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Citations sur Dans l'ombre du brasier (83)

Clovis Lantier. Pardon, j'ai les mains sales.
Essartier l'a regardé mieux, hochant la tête.
_l'important, c'est d'avoir le cœur pur...
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Il poursuit une ombre sanguinaire, un fantôme terrible dans une ville en plein soulèvement, bouleversée,peut-être à l'image de ce qu'il ressent lui-même:on a du mal à se retrouver dans ce labyrinthe de promesses et d'espérances qui semble n'aboutir pour l'instant qu'à des culs de sacs.
L'espèce de Minotaure qu'il y poursuit ne sera plus qu'un veau insignifiant dès que l'armée sera dans Paris il en est sûr.
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Le Rouge a repris son sac. Il fait signe à Nicolas qu’il faudrait y aller. Ils se préparent tous les trois en soufflant d’effort, de la fatigue plein le dos. Le bistrotier les raccompagne à la porte en traînant des pieds; l’air soudain abattu.
– À l’occasion, repassez boire un coup. Vous êtes des bons gars.
Promesse est faite, à laquelle aucun ne croit. Un obus éclate au nord, du côté de l’Arc de triomphe, qui leur fait tourner la tête vers le ciel aveugle. Qu’est-ce qu’on disait ? Ah oui : au revoir.
Ils se perdent un peu dans le dédale des rues éteintes, croisant quelques passants furtifs qui s’éloignent à la vue des trois gardes nationaux. Ils longent par endroits des façades éventrées, marchant dans le verre brisé. Parfois, un mur écroulé laisse deviner un parc et tout au fond un hôtel particulier aux volets clos.
– On pourrait aller roupiller là-dedans, dit Adrien. Ça nous ferait moins loin, et ça nous changera de nos paillasses.
Quartier fantôme. Les maisons encore intactes se dressent contre eux, verrouillées, bouclées à double tour. Pleines d’un silence qui semble sourdre des murs et se répandre dans la rue comme un mépris. Les bourgeois ont fui dès la fin du mois de mars, laissant derrière eux quelques domestiques veiller sur leurs biens, persuadés que l’émeute serait matée en deux semaines, juste le temps pour l’armée de rassembler ses forces, et qu’ils reviendraient bien vite jouir et prospérer dans le velours et la soie. Ils redoutaient de la canaille le pillage de leurs salons, et c’est le parti de l’ordre qui jette dans les salles à manger des obus vandales et arrache aux murs dévastés la gueule des aïeux austères dans leurs cadres dorés.
Nicolas lève les yeux vers un immeuble aux balcons soutenus par des cariatides. Toit en lambeaux, hérissé de poutres. De quoi seront-ils capables quand ils auront Montmartre et Ménilmontant sous leur feu ? Quand ils bombarderont les immeubles surpeuplés de misère, les taudis des pauvres gens ? Quand ils chercheront à ensevelir la populace tant haïe sous les décombres de ses galetas ? Il songe à la bataille de l’autre jour, dans le fort de Vanves. C’était la guerre qu’on leur faisait, une guerre totale, bien plus féroce, bien plus acharnée que celle que Badinguet et son état-major de jean-foutre avaient livrée aux Prussiens. Avec une nation étrangère, on finit par conclure une paix, par signer des redditions ou des traités. Entre eux, princes et généraux, parfois bâtards du même sang, finissent toujours par se faire des politesses, se saluant de leurs chapeaux à plumes. Mais quand il s’agit de combattre le populo, pas de trêve, pas de quartier. Massacrer, tailler en pièces, pour qu’il ne reste plus que silence et terreur.
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– Poitrine offerte, jambes ouvertes ! gueule un caporal debout sur une chaise sous un drapeau rouge cloué au mur. Voilà Paris ! Les Versaillais auront plus qu’à se rouler dessus comme sur une pauvre garce !
– Pareil que ma bourgeoise ! grince un petit homme en crachant par terre. J’vas la donner à Monsieur Thiers, elle le crèvera à coups de reins !
Éclat de rire général.
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- Quittez cet uniforme, dit Rocques à Loubet.
L’autre ne comprend pas, est sur le point de se récrier.
- Vous serez notre prisonnier. Nous vous emmenons au colonel de Faverolle, caserne Babylone. C’est le seul moyen de passer les contrôles.
Sans un mot, il se défait de sa vareuse, il se débraille un peu.
- Motif de l’arrestation ?
- Vous avez aidé à la fuite d’un suspect.
- Correct. Mais vous devez me rudoyer un peu. Une arrestation doit être rude. C’est une loi non écrite, mais c’est la mieux appliquée par la police.
Roques se tourne vers Clovis, qui décline.
- J’ai tué un homme ce matin. Je trouve que ça va comme ça pour aujourd’hui.
Sans prévenir, Roques expédie à Loubet un coup de canon de son revolver.
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Alors la poésie comme un refuge, comme un lieu inexpugnable où l’on peut se payer de mots parce qu’ils se suffisent à eux-mêmes comme une monnaie d’échange qui ne coûte rien à personne.
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Ils prenaient le bon temps comme il venait et le serraient contre eux de peur qu’il ne s’échappe pour aller crever dans un coin comme un chat famélique épargné par le couteau d’un cuistot de gargote.
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Chacun sait que la fin ne tardera plus à commencer. Et chacun semble s'en remettre au hasard, à la chance et au courage pour que le rêve éveillé que fait le peuple depuis deux mois ne tourne pas au cauchemar. Le vieux monde qu'on croyait aboli, son ordre culbuté, ses bourgeois enfuis, s'apprête à revenir dans le fracas du feu et de l'acier, et ce sera impitoyable.
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Qu’est-ce-que tu veux que je te dise ? On va se battre. On va tâcher d’en sortir vivants. J’aimerais juste vivre encore un peu, après tout ça. Avec ma Caroline, dans un coin tranquille. Et des marmots qui chouinent et qui jouent. Ce petit bonheur, j’y ai droit. Et toi, et tous les autres. Et puis un jour, peut-être dans vingt ans, j’en sais rien on aura notre revanche sur les sabreurs et le bourgeois. C’est pour ça aussi qu’on doit rester vivants, nom de Dieu. Parce que de toutes les façons ils ne pourront pas nous tuer tous.
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Tout changera sauf l'homme : veule, grossier, soumis, haineux, prompt à chasser en meute ou à fuir en troupeau.
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