AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 266 notes
Vous croyez connaître l'histoire de Jeanne, la pucelle, la sainte libératrice, la messagère de Dieu ? Et bien détrompez-vous braves gens il n'en est rien.

Mêlant épopée historique, récit fantastique, science-fiction et érotisme, cette histoire de Jeannes - avec un "s" s'il vous plaît - va tout chambouler.

Déjà par l'écriture aux teintes médiévales avec un soupçon de références contemporaines. le style linguistique est d'abord déroutant mais on se prend au jeu rapidement. Il y a pas mal de clins d'oeil à la culture musicale et à la pop culture, particulièrement à l'univers de H.P. Lovecraft me semble-t-il avec un aspect fantastique, science-fiction, horrifique, très présent sur la deuxième moitié du roman.

L'auteur dépoussière aussi le mythe de la sainte pucelle, fraiche et fine. Nos héroïnes sont multiples et celle qui nous intéresse tout particulièrement est loin d'être une sainte nitouche de catalogue.

Je n'ai qu'un seul vrai reproche à faire : l'auteur a failli me perdre lors de la bataille finale fantastique/horrifique interminable. J'ai eu du mal à en voir le bout mais toute chose a une fin heureusement.

Guillaume Lebrun révolutionne l'histoire de Jeanne d'Arc avec ce roman pétillant, drôle et décalé.
Commenter  J’apprécie          100
Je crois que c'est la première fois que je n'arrive pas à juger un livre. L'écriture est agréable, on s'habitue assez vite à ce style pseudo-médiéval. L'histoire est originale et on a envie de voir jusqu'où l'auteur est capable d'aller (et il va vraiment très loin).
Et puis arrive le siège d'Orléans, et d'un roman déjanté à la Jean Teule décomplexé on se retrouve dans une histoire de SF.
Un curieux mélange qui me laisse un peu perdu. Résultat je comprends aussi bien ceux qui ont aimé que ceux qui n'ont pas apprécié.
Peut être retenterai-je l'expérience dans quelques temps pour mieux me situer...
Commenter  J’apprécie          114
Après les voix, the Voice.
Je vous conseille d'assister au casting de la pucelle organisé par Yolande d'Aragon au 15 éme siècle. Pas de Big brother à l'époque ou de vidéos indiscrètes dans les jacuzzis, mais de l'English qui occupe le royaume de gaulois pas si réfractaires depuis pas loin d'un siècle. Comme les Armagnacs et les Bourguignons se disputent la couronne pour avoir la fève, il est temps qu'une prophétesse descendent du ciel ou de sa montagne pour remettre un peu d'ordre dans cette monarchie de droit divin et brexite l'occupant en le tirant par la Manche.
Nous sommes au Moyen âge, mais après quinze siècles d'attente, la Yolande, duchesse d'Anjou qui en assez de tendre la joue, a compris que Dieu procrastinait pas mal avant d'agir et que ses ambitions pour remporter le game of trône ne pouvait plus être remis au lendemain.
Elle décide d'enlever 15 jeune filles dans les campagnes, d'en faire 15 apprentis, les rebaptisant de Jehanne 1 à 15 (idée à retenir pour les portées nombreuses) et de les élever à la dure dans son domaine et dans le plus grand secret. Il ne pourra en rester qu'une. A l'époque, vu l'espérance de vie de libellule, la barbarie ambiante et la médecine raoultienne, inutile de faire appel au public pour en éliminer certaines : le destin s'en charge.
Problemo, la Jehanne qui se démarque, la douzième, n'a pas le profil. Elle a le physique ingrat et bien gras, elle est féroce, peu lettrée, lesbienne, et un peu cannibale. En résumé, elle n'a pas grand-chose à voir avec la mystique un peu tourmentée qui a fini sur un barbecue si l'on en croit nos manuels d'histoire.
La Jeanne d'Arc de Guillaume Lebrun mélange dans son style l'ancien français et un franglish pop d'aujourd'hui. D'ailleurs, je vous recommande en fin d'ouvrage, les versions médiévales des tubes de Jean-Jacques Goldman transformées par la troubarde star de l'époque, Marie-Claudette de Charlemagne, dépourvue de l'accent de caribou, mais qui reste quand même assez identifiable.
Je ne sais pas quelles voix a entendu le romancier pour raconter cette version hallucinée du mythe de la pucelle, j'ignore si l'illumination est venue alors qu'il comptait les moutons avant de s'endormir mais le résultat est assez extraordinaire. C'est très drôle, dopé de références actuelles et d'une originalité rare.
Passé l'effet de surprise face à ce cocktail de langages, je pensais ressentir un peu de lassitude au fil des pages et que cela finisse par desservir le récit. Ce fut tout le contraire. Tel un slip moulant, la forme épouse parfaitement le fond.
Le seul passage qui m'a un peu déçu concerne le siège d'Orléans que l'auteur a décidé de transformer en heroic fantasy féministe avec le renfort un peu halluciné de grandes guerrières du passé qui viennent aider Jehanne dans son combat. Les spécialistes du genre sauront peut-être apprécier davantage cette partie que j'ai trouvé difficile à suivre et un peu brouillonne.
Au final, une vraie curiosité et un joli moment de délire. A bien y réfléchir, est-ce que la version officielle est plus crédible ?



Commenter  J’apprécie          954
La lecture de cette ouvrage m'a causé une grande déception, sa quatrième de couverture traduisant de façon très incomplète et infidèle son contenu. Certes, ce roman traite avec un décalage ironique et revigorant une épopée de l'Histoire de France, les épisodes retenus étant cependant abordés avec une importance hétérogène. Certes, la langue utilisée est à certains égards amusante, se fondant sur un mixte d'expressions anglicisées et de vieux françois qui pourraient être utilisées au quotidien par une personne ayant traversé tous ces siècles... Cependant, un des thèmes essentiels de ce livre est la description des guerres physiques qui sont menées ; celles-ci sont décrites avec d'innombrables détails qui rivalisent de cruauté jubilatoire. Ainsi les chapitres foisonnent de mutilations diverses, les égorgements se multiplient, le sang coule à flots tout au long de ces pages ; atteinte par la faim suite à ses exploits guerriers, l'héroïne se repait même de la chaire fumante qu'elle prélève sur ses victimes. Je suis pour ma part resté sur ma faim, mais la faim d'un roman répondant à l'esprit de la quatrième de couverture.
Commenter  J’apprécie          40

Oyez oyez braves gens ! Venez escolter l'histoire que Guillaume LEBRUN vient nous conter. Il revisite la légende de Jehanne d'Arc. Yolande d'Aragon, mais appeler là Yo, décide de créer une école de petites Jehanne. Pour cela, elle envoie les soldats à son service, à la recherche de children, que les parents acceptent de leur confier contre bourses biellement remplies. Elle va leur enseigner non seulement la lecture par « le biais de textes d'autrices de grand valeur antimâle », « L'invisibilisation des Femmes Puissantes dans l'Histoire par la diablerie des hommes. Étude de cas », « Entraînement à la décollation de Bourguignons », «Les Évangiles, leurs incohérences et comment les expliquer aux clampins pour avoir la paix », mais aussi l'art de la guerre.« Initiation à l'esgorgement et au krav maga », et autres méthodes.
Chacune devra savoir manier les armes.

Elle espère que l'une d'elle sortira du lot. Pourquoi plusieurs ? Car certaines ne survivront pas du fait des maladies qui emportent facilement les enfants en hiver.

« C'est dès potron-minet que je réveillai mes hommes. J'amenai la soldatesque mal rasée en plein champ pour tout leur expliquer. Je ne suis pas certaine qu'ils aient escapité mes balbuties, car ils appartenaient à l'inévitable trinité :
1. joli de la face ;
2. bien bâti en chair et corps ;
3. cervelé de moitié. »

«  Or, si Isabeau en venait à ouïr ce qui se trame, c'en serait fini de nous, my dear friends. Nous serions, tous autant que nous sommes, brûlés, pendus, nos noms effacés des registres, avec gravée sur nos os l'infamie sorcellique pour des siècles à venir. Il nous faut donc payer : il y a dans vos besaces plus d'écus que ces gens n'en gagneront dans leur vie entière, et cela même s'ils réussissaient par divine surprise à marier leurs larves en bielle dot. En nous les vendant plutôt que de miser sur le hasard, ils auront ainsi de quoi s'acheter des terres et vivre en surclampins jusqu'à la fin de leurs jours. Bien évidemment, le mystère entourant ce prélèvement de petites les amènera sans doute à poser moultes questions percluses de doutes au premier entretien de négoce, mais le soupèsement des bourses promises suffira à dissiper toutes malconsidérations quant à nos intentions réelles. »
Après quelques bêlements supplémentaires faisant montre une nouvelle fois de leur pénible idiotie, les soldats finirent par partir. »

Venez vous aussi, si ce n'est déjà fait, lire Guillaume LEBRUN qui mélange le vieux français, l'argot et l'anglais avec force conviction dans ce bouquin, où vérités suprêmes de Jehanne sont dévoilées.

La dernière partie est surprenante, anachronique mais pourquoi pas. Venez vous fourvoyer et errer dans les brumes de mondes parallèles inventés par Guillaume LEBRUN.

C'est complètement estrange, original et drôle ! Jubilatoire !
Commenter  J’apprécie          270
Commenter  J’apprécie          60
Tout à fait jubilatoire ! Si comme moi vous aimez l'humour angliche des Monty Python et les drôleries de la langue, foncez ! Je n'en sors point déçue, estomaquée plutôt, par le style enlevé et drôlesque de l'auteur (je ne ferais pas aussi bien qu'icelui même en m'essayant à pâle copie). Ce livre, soit tu l'adores soit tu le détestes dès les premières phrases. Je l'ai pour ma part adoré de bout en bout, alors que jamais n'ai été intéressée plus que cela par l'épopée jehannesque ni contes du moyen-âge. le mélange des genres et des références en font un texte extrêmement drôle, jusqu'aux dernières pointes d'humour de l'appendice. Ne voudrais-je aucunement vous spoiliater, donc me tairai-je sur tout afin que vous vous délectasses vous-même de tant de fourberies de la langue. Que vive Jehanne et que vive Guillaume Lebrun, holy shit ! Entre deux insectes, qu'il reprenne vite l'écriture !
Commenter  J’apprécie          30
Par imienne pastiche torchonerie, je m'en va explicaillé why j'ai lu icelle parcheminerie un peu jobarde voire faisandée de la ciboulerie.

Voilà, piqué au vif par les critiques dites ‘tyran-biques' vues ici et là (HordeDuContrevent, Kirzy…), je brûlais de trépidance d'openner cette historic-story quitte à m'y cramer les wings si le plumage et le parlage qui s'y dispensent ne me conviendrayent pas. Peut-être me faudra bucher mon vieux françois (Mitrand,  Fion, qu'importe) pour mener jusqu'à la finistration cette readure tourneboulée comme l'aurait pu celle de Domrémi si elle had su lire (les versions audio n'existaient pas encore, dommage pour la Jehanne qu'était plutôt auto-centrée sur ses esgourdes)

Vautré sur mien sun-bath (kaseberga de chez Ikéa), le corps dardé et marqué par les écarts latte après latte (il faisait en corbeau quand j'ai pris cette plume), ne craignant pas les escarres, billes en tête, j'échaffaudayai un plan incrottable pour griller cette angoisse tonitruante qui me consumait les tripouilles : mien avis être de mèche avec ces criticouillages qui m'avaient cornedebiquement enflammé la meningette ?

‘Pas de fumée sans feu, me dis-je, (sérieux pour une fois), cette prose incandescente de lit (du verbe lire) à allumé ta curiosity, soye shurely qu'il n'y a pas là que ‘powder to eyes'.

J'étais donc en accord avec icelui-même, me disant qu'en cas contraire,
j'adore aller sans mon accord !

Alors je m'y lance, prompt comme une flèche vers sa cible  !!

Tout feu tout flamme, me voilà donc, cramoisi (Biafine à portée de mains) tournant mes pages de book comme le barbecue ses broches au dessus des braises, les joues fichtrement ardentes et rubicondes par tant de plaisir, ébaubi (lapointe), brûlant de la fièvre affectueuse du lecteur repu et rompu (comme le bon pain) qui n'en peut plus.

Voilà là itou un ouvrage qui ne fera pas long feu, pensai-je!!

A veritably feu d'arti, fils (dis-je au mien) ! J'ajouterais même mieux, un feu d'arti père et fils tant ça pétarade à tout va et en tous sens!!

La french history review and corriged by a naturaly child of Georges Brassens, Michel Audiard, Frédéric Dard and Bobby Lapointe.

Mais que de jobarderie !!

J'imagine fastochly la Jehanne découvrassant présent escribouillage : elle se return surement dans sa…non, plutôt elle s'extripatouille de son vase funéraire, fait un urne-out et dispendouille ses cendres aux vents mauvais (comme dit si bien Verlaine ) devant une so iconoclastique biogrephaï qui nous rejette dans la so noisy guerre de s'entend.
Estomaquée par tant de crimes de baise-majesté, la louche escuillère dessert ses guiboles qui la lâchent (crac) et privent tout de go la Jehanne d'arquer. Elle fall down. Boum. Evanouillie !

Because ? Esgourdez bien l'argutie dudit escribouillage: Yolande d'Aragon (dite Yo (et qui yoyotte a lot de la touffe)) est enjouée d'avoir épousaillé un Louis, pas Aragon (Elsa (qui trie au lait) ne voulait pas) mais d'Anjou, comme le cabernet (hic). Elle en est toute rosée de son petit bouchon de Loulou et d'en jouer les instigatrices en créant ‘l'école des jeannes' ! Mais, contrairement à la tradition lancée par maître Jacquouille Martinouille, tout le monde ne tirera pas la queue du niqué puisque le but est de n'en faire éclosoire qu'une only guérillère qui saura (qui saura, qui saura…) sauvegarder le french royaume des perfides englishes.

Pour garnir les bancs (de devant et les arrière-bancs) de son so chic establishement, quinze children sont recrutées (heu, achetées) et soumises à moultes espreuves qui permettront de hit-parader, non pas une potiche à l'oeil de biche qui tortille des miches, mais icelle qui sera la plus fortiche pour bouter les famous englishes, l'ÉLUE, so !
Un peu comme la Star-Ac avant l'heure mais avec la Yo en mestresse cérémonieuse en dieu et place de Nikos Ha-il-Agace. Pour voter pour Jehanne 1, tapez 1, pour Jehanne 2, tapez 2 etc…

Elle en est fort shure, la Yo, elle va la dénicher sa grosse et sainte huile, foi de morue (féministe, la Yo!)

Mais Damned ! Tout lui porte poisse. Elle a eu beau avoir bourses déliées, elle se retrouve l'escus bordés de nouilles tant potatoes sont les niguedouilles candidates de sa Jehanne-Ac quand elle ne clamsent pas de vermineuses maladies ! shit, bitch et Mortecouilles !

Bon, y a quand même la number douze qui puire un peu moins la loose que ses connesoeurs mais qui, jobinardement, semble foutrement atteinte d'une dinguerie hardos de la bulberie!

La twelve: tout elle veut, tout elle peut !

« But what a trogne, a cochonou's publicity la prépubère ! Sky, my hus bande! » s'auto-grogne la Yo Dans son ford intérieur cuir (pub) !!

Bon allez, trêve de blablabla, Yo se retrousse les chausses et secoue les nouilles stayées alive (hou, hou, hou, hou, stayées alive, stayées alive).
Alive, certes, but not au pays des merveilles because pendant une sienne tournée berruyère, les sillons de la Jehanne-Ac ont été abreuvés de sang impur, trucidant de facto nunuches pestilentes postulantes, n'alivant plus qu'un quartet dépenaillée diffical to accorded, d'autant plus que c'est la douze qui est escoupable du dit sanguinolent carnage mais aussi la plus prompte à occire (d'abeille) à la chaîne hight fidélity pour défendre les siens arrières comme les siens devants !

Alors, et si c'était elle, la douzième, la  vainqueresse de la Jehanne-Ac année 0?!

Seulement, Yo ignore que la douze en pince en douce pour icelle et qu'en sienne absence, elle a goûgoûté aux orgasmiques léchouillages de l'entregigots qui rendent maboule du fondement comme du ciboulot !

But good, la voilà désignée star de la Jehanne-Ac et elysabethée « Jehanne D'Arc, pucelle de Domrémi ».

Les others survivantes reprennent leur blase d'origine jouissant cependant (Oh yess, again, again!!!) de divers postes de consolation comme apple-dauphines auprès de la pseudo envoyée spéciale de la divinosphère ou biographe officielle (pseudo : Mary Patch).

Peut alors commencer véritablement l'épique épopée de notre héroïne nationale dont je vous ferai grâce en longueur, disant simplement que le reste du roman est du même acabit que cette première partie sur laquelle je me suis lourdement appesanti.

Iconoclaste et jubilatoire, le récit d'une inventivité incroyable s'amuse avec la légende historique (Charles VI au bal des ardents, Chinon et Charles VII démasqué, la libération d'Orléans, les voix, le sacre de Charles (ou la populace se Reims l'oeil quand il exhibe son vert missel) jusqu'au rouennais bûché), réunissant en un symbolique et dantesque combat allégorique et amazonien l'ensemble de ceux menés par la Jeanne bouteuse d'english, tout en nous lançant régulièrement des clins d'oeil complices à propos de sujets actuels.
Il nous précipite avec délectation dans cette chevaleresque digression à la condition, of course, d'adhérer à ce style hors du commun ou argot, vieux français, termes anglais revisités et néologismes inspirés se côtoient pour créer un langage à nul autre pareil!

Une régalade (moins l'épisode ‘heroic-fantaisy/monde parallèle' qui n'est pas genre à me plaire, not my cup of gnôle, d'où la demie étoile en moins)

Pour tout résumer en un seul mot :
c'est CRUTULENT !!

PS : Mention spéciale pour l'allusion à la petite Marie du ménestrel Cabrel en page 10 ou aux éructations Goldman/Dion en fin d'ouvrage!
Commenter  J’apprécie          3210
Quel escrit mes amis, j'ai bien des ries ! Cet escrit, un spectacle esbardaillant, je fus coite devant telle biauté…A dire le vrai, au début, promptement ahurie, j'étais dur de la comprenette. Wat's the f… ?? me suis-je récriée. J'avais besoin d'arguties supplémentaires pour comprendre cette histoire portant sur icelle Jehanne la Pourcelle, non encore percée par l'appendice mol, fiérote guérillère, prophétesse et harnacheuse de pimpantes, habile au trémouillage de la langue et à la Sainte Chope, experte en anéantissement des bullshiteux de toutes obédiences et surtout des englishes, spécialiste en façonnage de boniments à clampins…

Délirant pour ne pas dire cinglé, iconoclaste, drôle, féministe, ce livre est un régal d'inventivité. Quelle jubilation a dû ressentir Guillaume Lebrun, éleveur d'insectes dans le Sud de la France, conçu dans une éprouvette, étiquetée 876437 1-A en 1986, en revisitant l'histoire de Jeanne D'arc, de manière si insolente et caustique ! Et, nous le sentons, de manière totalement assumée. Il a pris un plaisir fou, bonheur d'écriture devenant par là même bonheur de lecture, comme une parenthèse de jouvence hallucinatoire en cette période de rentrée.

« Mon bel et bon plaisir fut d'arracher les oreilles englishoises à mains nues pour les conserver en besace, projetant de faire un collier de ces esgourdilles, telle une Amazone d'autrefois. Je goutai goulument à la chair des ennemis, mais elle était bien trop gélatineuse et mentholée à mon goût. du sang vérolé me perlait sur la face, se mélangeant à ma sueur en une matière goulinante qui rougeoyait sous un ciel illuminé d'étoiles dont la configuration n'était point de ce monde ».

Nous sommes au début du 15ème Siècle et tout est chaos au Royaume de France : les anglais imposent leur présence depuis près de cent ans, Armagnacs et Bourguignons ne cessent de s'affronter. Une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant. Yolande d'Aragon, Duchesse, n'y tient plus : puisqu'une prophétesse est attendue, elle décide de hâter le destin au lieu de rester passif et « de nous estropier en boissons, amours courtoises et querelles médiocres, réunissons nos fonds et nos forces pour lui offrir apprentissage. Seule notre cour saura la vérité : pour les gens, la petite sera issue de nulle part et donc de Dieu. Son savoir, improbable pour une pimprinotte de son âge et de sa condition, apparaitra assurément comme un don du Ciel ».
Elle va ainsi se convertir dans l'élevage et l'éducation de quinze petites Jehanne, en secret, dans une école retirée, avec l'aide de quelques soldats, dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. Un programme éducatif concocté aux petits oignons, complet et varié, comme en témoignent les cours prévus, par exemple dès le lundi : 8h à 10h Apprentissage de la lecture par le biais de textes d'auditrices de grande valeur antimâle (Marie de France, Christine de Pisan, etc.) / 10h à 12h30 L'invisibilisation des Femmes puissantes dans L Histoire par la diablerie des hommes. Etudes de cas / 12h30 à 13h Ripailles / 13h à 14h Entrainement à la décollation de Bourguignons…Jehanne la Douzième va s'avérer être la plus féroce, la plus puissante, la plus surprenante aussi de ces quinze élèves. Sera-t-elle la prophétesse promise ?

Nous retrouvons tous les éléments historiques connus de cette période : les voix entendues par la jeune fille, sa virginité qui sera vérifiée, La guerre de Cent ans, les Armagnacs contre les Bourguignons, la libération d'Orléans, le couronnement de Charles VII et enfin le célèbre bûcher. Voilà pour le squelette. Guillaume Lebrun met à l'honneur également le personnage quelque peu méconnu de Yolande d'Aragon qui fut conseillère de son beau-fils Charles VII et soutien financier et militaire de Jeanne D'arc.
Concernant la chair, ce qui entoure ce squelette historique véridique, l'auteur l'a en revanche totalement façonné, revisitant l'histoire. Il imagine ainsi l'enfance de Jehanne, son apparence physique, complètement disgracieux, telle « verrue sur peau de pêche », la façon dont elle sera prise à ses parents puis éduquée avec d'autres petites Jehanne, son attirance pour les femmes, sa sexualité homosexuelle débridée, son appétit insatiable jusqu'au cannibalisme. Partagée sur la fin en revanche, j'avoue avoir été un peu perdue par moment lors de la levée du siège d'Orléans, certes très beau et épique mais un peu alambiqué, raison de mes 4,5 étoiles malgré mon grand enthousiasme pour tout le reste du livre.

Si nous pouvons être, au début, quelque peu décontenancés par la langue inventée par Guillaume Lebrun, butant sur certaines tournures de phrases, tels des récifs heurtés empêchant une lecture fluide, nous nous coulons rapidement dans les méandres de cette langue fleuve, pour ne voir ensuite plus que l'histoire, pleine de péripéties parfois très cocasses, les multiples clins d'oeil dont le livre est truffé, et l'humour présent à chaque coin de page qui m'a souvent fait éclater de rire. le livre est rythmé car parole est donnée alternativement à Yolande d'Aragon et à Jehanne la Douzième, de sorte que l'écriture, du fait des façons de parler un peu différentes entre les deux femmes, ne lasse absolument pas le lecteur.

Violence, religion et sexe prennent une part non négligeable dans le récit et sont narrés avec intensité mais là encore tout est à prendre au second degré. Les scènes de guerre revêtent même des teintes gothiques, voire fantastiques, qui ne sont pas sans rappeler un certain Seigneur des Anneaux :

« Au fur et à mesure de leur approche, les silhouettes des Phonoi se dévoilèrent à nos mires. Au creux de leurs grands capuchons noirs étaient faces de peau sans yeux ni bouche, verdâtres de putrescence. Ils étaient d'une taille de cinq ou six hommes, vêtus de lèdres de ténèbres qui s'effilochaient dans la course effrénée qu'ils menaient pour nous atteindre. Leurs bras étaient tout autant chair en décomposition, laissant paraitre des os polis par le temps et couverts de signes gravés en lettres dorées dans la langue du Maître. Ils faisaient tournoyer des labrys, luisant de la haine immense contenue dans leur double lame ».

Au final une lecture drôle et décalée permettant de revisiter de façon très originale un pan de l'histoire de France mais également d'aborder avec férocité certains thèmes très actuels comme le féminisme ou encore la fabrique des fake news (le mythe de Jeanne d'Arc est, dans le récit, en effet totalement fabriqué de toutes pièces). le livre détonnant de la rentrée littéraire 2022, lu grâce à la formidable passeuse toujours au fait des dernières sorties : Kirzy !
Commenter  J’apprécie          9749
oyez, oyez, braves gens ! Apprêtez vous à être esbaudis par ce livre totalement déjanté !
L'histoire de Jeanne d'Arc revu et corrigé avec des situations et des dialogues plus que savoureux !
Un mélange d'ancien français et de verlan qui dépoussière l'histoire de France avec un brin d'aventure style Seigneur des anneaux.
Un pur délice, une grosse marrade en perspective, un ovni à ne rater sous aucun prétexte !!
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (584) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2560 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}