Quoi de plus naturel, après avoir lu "La chasse" que d'enchaîner sur "
Le gibier" ? C'est dans l'ordre naturel des choses.
La chasse à courre m'a toujours fascinée… Non, pas dans le fait de traquer du gibier et de l'épuiser. Namého !
Juste dans le fait de galoper dans des bois, souvent privés, avec des chiens autour, au son des cors de chasse (mieux que les cors aux pieds).
Alors oui, le choix des titres de chapitres qui suivent le déroulement d'une chasse à courre, c'était bien vu de la part de l'auteur qui, dans ce roman, nous fait douter de qui est
le gibier et qui est le chasseur.
J'avais été déçue que ce nouveau roman ne soit pas avec le capitaine Mehrlicht, j'étais même prête à arrêter de respirer tant qu'il n'entrait pas dans la danse, mais j'ai vite rangé mes envies de Kermit la grenouille, car cette enquête n'était absolument pas pour Mehrlicht !
Pas dans ses cordes, Mehrlicht n'avait pas le caractère adéquat, tandis que le commissaire Strarski, oui. Non, non, pas de Hutch avec lui, mais la lieutenante Yvonne Chen (on devrait coller des procès aux parents qui ont nommé cette asiatique Yvonne).
L'un est guidé par ses sentiments, l'autre est froide comme un iceberg et pragmatique au possible. Et oui, le duo marche très bien et joue avec l'humour dans leurs dialogues. C'est toujours ce que j'apprécie chez l'auteur : son humour. D'ailleurs, j'ai bien ri avec la scène à la fourrière.
Cette histoire comment comme un polar dans la plus pure tradition du style : un double suicide (ou meurtre ?) en chambre close. Puis, tout doucement, le train bifurque pour prendre une autre voie, entraînant son lecteur à sa suite avant de totalement révolutionner le tout en faisant exploser ses certitudes.
Ayant été à bonne école avec des auteurs qui révolutionnaient le polar en fuckant toutes les règles (
Agatha Christie et
Franck Thilliez, pour ne pas les citer), j'ai senti où se trouvait la couille dans le pâté et c'était bien vu de ma part.
Bon, ça m'a tué une partie du roman, de comprendre avant tout le monde, puisque j'ai échappé au coup de masse sur la tronche et que j'aurais aimé me le ramasser dans ma gueule de lectrice…
Dans les séries télés, j'accuse toujours tout le monde sans trouver le coupable et là, dans ce polar révolutionnaire de Lebel, j'ai été plus lucide qu'une voyante du même nom. C'est ballot, ça (long soupir).
Malgré ma perspicacité, c'était bien vu de la part de l'auteur de ne pas suivre les sentiers battus du polar et d'offrir à ses lecteurs une enquête bourrée de chausse-trappes, de fausses pistes, de coups de putes et de nous faire courir un peu partout dans la forêt afin de nous perdre avant l'hallali final et la fameuse curée.
C'était une bonne curée ♫ (mes excuses à
Annie Cordy) ! le récit était addictif et intelligent. Quant aux personnages, ils étaient parfaitement à leur place, réalistes et attachants.
Après cette lecture, j'avais une envie folle de manger du gibier (qui n'est pas ma tasse de thé). Ça tombait bien, il me restait, au congélo, des tournedos de chevreuil, en provenance d'une super boucherie où l'on peut acheter de la viande les yeux fermés et on les a mangés avec une petite sauce échalote/vin rouge de derrière les fagots, le tout arrosé de quelques verres d'un vin de Graves de 6 ans d'âge. Une tuerie, ce repas !
Nicolas Lebel, le seul auteur qui te donne envie d'aller chasser
le gibier, à mains nues dans une forêt profonde, en hurlant "ADRIAAANNNNE", tel un Rambo déchaîné, le couteau entre les dents, mon colonel. Ou tout simplement d'écouter des cors de chasse, le soir, au fond des bois.
PS : avant de commencer ce roman, faites comme moi, ne lisez pas le 4ème de couverture sur les sites, il est bien trop bavard !
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