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Perrine le Querrec, déjà lue et appréciée ici et là dans des revues (Angoisse en particulier), signe avec « Jeanne L'Etang » un beau roman sur un destin de femme enfermée au coeur du XIXème siècle. Née d'une mère incapable de l'élever, Jeanne fréquente maison close et asile de fous, subit de mauvais traitements mais supporte tout grâce à son silence et à son monde imaginaire. Folle et prostituée mais pas seulement, Jeanne est aussi une brodeuse hors pair, modèle de Degas, experte en ombre chinoise, amante des filles du bordel...

On plonge en plein Paris du Baron Haussman et du professeur Charcot, dans la deuxième moitié du XIX ème siècle. le travail de documentation de l'auteur a dû être important car on s'y croirait.

Un roman très sensible et au style enlevé dont je conseille ardemment la lecture.
Une (petite) réserve toutefois : les jeux typographiques (lettres en couleurs, blancs typographiques, etc.) dont use parfois l'auteur m'ont semblé inutiles. Sans vraiment perturber la lecture, il m'a semblé qu'ils n'apportaient rien de plus au texte, déjà très fort, qui se suffit largement à lui-même.
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J'ai aimé la douceur de l'écriture, les changements de rythme qui ponctuent l'histoire, les jeux visuels du texte, j'ai aimé le personnage, je me suis laissée bercer par sa présence et son charme, j'ai lu le livre d'une traite, abandonnant enfants, cuisine et bouts de tissus, c'est pour dire ! C'est un livre à la fois dur et délicat, un coup de coeur lu avec beaucoup d'émotions.

Jeanne brode, elle brode ses rêves, Jeanne ne parle pas, elle brode ses mots et son silence, sa sensibilité, l'extérieur est sombre et tourmenté mais Jeanne est dans sa bulle, enfermée continuellement, elle s'échappe dans son monde intérieur de douceur et de fils colorés.
J'en oublierais presque cette période tumultueuse de l'histoire de Paris qui franchit les murs de la Salpêtrière, une vision de l'Histoire sous un angle surprenant, des rencontres anecdotiques. C'était à l'origine ce qui m'avait fait postuler pour cet ouvrage.

un bémol sur le résumé de quatrième de couverture beaucoup trop long, dévoilant trop de l'histoire, par contre il y manque l'essentiel : l'atmosphère du livre.
Lien : http://fenetresylvaine.canal..
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L'ouvrage nous plonge dans l'esprit et l'âme d'une folle. Une folle née ou née folle on ne sait pas trop mais peu importe. L'écriture est aussi importante que le texte, chaque mot compte comme chaque mot compte pour Jeanne L'Etang. On est transporté dans cette imagerie des folles, dans un monde où on ne comprend rien mais on subit toujours et encore. On aime suivre les pas de Jeanne L'Etang.
Un seul petit bémol, il y a par moment quelques longueurs; notamment au moment des listes et on aurait aimé n'avoir que la vision de Jeanne.
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L'aliénation, dans le vocabulaire courant, c'est la folie, la perte de la raison. Mais ce n'est pas que cela. C'est aussi le fait d'être dépossédé de soi, de sa raison d'être, de sa volonté. La privation de la liberté est encore une forme d'aliénation. le poids de la société, des moeurs, de la morale, du système capitaliste, l'écrasement des femmes par le patriarcat, ce sont encore et toujours des ferments d'aliénation.

Ce que conte le merveilleux livre de Perrine le Querrec, c'est tout cela, et plus encore. Jeanne L'Étang est le roman d'une femme emmurée en son silence autant qu'elle est enfermée dans la minuscule pièce qui abrite les premières années de son existence, puis à la Salpêtrière, puis au bordel — jamais la maison close n'a si bien porté son nom— puis, en un joli chiasme, de nouveau à la Salpêtrière et enfin dans la maison mère. Dans ce récit en prose poétique, les mots traduisent un réel mouvant perçu en focalisation interne, sauf en de rares passages où le narrateur s'adresse à son personnage. Les mots non prononcés par Jeanne la silencieuse, mais brodés; les mots des abécédaires qu'elle compose et qui scandent le récit, chaque fois condensant le contexte particulier, résumant l'univers de Jeanne en quelques termes lourds de sens. le style de l'auteure, morcellement des phrases, subtile déformation de la syntaxe, rupture du rythme et des cadences, énumérations, reflète avec brio cette pensée au ban de la normalité (mais y a-t-il une pensée «normale» ? Cette notion même de normalité de l'esprit a quelque chose d'effrayant, non ?). La mise en page et la typographie jouent également leur rôle, on se souvient parfois des essais mallarméens sur la page blanche. le texte imprimé se fait broderie colorée, regard subjectif sur le monde extérieur, tentative de fixer l'extérieur par bribes. La pensée close se donne à voir dans le cadre clos de la page.

La suite de la critique est accessible sur mon blog !
Lien : https://litteraemeae.wordpre..
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Soyons direct, c'est un livre difficile. Par le thème qu'il traite bien sûr, mais surtout par l'écriture de Perrine le Querrec. Totalement déstructurée. Alternance de phrases classiques. Puis des phrases nominales. Puis un mot entre deux points. Ça peut dégoûter. Énerver. Dérouter. Plaire. Enthousiasmer. D'un naturel tolérant, je suis à la fois ravi, enthousiasmé par le style, l'originalité et de l'écriture et de la mise pages (couleurs, tableaux, abécédaires, jeux avec les polices de caractères, les italiques, les gras, ...) et un rien fatigué sur la longueur. Pas aisé de tenir le rythme sur les 234 pages !
Un roman qui démarre fort, et les premières lignes sont à l'image de la totalité du texte. Soit ça passe soit ça casse
Si vous passez ces lignes sans encombre, vous êtes prêts pour la suite. Moi, elles m'ont scotché et j'ai donc continué avec envie. Et je n'ai pas été déçu. Vous croiserez dans ce roman, Edgar Degas, le docteur Charcot et même compendieusement Sigmund Freud. Haussman également ou plutôt sa transformation de Paris
Avis aux amateurs et trices de livres qui sortent de l'ordinaire : laissez-vous tenter, faites-vous votre propre idée.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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JEANNE L'ÉTANG est un livre à l'originalité étonnante. Certes le récit, passionnant, est déjà en lui-même suffisamment singulier pour faire le bonheur du lecteur mais c'est surtout l'écriture qui attire l'attention. L'auteure joue littéralement avec les mots et la typographie du livre suit et ose même parfois la couleur.
Jeanne ne parle pas, elle brode les mots. L'histoire est d'ailleurs parsemée d'abécédaires qui décrivent les différentes époques de sa vie de l'enfance à l'âge adulte.
Perrine le Querrec réussit admirablement à adapter son écriture aux différents épisodes de l'existence de son héroïne. Des phrases incisives et concises qui passent du poétique au trivial qui par exemple deviennent parfois saccadées pour coller à merveille à l'univers des « folles » de la Salpêtrière et qui offrent au lecteur une merveilleuse impression de variété. Une écriture, très belle donc, qui évolue et fluctue au gré des situations.
Que ce soit dans la maison natale, le bordel ou l'hôpital, les descriptions de l'environnement et des mentalités des protagonistes sont minutieuses et très vivantes...
Bref, ce livre est vraiment une très très belle réussite. Il ne ressemble à rien d'autre qu'à lui-même. Captivant, original et remarquablement écrit, je recommande sans réserve la lecture de ce très très bon livre.
Lien : http://lefantasio.fr
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Trouver la tendresse au coeur des enfermements : Jeanne et la Salpêtrière.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/07/17/note-de-lecture-jeanne-letang-perrine-le-querrec/
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Joli livre, stylé, stylistique et qui parlent de thèmes terribles, sans pleurs, avec élégance et une certaine originalité. Parlant d'un parcours de femme, avec presque que des femmes comme personnages, hormis les hommes gigantesques que furent Charcot, Degas, un incertain Freud au passage, des petites femmes, de trop grands hommes, contraste. En tant qu'homme j'échappe et certaines dimensions doivent nécessairement m'échapper, ce qui fait que je suis incapable de mettre plus de quatre étoiles. Pas mal pas mal, Jeanne.
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