Une femme s’attend à ce que tu lui démontres qu’elle vaut la peine que tu prennes des risques pour elle, que tu rendes hommage à la femme en elle. Même la plus féministe veut que tu la féminises. On a beau être au XXIe siècle, la femme est une forteresse qui doit être prise ; qui veut être prise. Ceux qui se promènent en touristes dans le cœur d’une femme n’ont rien compris.
Elle adore se trouver dans ce monde enchanteur qu’elle s’approprie rapidement. Mais ce monde a ses limites, car il appelle la chair, mais ne la soumet pas. Le mot prépare la main, mais ne la remplace pas. Vient un moment où les actes doivent parler. Or, si j’aime charmer, il m’arrive souvent de ne pas être sûr de vouloir aller plus loin. J’aime me tremper les orteils, mais je plonge rarement. Je crois savoir pourquoi : je réserve le grand plongeon à celle qui me submergera.
L’humour et la dérision sont les armes des faibles, la seule forme de protestation à leur portée. Ça, nous le savions, nous qui étions captifs de notre statut d’enfant. Il fallait obéir à tous les adultes, se plier à leurs horaires, manger quand ils le voulaient. En outre, nous redoutions les premiers émois de la préadolescence, les premières transformations, car alors même notre corps ne nous obéirait plus.
J’écris pour me soulager et pour me nourrir. J’écris parce que je suis vivant et que c’est tout ce que je sais faire. Je suis un ouvrier des mots. Je prends chaque matin mon coffre à outils, c’est-à-dire mon ordi, et je pars travailler. Je réusine des expressions ; je les zigonne, les polis, les mets en valeur. J’essaie de leur rendre leur beauté. Des mots, j’en trouve partout !
Les mots ont un pouvoir, que je soupèse avec le même soin qu’un ouvrier met à choisir le bon outil dans sa trousse. Avec ces matériaux, je bâtis des ponts entre moi et les autres. Voyant que l’élue de mon cœur en redemande, je lui construis un royaume où elle s’empresse de régner.