Analyse de ce texte parue dans la rubrique " politique étrangère " de PERSEE :
-- Il s'agit là d'un pamphlet mais raisonné contre ce que l'auteur , - qui a choisi l’anonymat par conviction philosophique avouée et sans doute aussi par prudence professionnelle - ( mais pourrait bien être un situationniste connu ) nomme " la surcapacité en mensonges des états " , celle des polices qui s'en prennent " bruyamment " au terrorisme et ignorent la circulation du péril nucléaire , celle des " humanistes " ( par dérision ) du commissariat à l'énergie atomique , et plus généralement celle des experts qui tiennent pour négligeable voire subversive l'information du " vulgum pecus " , irradié potentiel , celle enfin des intellectuels .
Cette information nucléaire soigneusement celée est en effet incohérente car elle réside en un " système absurde de mesures moyennes " de radioactivité reçue par des " populations constituées d'individus particuliers , parfaitement étrangers , par essence , à des spéculations statistiques sans réalité , mais concernés au plus haut point par les variations et les extrêmes ponctuellement réels ( page 16 ) .
Pour être plus précis encore - la formule choc relaye ici le langage scientifique abscons - il nous est expliqué que " le rad est le becquerel de l'autre " autrement dit que le rad " mesure le rayonnement absorbé par un corps , qui n'est certes pas forcément le nôtre , ni même celui du voisin , mais un corps en général , ou plus précisément : une unité de masse de matière " .... ( page 18 ) .
Comment donc l'humanité souffrante , tenue ainsi dans le mensonge par un " lobby nucléo-scientifique " pourrait-elle lire des statistiques qui ne prennent pas toujours en compte les " cancers radioinduits " ( page 20 ) , douter du discours officiel sur les " doses maximales admissibles " alors que les travaux récents démontreraient que " toutes les doses de radiations ionisantes sont nocives " ( page 27 ) et " qu'il n'y a pas de dose seuil " ou encore " que les retombées radioactives , loin d'être linéaires et mesurables , sont discontinues et rebelles au calcul infinitésimal " ( page 31 ) ? ..............
Mais la guerre que la valeur d'échange et son pouvoir d'abstraction ont déclarée à la réalité toute entière est d'une autre espèce : car elle ne peut cesser que faute de combattants, aucune sorte de paix ne pouvant être conclue par la marchandise, cette '' chose suprasensible bien que sensible (...) très retorse, pleine de subtilités métaphysiques et de lubies théologiques '' (Marx), qui raisonne comme venant d'un autre monde, et au mépris absolu du nôtre - lequel est pourtant son seul terrain d'action, pour notre plus grand malheur.