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Citations sur La vie en Rose (25)

La question me laisse sans voix. Je coupe avant qu'il ne me demande mon nom de famille, sélectionne Reign in Blood de Slayer sur la playlist de mon portable et monte le son de l'autoradio. Je me demande aussitôt si le bébé aura les mêmes goûts musicaux que moi – putain, je viens d'utiliser le mot bébé, non ?

Là, je flippe carrément.

Je monte encore le son de deux crans pour que les riffs saturés de Jeff Hanneman et Kerry King m'empêchent de penser. J'y parviens péniblement, jusqu'à me mettre mentalement à traduire les paroles du titre « Angel of Death » sur les expériences atroces de Mengele pendant la Seconde Guerre mondiale. Horrifiée, j'éteins le poste. J'arrête la Saxo en pleine rue, prise de nausée, j'ouvre la portière et je vomis mon petit déjeuner sur la chaussée.

Au milieu d'un concert de klaxons, je réalise soudain que thrash metal et maternité sont peut-être antinomiques.

Je re-flippe grave.

Et s'il s'agissait d'un symptôme permanent ?

Je défaille.

J'imagine soudain un avenir post-apocalyptique où je n'écouterais que du Céline Dion, des albums d'Henri Dès ou une compilation des Enfoirés.
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Derrière la porte, c'est moi, Rose Mabille, vingt-deux ans, une licence de lettres classiques et en congé sabbatique jusqu'à nouvel ordre. Je suis la numéro trois d'une famille de six enfants dont les trois derniers, Antoine, Camille et Gus, d'origine colombienne, ont été adoptés. Plus le chien et les chats. Moins mes parents, en vadrouille à l'autre bout du monde, ainsi que mes deux frères aînés, enseignants-chercheurs à la fac de Grenoble, l'un en histoire des idées, l'autre en mathématiques. Assise du bout des fesses sur le rebord de la baignoire, je compte et recompte les quatre brosses à dents plantées dans un verre à moutarde posé sur le lavabo, face à moi. Tee-shirt Guns N'Roses élimé, période « Welcome to the Jungle », culotte aux chevilles et blues du mardi matin.

Le gros blues.

Le genre qui vous pousserait à écouter l'intégrale de Claude François sous la douche, voyez !
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Comme chaque matin, le chien baptisé Kill-Bill s'avance sur le pas de la porte de la cuisine au son des informations nationales du service public radiophonique. Fidèle à ses habitudes, il trottine jusqu'au pot de géraniums sur lequel il pisse, remue deux fois la queue et hume l'air, la mine songeuse. Fourrure impeccable, le poil long et noir de Bigorre sur le dos, brun aux pattes et fourrure blanche sur la poitrine, quarante-sept kilos à la pesée, regard conquérant et filet de bave athlétique aux babines. Grande classe. Le bouvier bernois dans toute sa splendeur vachère et bovine. Derrière lui, Élodie Callac minaude sur France Inter que le soleil se lève à l'instant. Tu parles d'une nouvelle ! Le chien le voit bien, et d'ailleurs, il s'en contrefiche.

Il a d'autres priorités.
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La scène a la beauté virile d'un clip de Michel Sardou, la profondeur de champ d'un film de Luc besson et la sauvage détermination d'un texte de Didier Barbelivien.
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Mon amie est installée dans l'entrée sur un fauteuil barbier Sasha rouge vermillon avec pompe hydraulique, appui-tête simili cuir, dossier inclinable et repose-pied en aluminium. Tailleur gris anthracite, sobre mais efficace, escarpins Minelli, tête en arrière, bras pendant de part et d'autre des accoudoirs. Elle tient du bout des doigts de la main droite un peigne argenté, poignard symbolique.

Autour d'elle, son fan-club de mamies permanentées et de commerçantes solidaires monte la garde, l'œil mauvais. Comme pour signifier au monde entier que les limites de l'indécence viennent une nouvelle fois d'être franchies. Qu'il y a des symboles auxquels on ne touche jamais. Que casques chauffants, fers à lisser, ciseaux effileurs et shampoings multivitaminés font clairement partie de cette catégorie taboue – sinon, où va le monde, hein, je vous le demande ?
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Le grand frisson de l'adultère. Le mari aimant, dépressif, sécurité de l'emploi mais qui bande mou. Le bandit au cœur tendre et à la bite d'acier. À sa façon, elle rééquilibrait les comptes des inégalités sociales. Le nivellement par le sexe – par le bas, mais pour grimper au septième ciel, donc vers le haut. Maton et taulard, unis par un même mouvement de bassin égalitaire et amoureux. Une forme de justice du plumard.
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Camille a capté notre bref échange. Elle me dévisage avec suspicion. Je feins de me laisser aller sur l'oreiller en guise de diversion et je fourre la main dans la poche de mon jeans pour y trouver le test de grossesse. J'entrouvre mes paupières. Nouveau clin d'œil de docteur-le-fouineur qui semble me dire « Je suis tombé dessus par hasard, je te jure ! » et à qui je balance mon regard torve qui signifie « Si tu parles, tu es mort, chacal puant ! ». Message reçu cinq sur cinq. Il referme sa sacoche, salue l'assemblée et prend congé. 
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Le médecin me fait un clin d'œil complice, lève discrètement l'index sur ses lèvres, puis il empoche le chèque.
Il sait.
Uniquement à l'aide d'un stéthoscope ?
Impossible.
Camille a capté notre bref échange. Elle me dévisage avec suspicion.
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Comme dans un roman de Harry Crews.
Je me demande si le meilleur ami de ma sœur a eu le temps de lire l'un de ses romans avant qu'on lui plante un couteau en plein cœur.
Sinon, ce serait terrible…
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- Ça ne te dirait pas d'être triste à ma réunion parents-profs ?
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