Cassidy avait déjà affronté des scènes comme celle-là.Des syndicalistes en colère avaient frappé du poing sur son bureau en bois de rose,des concurrents battus lui avaient montré le poing,des filles ivres l’avaient traité d’obese.Mais pour finir il était toujours resté maître de ce genre de situations,survenant pour la plupart sur un terrain qu’il avait déjà acheté au milieu des gens qu’il avait encore à payer.La situation actuelle était tout à fait différente,et ni le whisky ni son regard embrumé ne faisaient rien pour améliorer sa réaction.
C’est la même chose à Londres,rencherit Cassidy,accueillant avec empressement son sujet de conversation favori.On peut leur téléphoner,leur écrire,prendre un rendez-vous,ça ne change absolument rien.Ils viennent quand ils veulent,ils prennent ce qu’ils veulent.
Les salauds.Bon dieu,mon grand-père les aurait tous cravachés.
Il n'existe pas de méthode établie ,même pour un formaliste de la trempe de Cassidy ,pour saluer une dame de noble extraction qu'on vient de rencontrer nue dans un couloir. Il parvint tout au plus à un grognement porcin ,accompagné d'un sourire pâle et figé et d'un plissement des yeux ,tout cela conçu pour indiquer à ceux qui connaissaient son code de signaux qu'il était un myope à la libido peu développée se trouvant en présence de quelqu'un qui , jusque là avait échappé à son attention.