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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je suis ta Nuit de Loïc le Borgne est un thriller horrifique qui rend hommage à l'enfance et à la fin des années 80.
Une belle découverte ! J'ai adoré suivre cette bande de gosses de 10 ans poursuivis par une créature étrange et toutes les références à la culture de l'époque. Goldorak et les Jedi n'étaient jamais loin.

"Et surtout il y avait nos dieux : le Jedi Luke Skywalker, héros chevaleresque de la Guerre des Etoiles, et le prince Actarus, pilote de Goldorak, le plus balèze de tous les robots qui aient jamais peuplé la galaxie."

Si les héros sont très jeunes, le roman est pour autant destiné à un lectorat adulte. Ca fait flipper quand même et j'ai trouvé pas mal de scènes gores. le préambule de l'auteur est suffisamment explicite pour décourager la lecture à un jeune public.
" Je vais écrire ces jours enfouis. Une histoire de peur et de néant, mais aussi de rires et de lumière. Les premiers n'existent pas sans les seconds. C'est une éternelle dualité. Pas de vie sans mort, pas de beauté sans horreur, pas de magie sans maléfice."
On suit les gamins sur leur vélo ou au fond de la salle de classe alors qu'ils essaient de comprendre ce qui leur arrive et ce qui les poursuit. le côté horrifique est bien rendu surtout quand les adultes eux-mêmes sont parfois possédés par l'entité maléfique.

L'auteur écrit sur l'enfance et le pouvoir de l'imagination, l'amitié naïve et sans réserve que partagent ces enfants. Toutefois, les sujets graves sont abondants. J'ai pensé par moment à Ca de Stephen King.

Un de mes coups de coeur de cet été ! Loïc le Borgne réinvente avec brio le croquemitaine.
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Paru à l'origine en 2008 chez Intervista, « Je suis ta nuit » a fait l'objet de plusieurs rééditions, d'abord chez le livre de poche en 2010, puis chez ActuSF à l'été 2020. de Loïc le Borgne, j'avais déjà eu l'occasion de découvrir l'excellent « Hysteresis », un roman post-apo mettant en scène la vie d'une petite communauté du fin fond de la Sarthe après la fin du monde. Bien que dans un style très différent, « Je suis ta nuit » a suscité chez moi le même enthousiasme et se sera révélé un formidable coup de coeur. le roman met en scène un père qui, démuni face à la détresse de son fils suite au suicide d'une de ses amies, décide de prendre la plume pour lui raconter les terribles événements dont il a été acteur et témoin alors qu'il n'était lui-même qu'un enfant. le récit prend place en 1980, dans le petit village breton de Duaraz, où une bande de six enfants, cinq garçons et une fille, s'amusent à faire les quatre-cent coups et entendent bien profiter de leur dernière année avant leur entrée au collège. Leur insouciance ne va cependant pas tarder à voler en éclat lorsqu'une série d'événements plus étranges les uns que les autres vont venir perturber la petite vie paisible de ce village. le premier avertissement a lieu lorsque la bande tombe par hasard sur un cadavre atrocement mutilé à proximité du chemin de fer. Et puis, très vite, les bizarreries s'enchaînent, plongeant les enfants dans la terreur. Il y a par exemple ces animaux au comportement étrange et agressif qui semblent subvenir de nul part. Il y a aussi ces gens qu'ils connaissent depuis leur enfance et qui, d'un seul coup, se mettent à avoir un comportement totalement incompréhensible au point d'en devenir menaçant. Et puis il y a cette sensation de ne plus être en sécurité qui ne quitte pas Pierre, le narrateur, qui comprend instinctivement que quelque chose de terrible est en train de se passer. Pour Maël, le chef de la bande, tous ces mystères n'ont qu'un seul et même responsable : le Bonhomme Nuit, une sorte de Croque-mitaine dont la cible ne serait autre que notre héros et sa bande.

Présenté ainsi, on serait tenter de penser que le roman pourrait parfaitement convenir à un public de jeunes adolescents désireux de s'offrir un petit moment frisson. Or, contrairement à ce qui se fait d'ordinaire aujourd'hui, le fait que le héros soit un enfant de dix ans n'implique absolument pas que l'ouvrage est à destination d'un jeune public. C'est même plutôt l'inverse, dans la mesure où la gravité et la subtilité des thématiques traitées, de même que la dureté du sort réservé à certains personnages, rendent à mon sens presque impossible la lecture du roman par des enfants du même âge. Ne vous y trompez donc pas, en dépit d'une intrigue qui paraît s'inscrire dans la lignée des meilleurs « Club des cinq », le roman s'adresse bel et bien à un lectorat adulte et ne cherche à aucun moment à édulcorer les événements dramatiques dont sont victimes les protagonistes. Les nombreuses références culturelles aux jeux, films ou livres à la mode au début des années 1980 constituent un autre indice du public ciblé par le roman qui a pour principal effet de faire remonter chez le lecteur une bouffée de nostalgie à l'évocation des héros de Star Wars ou de Goldorack, des parties de billes, ou encore de ces oeuvres littéraires que la plupart d'entre nous avons pu étudier dans notre propre enfance (« Robinson Crusoé » ; « Sa majesté des mouches » ; « Le lion »…). le roman apparaît ainsi comme un vibrant hommage à l'enfance, à l'innocence qui lui est associée et à la capacité des enfants à accepter la réalité de choses qu'ils ne comprennent pas, quand des adultes se contenteraient de se mettre la tête dans le sable. Si le texte se révèle aussi prenant émotionnellement, c'est aussi et surtout parce que l'auteur s'attache à décrire la perte de cet émerveillement permanent propre à l'enfance. le deuil, le viol, la souffrance physique, le désespoir, le suicide… : autant de thématiques difficiles abordées ici par Loïc le Borgne qui ne tombe jamais dans l'écueil du sensationnaliste mais fait au contraire preuve de beaucoup de sensibilité et de poésie.

Parmi les autres qualités qui sautent aux yeux à la lecture du roman, il faut bien évidemment mentionner l'habilité de la construction narrative qui donne à ce livre des allures de page-turner. Difficile en effet de réfréner son envie de faire défiler les pages encore et encore tant le désir de savoir est grand, et la tension nerveuse des personnages contagieuse. Impossible de ne pas frissonner à la lecture des épreuves affrontées par Pierre et ses amis tant l'auteur sait s'y prendre pour faire se dresser les poils du lecteur. La nuit et ses ombres, des bruits suspects, des sensations physiques émoussées, l'horreur qui s'insinue soudainement dans les situations les plus banales et les plus rassurantes du quotidien… : tout est bon pour attiser l'angoisse, et il faut reconnaître que cela fonctionne à la perfection. L'intensité de ce sentiment de danger permanent savamment entretenu par l'auteur s'explique aussi par l'attachement profond que Loïc le Borgne parvient à faire naître à l'égard de ses protagonistes. Pierre, le narrateur, est évidemment celui dont on se sent le plus proche, et sa gentillesse, sa volonté de protéger ses proches et sa loyauté ne peuvent que nous inciter à le trouver sympathique. Il en va de même des autres membres de la bande qui, bien que pouvant paraître un peu caricaturaux au début du roman (le copain « gros-bras » et un peu simplet, la fille au centre de l'attention de tous, le petit frère encombrant…) évoluent tous de manière différente et se complexifient au fur et à mesure qu'avance l'intrigue. La disparition de certains d'entre eux n'en rend le récit que plus poignant, et permet à d'autres, plus en retrait au début de l'histoire, d'être davantage mis en avant. La conclusion est à l'image de l'ensemble de l'oeuvre, cruelle et poétique, et nous laisse avec un sentiment de profonde mélancolie.

« Je suis ta nuit » est un roman sombre et angoissant mais aussi lumineux et poétique qui met en scène le passage prématurée à l'âge adulte d'un groupe d'enfants dans lesquels chaque lecteur pourra sans aucun doute se reconnaître. Un gros coup de coeur à découvrir d'urgence !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Ohlala ! Que dire de ce livre que j'ai devoré en quelques jours ?!
Du suspense, de la peur, de la rigolade.. tout pour aprecier un roman! J'ai vraiment flipé par moment mais j'ai adoré et compte vraiment le relire ! A lire absolument!
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Il m'aura fallu attendre ce mois d'octobre et ses lectures halloweenesques pour découvrir mon seul et unique coup de coeur de 2020 ! Si j'ai beaucoup aimé un certain nombre de livres, et encore pas tant que ça, le coup de coeur se faisait vraiment attendre. Il est enfin là et vous n'allez pas le croire, c'est pour un ouvrage dont la première édition date de 2008. ActuSF l'a réédité en juin dernier et c'est grâce à Babelio que je le découvre aujourd'hui. Ce petit bijou, c'est Je suis ta nuit, de Loïc le Borgne.

En tant que fan de S. King dont j'ai lu tous les écrits, je suis extrêmement sensible à certaines histoires. Entendez par là que, si j'adore baigner dans le même genre d'atmosphère, je suis aussi assez prompte à crier au plagiat. Un champ de maïs, des voix qui s'échappent de canalisations, des égouts, un clown et des ballons… Tout cela a très vite fait de m'agacer prodigieusement. Alors quand le bandeau publicitaire de Je suis ta nuit m'annonce une bouffée d'angoisse entre Stranger Things et Stephen King, j'ai peur, j'ai très peur. Et en même temps, je suis curieuse…

Alors oui, on est tout à fait dans une histoire à la King et pourtant, nous sommes en Bretagne, dans une petite ville du nom de Duaraz, confrontés à une légende locale, celle du Bonhomme Nuit. Autrefois en effet, dans la région de Saint-Brieuc, on disait aux enfants que le Bonhomme Nuit viendrait les chercher s'ils n'étaient pas sages. C'est un genre de croque-mitaine, qui va s'attaquer à une petite bande d'amis de onze ou douze ans. Pourquoi eux ? Je ne le dirai pas ici, ce serait dommage de vous spoiler, sachez seulement qu'il y a une excellente raison.

Vous retrouverez dans ce livre tout ce que vous avez pu aimer chez King : l'amitié, l'entraide, la force de l'innocence, la puissance de l'imagination, la nostalgie de l'enfance et de cette époque. Sans oublier les créatures surnaturelles et le Mal avec un M. Mais au fond, vous verrez, comme souvent chez King, c'est de la réalité que survient l'horreur, même si elle se manifeste sous les traits d'une créature fantastique.

Vous y trouverez aussi tout ce que vous avez aimé dans la série Stranger Things : des tas de références aux années 80 en France, le premier Star Wars, Goldorak, Albator, Casimir, G.I. Joe, et j'en passe. J'avais sept ans en 1980, et j'ai connu et aimé tout ce que Loïc le Borgne mentionne dans son roman, ce qui explique peut-être ce coup de coeur, d'ailleurs. Il y a aussi la voix de Pierre, qui nous raconte son histoire et celle de ses copains, qui sonne tellement juste que je me suis sentie téléportée des années en arrière.

C'était vraiment chouette ! Un Club des Ratés made in France aux personnages attachants, une intrigue originale, parfaitement maîtrisée et une plume hyper évocatrice. C'est ça, Je suis ta nuit, et je vous le recommande chaudement, vraiment.
Lien : http://etemporel.blogspot.co..
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La parution de Je suis ta nuit de Loïc le Borgne par les éditions ActuSF a été décalée d'avril à juin. le roman avait auparavant été édité par Intervista en 2008, puis en livre de poche en 2010. le roman était paru dans la collection 15-20 aux éditions Intervista mais il convient également aux adultes, surtout ceux ayant la nostalgie des années 80.

Le roman est raconté à la première personne par Pierre, sous forme de témoignage. En effet, Pierre se retrouve démuni face à la peine de son fils dont la meilleure amie vient de se suicider. Pour l'aider à surmonter cette épreuve, il lui raconte le drame qui a mis fin à son enfance. Au tout début des années 80, Pierre, âgé de 11 ans, mène une vie tranquille dans un petit village breton. Il accueille sereinement la fin de l'école primaire et se prépare à passer l'été avec sa fidèle bande de copains. Maël devenu le meilleur ami de Pierre, est venu agrandir la bande il y a peu de temps. Bientôt des événements étranges vont perturber le petit village. Tout commence par la découverte d'un cadavre mutilé puis les choses s'enchainent très vite, plongeant le village dans l'horreur. Tout semble tourner autour d'une vieille légende, celle du Bonhomme Nuit.

Le récit est raconté par un adulte qui se souvient de l'été de ses 11 ans, âge où on sort de l'enfance petit à petit. Tout est narré selon son point de vue et les souvenirs très vivaces qu'il en a. Cette narration rend le récit dynamique et permet de voir clairement ce que ressent Pierre. On vit l'histoire avec lui, on souffre et on a peur avec lui. On ressent également l'horreur de la situation et les difficultés des parents pour expliquer les choses à leurs enfants. L'ambiance des années 80 est également très bien rendue. Quiconque a grandi dans ces années retrouvera forcément des souvenirs familiers. Cette plongée dans les divertissements des années 80, entre Star Wars et Goldorak, sert l'histoire, elle a une part majeure dans l'intrigue. Elle apporte à la fois de la nostalgie au roman mais porte aussi l'histoire.

Une bande de gamins dans les années 80 faisant face à une créature étrange, cela semble familier et déjà vu. Cela rappelle Ça de Stephen King. le roman reprend d'ailleurs des thématiques communes comme la fin de l'enfance, le monde de l'enfance face à celui des adultes, la cruauté des adultes. Cependant, Je suis ta nuit n'est pas une pale copie du roman de Stephen King. Un des éléments marquants du livre est l'utilisation du surnaturel qui est faite par Loïc le Borgne. le roman appartient clairement au genre fantastique dans la mesure où tout est fait pour faire douter le lecteur de la réalité de ce qui est raconté. Les personnages sont enveloppés par des événements trop difficiles à gérer pour eux, ils sont pris en étau par des faits qui les dépassent, par une douleur impossible à supporter. Loïc le Borgne propose un roman sans concession, un texte particulièrement âpre et dur, où l'horreur peut prendre plusieurs formes. Ce qui est d'autant plus marquant étant donné l'âge des personnages principaux.

Le récit est marqué par un suspense macabre qui tient vraiment le lecteur en haleine jusqu'à la toute fin. La fin du roman est d'ailleurs particulièrement brillante, tout en finesse après une montée de l'horreur bien gérée. le dénouement du récit marque longtemps les esprits, met mal à l'aise, apporte son lot de questionnements sur tout ce qui a été raconté auparavant. C'est parfaitement maîtrisé. L'intrigue est très bien menée et l'écriture de l'auteur fluide et imagée, il retranscrit très bien cette ambiance si particulière. La forme du récit souligne ainsi très bien l'histoire, tout en nuance en gardant une part de noirceur importante.

Je suis ta nuit est ainsi un roman à la construction parfaitement maîtrisée sur le thème des chutes de l'illusion de l'enfance. L'ambiance des années 80 et l'amitié entre les enfants sonnent juste. On se laisse facilement happer par ce récit à la fois sombre et émouvant. Une belle réussite au dénouement marquant!
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Ce livre est, pour l'instant, mon livre préféré.
Certes il n'est pas parfait, mais il est l'un des premiers à m'avoir marqué quand j'avais 12-13 ans. Je l'ai relu maintenant que j'en ai bientôt 18 et je l'aime toujours autant.
Dans le style de Stephen King, le dénouement est brillant et rien que pour celui-ci il mérite d'être lu. C'est un roman fantastique, qui aborde ce thème intéressant des chutes de l'illusion de l'enfance, et qui montre donc des protagonistes qui balancent entre cet âge d'or et une maturité qu'ils sont forcés d'assumer. L'atmosphère est réaliste et nous plonge sans mal dans l'oeuvre. Mais croyez-moi, sans vouloir en dire trop, il est bien plus profond qu'un roman fantastique...
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💖COUP DE COEUR💖
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Je suis ta nuit est un roman troublant, perturbant. C'est un roman pour adultes mais qui raconte une histoire d'enfants, celle de Pierre et de ses amis , qui pendant l'été 1980, ont vécu des choses horribles. Tout a commencé avec la découverte d'un corps atrocement mutilé et puis tout s'est enchaîné, plongeant la bande de copains dans l'angoisse et la peur.
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C'est rythmé, on ne s'ennuie pas un seul instant, on est dans un roman de science-fiction où une entité maléfique s'en prend à tout le monde.
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C'est un roman dont il est difficile de parler sans risquer de trop en dire et qui vous enlèverait toute la saveur de cette lecture. Il y a très peu de romans qui peuvent se vanter d'avoir marqué ma (longue) vie de lectrice et ce roman en fait partie indéniablement. J'ai adoré cette lecture où l'auteur m'a baladée complètement, où je n'ai absolument pas vu venir la claque monumentale que je me suis prise en fin de lecture et le pire c'est que c'est très intelligemment amené et qu'on en ressort complètement bluffé et terrifié aussi.
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Je n'ai qu'une chose à dire : LISEZ-LE !!!!
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Beaucoup d'entre vous l'auront peut-être lu alors que vous étiez jeunes. Une amie m'a même dit qu'elle l'avait trouvé « terrifiant » et qu'il l'avait limite « traumatisée ». Il est vrai que ce roman n'est pas forcément à mettre entre toutes les mains adolescentes, mais il peut indéniablement plaire à un très large public. Beaucoup lui reproche la ressemblance avec Ça de King, mais j'y vois plutôt un hommage, à l'image de Stranger Things qui reprend énormément de codes de ces romans d'horreur des années 80.

MON RESUME

Duaraz, en Bretagne, été 80. Ils sont six enfants : Maël, Pierre, Mélanie, Francis-Emmanuel, Sébastien et Karl. Six enfants à jouer au casse bouteille près d'un wagon abandonné et à trouver le cadavre d'un homme mutilé, sans lèvres, sans sexe et sans doigts. Pour eux c'est le début d'une longue descente aux enfers, où l'innocence de l'enfance peine à les maintenir dans la lumière alors que l'obscurité leur tend les mains. Peu à peu, des événements inexpliqués s'emparent de leur petite ville de Bretagne et entre les rires, l'école et les escapades à vélo, il leur faudra avoir le coeur bien accroché et croire. Coûte que coûte.

MON AVIS

Mais quelle belle idée ont eu les éditions ActuSF en republiant ce roman de 2010. Avec tout l'enthousiasme autour des adaptations des romans de King et le succès de la série Stranger Things, celui-ci s'inscrit de nouveau avec brio dans l'air contemporain et les frissons que les adolescents recherchent. Un livre coup de coeur dont j'ai envie de parler en long, en large et en travers. J'espère que je ne vous perdrai pas en cours de route 😉

Pour parler de ce roman, il faut sans doute commencer par planter le décor de ce petit village de Duaraz, fac similé de Betton, en Ille et Vilaine, non loin de Rennes. Une petite bourgade qui a poussé telle quelle, où tout le monde se connaît ou presque mais où il reste encore quelques lieux à explorer, des ruines à trouver, et une église telle une tour de Pise ou l'une des Tours Jumelles comme le révélera l'auteur sur son blog. Mais plus que tout c'est une petite ville bretonne, au coeur des mythes et légendes qui peuplent cette contrée que j'affectionne tant, dont la légende du Bohomme nuit, croque mitaine locale, l'équivalent du Père Fouettard. « Si tu n'es pas sage, le Bonhomme nuit viendra t'emporter ». Voilà pour le décor.

Ensuite vous prenez une petite bande d'amis d'enfance des années 80 avec Star Wars, ou Albator en arrière plan, Big Jim et Action Joe entre les mains et Patti Smith en bande sonore. Et puis des vélos, voire même un vélo rouge pour que la ressemblance avec King se fasse un peu ressentir. Une bande de potes donc, de onze ou douze ans, soudés par le nouvel arrivant, Mäel Dulac, des airs ombrageux mais l'air de savoir commander. Des enfants toujours là pour s'entraider, imaginer des univers entiers avec leurs yeux étonnés, et oscillant sans cesse entre le rire et la moquerie, les éclats et les larmes. Et puis les bêtises aussi. Les rires qu'on étouffe pendant les sermons à la messe sous les yeux irrités du prêtre, mais pas trop parce que ça fait quand même un peu d'animation. Les bouteilles qu'on casse pour s'amuser. Les baisers que l'on vole pour jouer.

Et pour finir, une ambiance étonnante, progressivement flippante, oscillant entre creepy, glauque et carrément dingue. Commencez par des cloches de Pâques noires qui larguent des trucs pas sympas derrière l'église et que le petit frère peut « voir », continuez avec un cadavre mutilé, puis des animaux devenus fous, et tout un tas d'accidents pas franchement sympas. Mâtinez tout cela d'une bonne dose de fantastique (mais en est-ce vraiment ?), d'un gros brin de folie, et saupoudrez de sang, de meurtre et de ténèbres. J'ai adoré de bout en bout. Même si c'était sombre, même si ça peut faire flipper, même si parfois c'est presque dérangeant. J'ai deviné certaines choses aussi, mais pas tout, me laissant surprendre par ce mélange de fantastique et d'horreur qui ne s'éloignait pourtant jamais vraiment du réalisme terrifiant de l'humanité

L'ensemble du roman est raconté par Pierre, qui, alors que son fils fait face à la mort d'une de ses amies, sent remonter des souvenirs sombres de son enfance. L'histoire du Bonhomme Nuit et de sa bande d'amis qui ont dû faire face à des choses horribles bien trop tôt. Alors il la raconte, avec un recul qui fait un peu du bien, on sent le rire, la joie, l'ironie alors qu'il se remémore certains moments mais aussi la terreur quand ils deviennent insoutenables. L'écriture est très bien dosée. Certain.e.s l'ont trouvé trop juvénile mais moi absolument pas, au contraire. le juste milieu que l'auteur a trouvé entre la voix de cet enfant de onze ans toujours coincé à l'intérieur de cette homme désormais mûr, est PAR-FAIT.

Le mélange des genres peut sembler brouillon si on cherche à tout prix à catégoriser, classer, lisser un roman finalement très complexe à destination des adolescents et plus encore. Je pense que c'est ce qui permet aussi à ce genre d'histoire d'avoir un impact sur son lecteur sans être traumatisante, et sans prendre non plus, les enfants pour des êtres fragiles et innocents à préserver de la noirceur du monde. Je suis ta nuit en dit un peu, des choses horribles, atroces, des choses qui ne devraient jamais arriver mais qui arrivent tout de même. Je n'en dirais pas plus, ce serait spoiler cette fin que j'ai trouvé très bien, très belle, et qui m'a fait pleurer aussi.

Que pourrais-je dire d'autre si ce n'est que c'est un coup de coeur énorme, immense, et assez surprenant ? Peut-être devrais-je préciser que ce roman n'est pas nécessairement à mettre entre toutes les mains mais quand on parle de meurtres atroces et d'horreur, je suppose qu'on le sait déjà.

EN RESUME

Je suis ta nuit est un roman époustouflant, mélangeant avec une rare élégance les genres de l'horreur et du fantastique tout en se raccrochant à un réalisme parfois terrifiant. Tout rappelle à la fois la lumière et les ténèbres de l'humanité et la façon dont les hommes s'y noient parfois, avec un merveilleux sens de la mise en scène et de la métaphore. du fantastique, de l'horreur, une bande d'amis, des vélos qui grincent et des lampes torches sabres lasers, de quoi former un coup de coeur génialissime. Ais-je oublié de dire que je le conseillais à 20000% ?
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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J'avais 16 ou 17 ans lorsque j'ai lu mon premier Stephen King, Carrie, et ce fut une révélation : j'adorais les livres d'horreur ! Et bien je peux vous dire que j'aurai adoré de la même façon ce Je suis ta nuit de Loïc le Borgne. Ce roman est étiqueté "pour ado"... ben personnellement je préciserai pour ado mûr hein, parce que ma comparaison avec LE King n'est pas anodine du tout, on n'est vraiment pas loin de Ça ! Je suis ta nuit est noir et violent.

Le roman commence dans une ambiance floue qui suscite bien des interrogations. Pierre, le narrateur est le père d'un ado et on comprend à demi mot que sa femme est décédée. Il veut aider son fils à affronter la mort par suicide d'une de ses amies, mais on ne sait pas grand chose de ce suicide non plus. Pour aider son fils, il va lui raconter par écrit cet été de 1980, alors qu'il avait 12 ans, et que lui et ses amis sont sortis de l'enfance... avec fracas !

Le récit de cet été pour le moins mouvementé, est entrecoupé de passages du narrateur adulte qui commente, analyse rétrospectivement, voire de façon anticipée, le récit du gamin... S'installe donc un récit à double niveau qui ne fait qu'augmenter l'angoisse que l'on ressent. Quand le narrateur adulte vous dit « le cadavre du wagon, c'était la première bourrasque, mais nous ne le savions pas. le corbeau serait la deuxième, et la messe, la troisième. Après ces trois coups, le rideau s'ouvrirait et le vent balaierait notre enfance.» alors que vous venez d'être secouée par cette histoire de cadavre, ben non seulement vous faites gloup's, mais en plus vous frémissez à l'approche du moindre corbeau !

La suite sur le blog ;)
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Été 80, Pierre, 11 ans, vit dans la petite commune bretonne de Duaraz. Un jour, alors qu'il s'amuse avec avec sa bande de copains à lancer des bouteilles, ils tombent nez à nez avec le corps d'un homme nu sans lèvres, sans mains et sans sexe. Cette macabre découverte va mettre toute la ville en émoi. Or, lorsque d'autres faits étrange étranges vont survenir à leur tour, un vent de panique va s'abattre sur cette commune sans histoires et sur ses habitants. Pour Pierre et ses amis, cela risque de sonner le glas de leur innocence, enfin s'ils survivent à l'été...

Avec Je Suis Ta Nuit, Loïc le Borgne signe un roman d'épouvante très réussi. Avec beaucoup de justesse, il revisite ici nos peurs d'enfant. Ainsi, la peur du noir et celle du croquemitaine viennent se heurter à une réalité effroyable et sinistre. Ces terreurs enfantines sont propices à une imagination fertile. Loïc le Borgne s'en sert d'ailleurs allègrement pour flouter la frontière entre la fiction et la réalité. On découvre la menace à travers les yeux de Pierre mais jusque dans les dernières lignes de ce livre, on s'interroge sur la part de rêve et de vérité de ce que l'on voit. C'est toute la force de ce récit qui joue sur nos émotions en faisant naître et monter crescendo un sentiment de malaise qui évolue vers une pure terreur. Je Suis Ta Nuit est un roman sombre qui donne la chair de poule. Ce livre fout les jetons et pas seulement à cause des phénomènes paranormaux qui surviennent à Duaraz après la découverte du premier cadavre. Même si je vous l'accorde, l'attaque de corbeaux, l'invasion de scarabées et la cécité collective de quelques minutes ont de quoi ébranler même les esprits les plus cartésiens. Mais quand cette noirceur révèle un mal plus terrifiant encore, celui qui entache l'humanité, il y a de quoi courir dans les couloirs en hurlant.

Derrière le fantastique de son texte, Loïc le Borgne explore les blessures que les adultes peuvent faire aux enfants. Que ce soit suite à des abus ou à une inertie, beaucoup de mineurs sont victimes de ces adultes censés les protéger. L'auteur met en lumière ces traumatismes qui prennent racines dans l'enfance pour exploser souvent à l'âge adulte. L'innommable donne souvent naissance à l'horreur. La violence devient ainsi le seul moyen d'expression.

Mais Je Suis Ta Nuit dégage également une certaine légèreté du fait que les héros sont encore très jeunes. Ils s'accrochent encore à leur innocence. En cela, ils n'oublient pas de rire et de jouer. A travers eux, Loïc le Borgne fait un clin d'oeil à sa propre enfance des années 80 en multipliant les références aux dessins animés et aux films qui ont bercé cette génération comme Star Wars ou Goldorak. C'est d'ailleurs en incarnant un Jedi que Pierre trouve la force d'affronter les démons qui s'agitent autour de lui. On se sent proche de ses enfants qui grandissent à une époque charnière. Elle annonce une ère de modernité qui sera marquée par le numérique. Je Suis Ta Nuit nous immerge dans une Bretagne inspirée de lieux existants et agrémentée du folklore local. Cela donne au livre une certaine authenticité qui est bien appréciable.
Je Suis Ta Nuit est le genre de roman qui vous happe dès les premières pages et vous laisse complètement sonné grâce à son atmosphère terrifiante propre à engendrer des cauchemars. On apprécie autant son suspense glaçant que son univers teinté d'un brin d'ésotérisme. A l'avenir, lorsque vous scruterez les coins sombres, veillez bien à ce que le Bonhomme Nuit ne s'y trouve pas... plus d'infos sur Fantasy à la Carte


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