Pendant la seconde guerre mondiale, des femmes ont été formées au pilotage et ont volé à bord d'avions militaires qu'elles étaient chargées de convoyer sur les bases d'opérations. Elles ont également accompli de nombreuses missions civiles jusqu'à ce que leur unité soit dissoute et que ces pionnières, désormais clouées au sol, soient remplacés par des hommes soucieux de conserver leur exclusivité dans la maîtrise des airs.
Maggie Leffler a choisi de mettre en scène l'une de ces femmes vaillantes,
Mary Browning, qui au soir de sa vie, meuble sa solitude en animant un atelier d'écriture pour seniors.
Un jour, une jeune fille de 15 ans, Elyse, fait irruption dans le groupe pour venir soumettre son texte. Mary s'attache à la jeune fille qui lui rappelle tellement sa soeur tant aimée, disparue depuis bien longtemps et elle va lui demander de mettre en forme ses mémoires qui feront référence à sa jeunesse aventureuse de pilote.
Elyse est fascinée par la vieille dame qui lui apporte tant de réconfort au moment où elle est confrontée au divorce de ses parents et à ses premiers émois amoureux.
Entre elles deux, c'est une amitié authentique qui se noue, faite de confiance et de partage jusqu'à ce qu'un secret révélé n'apporte une justification à ces liens.
Une très belle histoire de transmission d'un patrimoine mémoriel familial qui fait fi du temps et des obstacles. A travers les discours alternés de Mary la vieille dame, de Miri, celle qu'elle était soixante ans plus tôt et d'Elyse l'adolescente contemporaine, les émotions exprimées vont droit au coeur du lecteur.
Le choix crucial auquel s'est trouvée confrontée Miri qui n'a pu vivre la vie qu'elle avait choisi qu'en rompant douloureusement avec sa famille, ne peut qu'évoquer une triste problématique bien actuelle liée à l'essor des fondamentalismes religieux de tous poils propres à faire frémir un Dieu digne de ce nom.
J'ai aimé ces portraits de femme autour duquel s'enroule le récit qu'il s'agisse de la rousse Murphee, des soeurs ennemies Andy et Jane ou même de Séléna.
Un regret toutefois. La conclusion du roman ,exploitant une invraisemblable coïncidence, n'apporte rien de plus au récit, si ce n'est qu'elle ôte à la trame romanesque une crédibilité qui jusque alors en faisait tout le charme.
Faut-il rappeler une fois de plus que les liens qui se créent entre les êtres sont indépendants de la génétique et que leur authenticité n'en est que plus admirable ?