux de vivre dans la nôtre, peut-être pas parfaite mais nettement moins terrible que celle de David.
Commenter  J’apprécie          350

Le récit débute par la narration d'une scène bouleversante. Pìa Nérina, la grand-mère du narrateur, octogénaire, se jette par la fenêtre de l'appartement de l'avenue Montaigne dans lequel elle réside avec son petit-fils et sa fille. Ce dernier, âgé de 14 ans, est présent et assiste, impuissant, à ce drame qui va le séparer définitivement de celle qui fut son pilier et lui a prodigué tout l'amour que sa mère n'a jamais su lui donner. C'est précisément cette mère, instable, incompréhensible et insupportable qui va être à l'origine du geste désespéré de Pìa Nérina.
Dans ce beau texte, que l'on devine autobiographique, David le Bailly nous raconte cet étrange huis-clos dans lequel il a grandi, partagé entre la tendresse de sa grand-mère et la folie de sa mère, devenant de plus en plus envahissante et destructrice. Les mots et le ton sont justes et parviennent à nous faire ressentir l'atmosphère pesante et inquiétante qui envahit leur quotidien.
Un livre très personnel, dérangeant parfois et qui décrit parfaitement les drames que peuvent entraîner certains déséquilibres et certains dysfonctionnements au sein d'une famille.
Commenter  J’apprécie          32
Livre lu dans le cadre du prix littéraire de ma ville. Globalement j'ai plutôt bien apprécié ce livre. Il se lit rapidement, a une écriture fluide, le sujet est intéressant et l'enquête familiale nous happe. Toutefois, j'en reste frustrée de ne pas avoir de réponses sur certains points. de plus, il arrive que parfois l'auteur se répète et on peut trouver un poil rébarbatif.
Commenter  J’apprécie          00
Je l'ai lu très vite et j'ai aimé. J'aime les enquêtes généalogiques et j'aime les histoires vraies de gens dysfonctionnels, ça apprend des choses. Comment peut-on survivre à la folie de ces deux femmes, demi-mondaines, qui auraient pu vivre au 19e siècle et qui sont de notre époque ? C'est tout à fait étonnant et plutôt bien traité, avec des instants lumineux dans cet océan de désespérance.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
Commenter  J’apprécie          20
Aujourd'hui je vais évoquer Hôtel de la folie roman intime et familial de David le Bailly. le romancier et journaliste est notamment l'auteur de la captive de Mitterrand et de L'autre Rimbaud.
Le roman débute ainsi : « la fenêtre de la cuisine, ses battants grands ouverts. le vent glacé. Tes pantoufles sur le rebord du balcon. Tu t'es jetée et je hurle. Quelques minutes après – que s'est-il passé durant ce laps de temps ? –, j'aperçois par l'entrebâillement du portail ton corps chétif étendu dans la courette. Je n'ai pas le courage de m'approcher, de regarder. Il fait nuit et s'imprime à jamais cette date : sept décembre mille neuf cent quatre-vingt-sept. » le narrateur, David, se remémore la scène à laquelle il a assisté mutique à Paris quand il avait quatorze ans : le suicide devant ses yeux de sa grand-mère adorée, celle qu'il appelle mémé. Hôtel de la folie est comme une longue lettre à la défunte, le récit de l'enquête pour comprendre le volet maternel de sa famille et le destin à la fois merveilleux et tragique de cette femme napolitaine d'origine. David le Bailly fait un portrait très dur de sa mère mourante pour laquelle il n'a que peu d'affection et aucun amour. Son éducation enfantine il la doit à Pià, sa mère était déséquilibrée, absente, sorte de mère indigne peu préoccupée de la vie de son enfant. Il reconstitue avec tendresse et précision l'itinéraire de Pià Nerina, née en Italie puis venue en France où elle va vivre dans sa jeunesse des relations multiples et devenir l'amante d'un espagnol immigré. de nombreuses parts d'ombre ponctuent son parcours ; le petit-fils consulte les archives des recensements, retrouve les adresses où elle a habité et ajoute quelques photographies à son roman. Il écrit : « ce constat, Pià Nerina : jusqu'à ton emménagement avenue Montaigne, tu as vécu uniquement dans des hôtels, des meublés. de l'Hôtel de la Folie à l'Hôtel d'Angleterre, tu as navigué dans ces mondes souterrains, frayé avec une faune de personnages, prostituées, marlous, petits escrocs. Alcooliques et drogués. » Il scrute les lieux dans les beaux quartiers parisiens où elle a vécu et s'est installée avec cet appartement familial désormais décrépi. Il s'interroge sur le géniteur de sa mère puisque personne ne lui dit la vérité et il affirme : « tu as aimé Pyrrhus, soit. Mais qu'as-tu aimé chez lui ? L'homme qu'il était ou la vie qu'il t'offrait ? » Plus loin il ajoute comme pour expliciter le titre de l'ouvrage : « mais pourquoi la Folie ? La folie de qui ? Quelle folie ? Qui voudrait dormir dans un hôtel avec un nom pareil ? » Enfin dans cet ultime hommage aux vertus cathartiques et thérapeutiques il précise : « de ta vie et de celle de maman, je retiens ceci : en dépit des espoirs, des illusions, des prières, la folie est irrémédiable. Elle est partout, dans toutes les familles, viols, incestes, meurtres. » Avec une telle généalogie l'auteur a de quoi s'inquiéter et essayer de canaliser ses éventuels traumatismes.
Hôtel de la folie est un roman autobiographique, une sorte d'analyse pour comprendre le geste de la mémé disparue violemment et ses conséquences sur le développement de l'auteur. C'est un huis-clos fascinant et angoissant entre trois personnages avec haine, reproches et amour.
Voilà, je vous ai donc parlé d'Hôtel de la folie de David le Bailly paru aux éditions du Seuil.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          40





Lecteurs (241) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1734 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}