Cet ouvrage, fruit d'un travail collectif de
Marie-Claire Cailletaud,
Bernard Devert et
Paul Continente, coordonné par
Jean-Christophe le Duigou, économiste et ancien membre du bureau confédéral de la CGT, entend « apporter une pierre supplémentaire à la réflexion des salariés, des territoires, des syndicats et plus largement de l'ensemble des acteurs de l'industrie […] pour penser le devenir industriel » du pays.
En douze chapitres, les auteurs présentent des pistes « pour rompre avec cette logique dominante de compétitivité-coût et de rentabilité maximum pour les actionnaires et les spéculateurs » et « pour construire une véritable politique productive, sociale et écologique, en capacité de répondre aux besoins des populations, du pays. »
Nourris au fil des pages d'exemples concrets tirés de l'expérience des auteurs (SBFM à Caudan, la « Forme 10 » à Marseille, Trimet à Saint-Jean-de-Maurienne) ainsi que par de brefs retours en arrière historique, cet ouvrage démontre que l'on ne peut se résigner à voir l'industrie migrer vers les pays pratiquant le dumping social et fiscal et qu'au contraire, le pays dispose d'atouts pour construire l'avenir de l'industrie à l'heure de la révolution numérique et de la transition énergétique.
Dénonçant l'utopie d'une économie tournée uniquement vers les services, les auteurs défendent au contraire la perspective d'une vigoureuse bataille de développement industriel et de l'emploi, seule capable de résoudre les problèmes économiques structurels auxquels nous sommes confrontés.
Pour cela, il est nécessaire d'imposer un changement de logique, pour concentrer nos efforts non pas sur les profits de quelques-uns, mais sur l'investissement, la recherche, les droits sociaux et syndicaux, la formation et la qualification professionnelles, le plein emploi et l'environnement.
Les deux chapitres consacrés à la dérive de la comptabilité, placée au service de la financiarisation de l'économie, sont intéressants, dans la mesure où ils abordent un sujet souvent ignoré. A ceux-ci s'ajoute le chapitre sur la revendication de pôle public financier qui donne des éléments sur le capital et son surcoût.
Démontant les « arguments » assénés par le patronat et les gouvernements successifs, traçant des pistes « pour ouvrir une nouvelle voie », cet ouvrage offre à coup sûr matière à réflexion.