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3,63

sur 213 notes
Ce roman aurait pu s'appeler Dodo. Dodo, c'est ce sublime clochard céleste dont la parole est un bijou littéraire en soi, une performance d'écriture, un personnage que l'on n'oublie pas. Mais le dodo c'est aussi cet oiseau endémique de l'île Maurice, un peu gauche et étrange, disparu au XVIIe siècle. Le dodo est devenu un symbole, un lien vers le passé, et dans le roman il est autant une quête qu'une métaphore pour l'autre personnage principal du roman, sorte d'alter-ego de l'écrivain. Ainsi, tout revient à Alma, ce paradis perdu sur l'île Maurice. Alors, Alma, Dodo, l'un ou l'autre de ces noms courts percute et ponctue ce récit poétique et inspiré, mâtiné de créole, traversé par des personnages - des figures ! - aussi remarquables que tristes, aussi drôles qu'improbables.
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Alma est le premier ouvrage de J.M.G. le Clezio que je lis. Choisi par mon club de lecture pour la prochaine réunion, je ne pouvais pas reporter sine die sa lecture comme je l'ai fait pour deux autres ouvrages de l'auteur "oubliés" dans ma PAL. Ce fut une lecture très intéressante pour moi qui pensais ne pas être une lectrice assez compétente pour la comprendre et l'apprécier. Le Clezio m'apparaissait comme inabordable !

Le roman est composé principalement de deux récits qui s'entrecroisent.

Celui de Jérémie, double de l'auteur. Il séjourne à Maurice sous le prétexte d'écrire un mémoire sur la pierre de gésier. En réalité pour découvrir l'histoire, la nature de l'île, et la disparition de Dodo, l'oiseau exterminé par les humains, mais aussi "pour recoller les morceaux d'une histoire brisée, celle des Felsen de l'île, à présent aussi éteints que l'oiseau lui-même..." et celui de Dominique, surnommé Dodo, le clochard céleste", un Felsen issu de la "mauvaise branche". Particulièrement intéressant dans le récit de Dodo son séjour en France.

les récits sont enrichis de rencontres, particulièrement Aditi et Krystal pour Jérémie, Bechir et la jeune fille aux cheveux bleus pour Dodo. Sont abordés des problèmes sociaux comme la pauvreté, la prostitution, l'exclusion, et pour le passé les fortunes des propriétaires, l'exploitation et le traitement inhumain des esclaves. A peine évoqué la richesse actuelle de l'île, le tourisme international.


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Éblouissant. Par le fond et par la forme.
La quête mémorielle de ces deux hommes si proches et que tout, pourtant, sépare, dans le temps, l'espace et la fortune.
La description, sans moralisme et sans pathos de l'horreur esclavagiste, description qui, par sa simplicité même, nous cingle comme le fouet.
La nostalgie d'un temps où l'île, son île, eut pu être un paradis que la cupidité naturelle de l'homme s'est chargée d'anéantir.
On ne pourra pas oublier Dodo, le clochard magnifique, couvert de haillons, rongé par la vérole mais porteur de la mémoire d'un lieu et de sa magnificence.
Et tout cela est porté par une langue sans artifice, sans affeteries mais ample, lumineuse, limpide comme l'eau de cette cascade où Aditi va mettre au monde son enfant.
Un grand moment de lecture.
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Quel dommage. Alma n'aurait pas dû être un livre mais un film ou une série. le roman est trop décousu, peine à s'installer puis se casse pour passer d'une histoire à une autre perdant sans cesse le lecteur. C'est frustrant quand on sait à quel point l'histoire de Dodo est poignante. Une oeuvre sans aucun doute, mais dont la forme lui dessert beaucoup.
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Donner trois étoiles à Le Clézio, cela tient du sacrilège. J'ai une telle admiration pour cet auteur et pour son oeuvre que je tremble en écrivant ces lignes. Pourtant, il m'en voudrait de tomber dans la flagornerie, de ne pas lui dire ce que je pense... d'être un vil esclave de sa notoriété brillamment acquise. Certes, la langue est magnifique. Il y a une musique, unique, à chaque détour de phrase. L'histoire, elle, ne m'a pas convaincu. le chassé-croisé entre l'oiseau disparu et le petit garçon défiguré m'a semblé artificiel, seulement porté par leur nom commun : dodo. Ce n'est pas suffisant à mon goût. La quête, le monde disparu, la nostalgie d'une époque, la violence d'une autre et le désir bien entendu... les thèmes sont là mais ils se télescopent. J'ai refermé le livre avec l'impression d'être passé à côté d'un mystère. Une sensation peu agréable.
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Son désert m'avait brûlé les rétines, Onitsha m'avait hypnotisé. J'ai cherché Nadja Nadja dans la fumées des cigarettes, dans la plus infime brume et dans les gouttes de pluie. C'est donc avec une certaine attente que je suis parti en voyage à Alma. Pour ne rien cacher, je ne pense pas avoir tenu entre mes mains le meilleur Le Clézio.

Le parallèle entre l'oiseau dodo aujourd'hui disparu et la trajectoire du merveilleux clochard, du Hobo du même nom n'est pas inintéressante, mais Le Clézio nous offre avant tout le dessin d'un monde en décrépitude entaché d'une certaine sordidité où les jeunes femmes vendent leur corps à la sortie des boîtes de nuit ou auprès d'hommes de passage pour échapper à un quotidien lassant et misérable.

Le Clézio revient non pas à la source de toutes les vies, mais certainement aux racines de la sienne au travers de ce récit de famille, de la famille Fersen, anciens sucriers et esclavagistes.

J'ai largement préféré ses récits qui flirtaient avec le mythe et la légende.
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C'est le premier roman de le Clezio que j'ai lu et je l'ai fort apprécié. Il parle du colonialisme et de ses conséquences, de l'esclavage et de la recherche de ses racines...
Un homme séjourne à Maurice pour retrouver des noms, ceux de ses ancêtres et pour comprendre d'où il vient. A travers les personnages secondaires et leurs trajectoires, le roman dépeint l'envers du décor de cartes postales. Certaines descriptions sont magnifiques (celles de la forêt et de la cascade) et j'ai beaucoup aimé le personnage marginal du livre, Dodo, qui dort dans les cimetières et finit sa vie en France au bord de la méditerranée.
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Le récit que nous livre Le Clézio nous livre est d'une infinie fluidité, soyeux et coloré de multiples teintes. On circule dans l'ïle Maurice grâce aux deux personnages principaux Jérémie Felsen qui va de la France vers Maurice et l'autre de Dominique (dit Dodo) Felsen de Maurice vers Paris. Car si JMJ le Clézio est né à Nice, il a la double nationalité par son père qui est né à Maurice. Sa famille paternelle occupait là-bas une grande maison qui s'appelait Eurêka, qui a été désertée pour des raisons économiques. "La France est ma patrie d'élection pour la culture, la langue, mais ma petite patrie, c'est l'Île Maurice, le lieu le plus proche de moi. Quand j'arrive là-bas, j'arrive chez moi", dit-il. Nous ne sommes donc pas loin de Alma, la belle demeure des Felsen. Je n'ai pas lu les autres romans de le Clézio qui doivent quelque chose à l'ïle Maurice mais il y en a beaucoup : « Chercheur d'or », « le procès-verbal » (1er roman publié qui lui a valu le prix Renaudot en 1963), « Voyage à Rodrigues », «La quarantaine », « La ritournelle de la faim » « Révolution » '
Dodo parle en partie en créole, mais surtout au présent, tant la temporalité est compliquée pour ce personnage rongé par la syphilis. Il vit au jour le jour sans avenir ni passé, et pourtant il repasse régulièrement à la craie le nom de ses parents qui s'efface sur leur tombe. le livre démarre d'ailleurs par une litanie de noms, une manière de faire mémoire des habitants de Maurice. Il n'a plus de paupières et qui ne dort plus. Il ne peut plus fermer les yeux sur le paradis qui se délite, rongé par la culture de la canne à sucre puis par le tourisme.
Jérémie (qui porte la même initiale que JMJ le Clézio) part sur les traces du Dodo, gros oiseau qui a disparu en raison de sa grande naïveté. Il vivait sur l'ïle où il n'avait aucun prédateur et avait perdu sa capacité à voler. Quand les colons européens sont arrivés ils n'ont eu aucune difficulté à l'exterminer, sans raison particulière si ce n'est le plaisir de détruire car sa viande était immangeable. Cette disparition d'une espèce est d'une brûlante actualité avec le réchauffement climatique.
Ces deux personnages sont évidemment deux facettes de l'auteur, qui a découvert Maurice à 4O ans, après en avoir eu de multiples récits par sa famille.
Ce livre est aussi un réquisitoire contre l'esclavage et la violence des «grands dimounes» les hommes puissants de l'île qui sont prêts à tout pour s'enrichir.
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Ce récit a été pour moi déstabilisant car le fil de l'histoire est difficile à suivre, pourtant je suis vraiment admirative de l'oeuvre, de l'écriture et de l'homme. J'ai donc eu du mal à me laisser totalement bercer par les mots.
L'écriture est magnifique et l'on ressent le poids de l'histoire de cette île, l'île Maurice, et de ses habitants, on est envoûté par la poésie de l'écriture, par sa fluidité malgré les passages en créole non traduits.
Il y a beaucoup de personnages et de destins, présent ou passé, on remonte même au célèbre pirate, La Buse !
Mais c'est surtout l'histoire d'une quête, celle du Dodo et à travers lui, une quête des racines. En effet Dodo est double dans cette histoire et Jérémie le "personnage principal" recherche bien les deux : les origines de l'animal disparu et la trace de cet héritier de l'autre branche de sa famille, les Fersen, ce merveilleux hobo (mendiant) Dominique alias Dodo.
D'ailleurs JMG le Clezio alterne les chapitres concernant Jérémie et ceux racontant le parcours de Dodo, atteint d'une maladie qui lui mange les paupières, les lèvres et le nez.
On y découvre la pluralité des histoires de l'île aussi à travers un patchwork de personnages aux destinées très différentes.
Un récit exigeant et troublant qui laisse un goût d'universel aussi tant on y apprend de l'humain et de l'humanité.
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Très bon livre, il laisse un sentiment de nostalgie et de spleen... Écrit dans une langue superbe, c'est est un poème de plus de 300 pages... Cependant l histoire est extrêmement mince, si je suis admiratif du style, les story tellers de la littérature américaine auxquels je suis abonné me manquent déjà... À lire quand même, sans aucun doute
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