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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je sais pertinemment qu'il y a de nombreux fans, aficionados et adorateurs de Dennis Lehane sur ce site, et je sais également que ce que je vais écrire plus bas ne leur plaira pas forcément, mais l'on n'est pas obligé d'être de l'avis de tout le monde, et c'est le droit que je m'octroie aujourd'hui, quitte à passer sous les fourches caudines de leur mépris.

Je l'avais déjà constaté et maladroitement argumenté à propos de Shutter Island et j'ai éprouvé un sentiment analogue à la lecture de Mystic River.

L'histoire est parfaite, un scénario finement huilé, très cinématographique, très dialogué, idéal pour être porté à l'écran. Ce que fit d'ailleurs Clint Eastwood avec grand brio pour Mystic River ou Martin Scorcese pour Shutter Island.

Or, c'est précisément là que je commence à tiquer. En effet, je ne connais pas de bons romans que l'adaptation à l'écran n'ait amoindris, car inévitablement tous les aspects que recouvrent un bon roman ne sont pas transmissibles en format cinéma. Vous me suivez ? (Bien sûr on peut toujours écrire « Ses godasses étaient usées jusqu'à la corde et elle se décida enfin à les foutre en l'air. » mais on peut aussi écrire « le soir de ses ballerines avait paru, depuis bien longtemps déjà, et elle eut regret de s'en séparer... à jamais. » )

Il va sans dire qu'on peut trouver des tenants du livre au détriment du film, mais on en trouvera peut-être autant qui prétendent l'inverse. La vérité, c'est probablement que le film et le bouquin se valent, très fidèles l'un à l'autre, avec leurs avantages réciproques, mais dans l'ensemble, très comparables. Comme si, finalement, la véritable finalité du livre était d'être porté à l'écran.
C'est la définition textuelle d'un scénario.

Pour moi, Dennis Lehane est un scénariste hors pair, mais pas un écrivain au sens où je l'entends. Je n'ai peut-être pas suffisamment argumenté ce point dans l'avis que j'ai laissé à propos de Shutter Island, alors je vais tâcher de faire mieux et d'être plus parlante pour Mystic River.

De mon point de vue, par exemple (je prends cet exemple, mais je pourrais diversifier à l'infini, qui connaît, autre exemple, la chaîne de restauration rapide Chuck E. Cheese et comprend qu'il faut entendre par là qu'elle accueille tout particulièrement les enfants ?) lorsque Dennis Lehane nous parle de telle ou telle actrice de série mièvre américaine, il suppose que son lectorat connaît cette actrice, s'en fait une image mentale parlante et connaît le « type » que cette actrice matérialise. Bien évidemment, pour un certain nombre de lecteurs, c'est parlant, c'est évocateur. Mais pour un nombre encore plus grand d'autres (nombre qui ne fera qu'augmenter au fur et à mesure que ces séries tomberont en désuétude, remplacées par d'autres du même acabit mais plus récentes), cette référence est sans fondement. En ce sens, c'est une faiblesse d'écriture. Un livre doit se suffire à lui-même. S'il faut baigner dans un jus culturel particulier pour lui être accessible, c'est dommage.

Pour rendre cet exemple encore plus parlant, si je vous parle d'Alice Sapritch, de Dorothée ou de Vanessa Demouy, pour un certain nombre d'entre vous, cela fera sens. Chacune, à sa façon, représente un type particulier et digne d'offrir une comparaison. Cependant, si j'écris dans un roman : « C'était le portrait craché de Dorothée. » C'est une faute d'écriture car nombre de lecteurs présents et futurs ne s'imaginent pas le moins du monde qui peut bien être Dorothée, et je ne vous parle même pas d'un pauvre lecteur sud-américain, congolais ou chinois. Il y a un effort de généralisation qui n'a pas été accompli par l'écrivain. Celui-ci aurait plutôt dû écrire : « Elle avait une blondeur, un sourire forcé et un ton débilitant digne d'une présentatrice d'émissions de jeunesse des années 1980. » Ici, même si mon lecteur n'était pas né ou si au contraire il était trop vieux ou d'une tout autre culture pour avoir connu les émissions de jeunesse des années 1980, il a au moins un moyen de faire fonctionner son imaginaire pour se fabriquer une image mentale (le propre du roman, par opposition au cinéma qui impose une image et une seule), et ainsi lui ouvrir les portes de la compréhension fine de ce qu'a voulu exprimer l'auteur.

Je ne fais pas mystère du fait que j'affectionne les classiques, pourtant, je peux vous pointer très exactement tel et tel point chez tel ou tel auteur, où l'écrit rate totalement sa cible. Qui connaît les airs à la mode à Paris en 1836 ? Si l'argumentaire tient sur le nom de cet air et ce nom seul, vous pouvez être sûr que l'auteur s'est planté, au moins pour la destinée à long terme de son oeuvre. Bien évidemment, si l'on souhaite faire de la littérature jetable, vite écrite, vite lue, vite oubliée, c'est autre chose et vous pouvez oublier cet élément de généralisation.

J'en veux d'ailleurs pour preuve que ce même Dennis Lehane, lorsqu'il écrit Shutter Island, c'est-à-dire une histoire qui se déroule à une époque que lui n'a pas connu, fait l'économie totale de tous ces petits marqueurs soi-disant " d'authenticité ", tel le surnom employé localement pour désigner un modèle de voiture ou bien encore la métonymie de la marque pour désigner une bière. Preuve, s'il en était besoin, de leur totale inutilité stylistique.
Pour terminer sur ce point de style (ou d'absence de style plus exactement) je me contenterai de citer Pierre Desproges qui disait : " J'imite vachement bien l'accent cancéreux de mon père, ça fait rire tous les gens de ma famille, mais évidemment, c'est moins drôle si on connaît pas mon père. "

Si je suis scénariste et non romancier, au contraire, je n'ai pas à faire cet effort de généralisation, car je sais que l'image va venir suppléer au signifié propre du texte. Je n'écris donc pas un scénario comme j'écris un roman.

Si je suis romancier et non scénariste, je sais qu'il y a ce que j'écris (important) et COMMENT je l'écris (encore plus important), car je sais que ce qui restera dans la tête de mes lecteurs, ce ne sera probablement qu'une image globale de l'histoire, par contre, le flamboiement d'une formule, l'impact de tel mot juxtaposé à tel autre, ça c'est ce que l'on retient pendant des siècles et des siècles et c'est ça qu'on entend par le mot littérature au sens noble du terme.

Peut-être est-ce parce que j'ai une trop haute opinion du roman en tant qu'outil d'édification que je suis si pointilleuse sur sa qualité d'écriture et sur les termes dont on se sert pour le qualifier.

Je le répète, pour moi, Mystic River est un super scénario de thriller et j'ai vraiment beaucoup aimé l'adaptation cinématographique qui en est issue et qui lui est très fidèle, mais plus que jamais, Mystic River n'est pas un roman. Ce n'est pas assez écrit pour le considérer comme tel. Je ne peux pourtant pas dire que le résultat soit désagréable à lire, c'est même tout le contraire, c'est juste que je ressens un goût d'inachevé derrière ce fantastique travail d'édification d'un scénario aussi plaisant. Avec un soupçon d'écriture là-dessus, ç'aurait pu être un vibrant chef-d'oeuvre.

Un roman que rien ne dénature à l'écran n'est pas un roman. Prenez n'importe quel roman digne de ce nom, dans des styles ou des époques divers : Les Liaisons Dangereuses, Les Misérables, Voyage Au Bout de la Nuit ou n'importe quel vrai roman. Portez-le à l'écran de la meilleure façon qui soit et dites-moi si vous n'y avez rien perdu.

Bien sûr que si, vous y aurez perdu car l'adaptation ne tiendra compte que du scénario de ces romans et est incapable, par nature, d'évoquer le reste, cette dimension que seule la lecture peut révéler. le scénario n'est qu'une partie (voire la plus faible partie) de ces romans majeurs. (J'ai entendu une fois Daniel Pennac évoquer la difficulté d'adapter ses romans à l'écran, justement, en raison de son écriture métaphorique, intraduisible par l'image.)

On a un peu trop tendance à croire que parce que certains très bons romans ont été magistralement adaptés au cinéma, ce qui en fit d'excellents films, on s'imagine que la réciproque est vraie. À savoir qu'un roman dont est issu un excellent film, et fidèle à celui-ci, ne peut être qu'un excellent roman. Non, et cent fois non, car le roman avait sa raison propre d'exister avant le film. Même sans film cela reste un excellent support culturel, un support de l'imaginaire, tandis qu'un scénario c'est la version écrite d'un storyboard, c'est-à-dire une étape embryonnaire dont le stade achevé, le stade ultérieur est la production d'un support audio-visuel. Ce support, n'est pas nécessairement dévolu à promouvoir l'imaginaire du récepteur ou à travailler sur la langue comme l'est le roman et c'est là toute la différence.

Je prends le roman policier, le roman noir, le thriller suffisamment au sérieux pour croire qu'il est possible d'en faire des romans, au sens le plus noble, et pas de simples scenarii, certes magnifiquement ficelés, mais de simples scenarii tout de même.
Bon, je me suis un peu emportée, et après un tel prologue, peut-être me faut-il tout de même dire deux mots du scénario lui-même, puisqu'il est le fer de lance de l'ouvrage.

Trois gamins de Boston, Jimmy Marcus, Sean Devine et Dave Boyle, traînent dans la rue un jour de 1975 quand ils tombent sur deux types bizarres, à l'allure de flics, qui leur font une remontrance. Ils se proposent de reconduire chez eux ces petits voyous, mais les trois garçons ont un mauvais pressentiment sur ces deux hommes. Seul Dave montera finalement dans la voiture.
Les deux hommes s'avèreront être des pédophiles et Dave restera traumatisé par ces quatre jours d'enfer vécu auprès d'eux.

Vingt-cinq ans plus tard, alors que les trois amis se sont plus ou moins perdus de vue depuis bien longtemps et ont suivi des destinées fort différentes, l'assassinat de la fille de Jimmy va les réunir de la façon la plus étrange.

Dennis Lehane nous conduit à merveille sur les sentiers du doute, dans les tréfonds de la psychologie de ses personnages, sur l'irrationnel enfoui en chacun de nous, sur... stop ! Il n'est pas convenable de vous en dire beaucoup plus donc je me contenterai de ce petit avant-goût et en profite pour vous rappeler que tout ce que j'ai exprimé plus haut ne représente que mon minuscule avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Avec « Mistic River » Lehane signe une nouvelle fois un roman noir d'une grande envergure.
Jimmy Marcus, Dave Boyle et Sean Devine, sont trois amis que deux drames à vingt cinq années de différences vont liés à jamais. Lehane donne toute la mesure de son talent dans ce polar à la noirceur poisseuse. Chaque personnage suit une logique implacable, le malheur est tombé dans leur vie depuis trop longtemps pour que l'espoir demeure. La violence est là, latente, on la ressent prête à jaillir à tout moment, comme si elle pouvait cautériser les souffrances. le récit prend aux tripes, avec une puissance incroyable, rarement récit vous attrape avec une telle force, une telle émotion. Plus qu'un polar, une plongée dans l'âme humaine obsédante et crépusculaire.
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Un super polar. J'en lis peu, mais lorsque je me laisse tenter par ce genre de roman, j'aime éprouver cette ambiance.
C'est glauque, pesant, parfois limite malsain, mais c'est aussi une ambiance d'amitiés, de clans, de loyautés et d'amours.
Le film, tiré du roman, est juste, il ne manque rien. Parfait...
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Bien des critiques déjà sur Babelio pour ce polar. Donc, je ferai cours.

Dennis LEHANE joue avec les nerfs de ses lecteurs. Par moment, la pression est à son paroxysme puis se relâche pour reprendre de plus belle. L'atmosphère est lourde, c'est le moins que l'on puisse dire.

Je me suis attachée aux personnages, j'étais avec eux, j'ai ressenti de l'empathie, puis de la pitié et pour finir, du dégout pour certains. Je ne sais pas si je dois aimer ou haïr Dave. Et que penser de Jimmy, Jimmy toujours attentif à chacun, si rassurant, mais qui cache bien des secrets. Est-il vraiment « rangé » ? Et que dire de l'assassinat de Katie, la fille de Jimmy ? Un acte gratuit, bête et méchant. Un « caprice » d'enfant qui a fait une « bêtise ». Oui mais voilà, une bêtise irrémédiable.

Il va me hanter un moment celui-là. Un très bon moment de lecture.
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Dans une petite banlieue de Boston des années 1970, 3 bons copains s'éloignent suite à un secret. Un secret qui n'en est pas vraiment un, tout le monde connait les grandes lignes de cette scabreuse affaire, mais personne ne tient à se confronter aux détails, pas même la victime.
Le temps passe, chacun fait sa vie de son côté, puis le karma ou le Destin les rattrape : ils se retrouvent à nouveau liés par une affaire, un meurtre cette fois-ci. Entre le flic, le père de la victime et le témoin pas si net que ça... les vieilles blessures, vieux démons et vieilles rancoeurs resurgissent.

Un grand classique de Dennis Lehane avec une écriture toujours aussi dense (surtout en vo ! ). L'auteur n'a décidément pas son pareil pour dépeindre le côté sombre qui anime ses personnages, des petits secrets aux grosses hargnes : les âmes sensibles n'ont qu'à bien se tenir. Une analyse humaine et sociétale toujours aussi forte, pertinente voire même dérangeante par moments tant Lehane semble avoir capté les failles du système.
Une vraie lecture coup de poing, comme le fut Gone Baby Gone avec quelques longueurs en plus ici - et un épilogue totalement inutile !
Malgré ce petit bémol, c'est indéniable, Lehane sait tenir son lecteur en haleine jusqu'à la fin avec un retournement de situation toujours bien trouvé en dépit d'éléments plus "attendus" !
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Il y a fort fort longtemps, j'ai regardé Mystic River réalisé par Clint Eastwood. Je devais être trop jeune ou trop fatiguée ou pas assez attentive, toujours est-il que je n'ai quasiment rien retenu de l'intrigue. Quelques années plus tard, je découvrais Dennis Lehane (devrais-je dire le talentueux mister Lehane) à travers les enquêtes du duo Kenzy et Genarro dont j'ai dévoré chaque épisode, meilleur année après année. Et comme son talent ne s'est pas arrêté à cette série, j'ai fouillé et pris connaissance de Mystic River et de Shutter island (mais là pour le coup j'ai retenu l'intrigue). C'est donc finalement sur Mystic River que s'est porté mon choix, motivée par la perspective de retrouver l'ambiance d'une Boston ouvrière qui m'avait tant séduite avec les enquêtes de Kenzy et Genarro.

Notre roman débute sur une affaire dès plus sordide : sur la bande de trois gamins d'une dizaine d'années qui jouaient tranquillement dans un quartier populaire de Boston, l'un d'entre eux est enlevé par deux pédophiles s'étant faits passer pour des flics. Il reviendra quatre jours plus tard et ne sera plus jamais le même. Cet enfant, c'est Dave Boyle. Les deux autres camarades qui ne sont pas montés dans la voiture sont Sean Devine et Jimmy Marcus. Ce drame à peine évoqué pourtant, les marquera et créera entre eux un fossé infranchissable.

25 ans plus tard, nos trois anciens compères ont pris des chemins très différents : Sean Devine, le plus favorisé de la bande parce que son père était contremaître, est devenu flic à la criminelle. Jimmy Marcus quant à lui, le sanguin du groupe, le casse-cou intrépide et aux nerfs d'acier, d'ex-taulard cambrioleur est devenu un honnête père de famille, citoyen rangé en charge d'une femme aimante et de trois filles. Dave Boyle, lui, peine à construire un équilibre familial, mais réussit tant bien que mal : entre un boulot précaire, une propension à boire trop de bières et un foyer composé de son épouse Celeste et de son unique enfant, Mickael. Trois destins qui n'auraient jamais du se recroiser si l'assassinat de la fille aînée de Jimmy Marcus, Kathy, ne les avait réunis à nouveau. Sean en charge de l'affaire à maille à partir avec Jimmy Marcus, père éploré dont on a volé le joyau, sa fille aînée, qu'il s'était juré de protéger. le problème quand on est Jimmy Marcus, qu'on est issu d'une famille d'ouvriers irlandais hargneux et qu'on a épousé la petite soeur d'une fratrie de frères irlandais plus habitués à la prison qu'au grand air et qu'on dispose soi-même d'un caractère bien trempé, c'est qu'on souhaite se faire justice soi-même. La police par trop leur came. Et comment expliquer que le soir de l'assassinat de Kathy, Dave Boyle soit revenu chez lui en sang en prétextant s'être battu avec un voleur à la petit semaine qui l'aurait menacé. Celeste Boyle doit-elle croire son mari alors que tous les éléments concordent à le discréditer ? Sean Devine est-il prêt à affronter Jimmy Marcus et Dave Boyle, tant d'années après ? Et surtout, qu'est-il arrivé à Kathy qui s'apprêtait à convoler vers Las Vegas pour épouser Brendan Harris ? Qui l'a massacrée à coup de batte de hockey ?

Il m'aura fallu du temps pour entrer pleinement dans Mystic River. le temps pour Dennis Lehane de poser chaque personnage, déroulant le fil d'une amitié trop vite sacrifiée. le temps de connaître Sean, Jimmy, Dave, intimement, profondément : leurs failles, leurs peurs, ce qui nous les rend si attachants chacun à leur manière. Planter le décor, me familiariser avec le quartier des Flats, ses habitants, peu gâtés par la vie mais ne perdant pas de vue l'essentiel, portés par un courage et une fierté frondeurs. M'habituer à l'horreur, lui faire face et accepter la violence ordinaire qui sourd à chaque coin. Réaliser que le passé ressurgit inévitablement et façonne les adultes que nous sommes aujourd'hui. Mon dieu que ce roman est noir, gagnant en puissance au fil des pages, me laissant sonnée à la fin. Un roman d'une grande profondeur, étonnant de maîtrise grâce à Dennis Lehane qui une fois de plus démontre l'étendue de son talent. Profond, intense et sensible, tout simplement beau, Mystic River nous confronte, tout autant que Sean, Jimmy et Dave, à notre propre passé, nous interrogeant sur nos démons intérieurs. Un roman intelligent qui résonnera encore en moi quelques temps.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Mouais.
Je crois que j'aurais continué l'histoire, quitte à ajouter quelques pages. On reste sur sa faim ! Et cette histoire est immorale. Un polar doit-il avoir une fin morale ? Non, pas forcément, notamment les romans noirs et c'en est un. Cependant, voilà, nous avons le dénouement et puis, rien, on refait le monde. Et je vais t'arranger ci et je vais t'arranger ça et le quartier par-ci et je t'aime par-là et c'est mon fils là-bas et salut mon gars. Non, il fallait autre chose, autre chose de plus fort, une sublimation, un dernier affrontement, un dernier duel, front contre front, intelligence contre intelligence, force contre force, un gagnant et un perdant et pas forcément le méchant, des faits, pas des mots, pas des : j't'aurai un jour...
La perte d'un enfant est une chose terrible, car n'entrant pas dans la nature des choses, des événements, les grands parents partent avant les parents, lesquels disparaissent avant leurs enfants, c'est l'ordre. Aussi perdre un enfant engendre une douleur fulgurante et indéfectible, douleur que j'espère ne jamais ressentir. Aussi je comprends le désarroi et le désir de vengeance. Je me suis posé la question de savoir comment j'agirais dans une telle situation, je n'ai pas la réponse.
Il faut reconnaitre que Lehane écrit bien, que son polar est quand même très psychologique. L'étude des caractères tient autant de place que l'intrigue policière, proprement dite. le mélange ne se fait pas bien, à mon goût. D'autres auteurs réussissent, magnifiquement, mieux. Son style s'apparente aux classiques, notamment Chandler. Il nous tient en haleine sans vraiment nous entrainer dans son histoire et j'ai un ressenti de polar pépère, enquête pépère. Violence latente, présente à la fin, toujours attendue mais lente à venir.
Trois hommes, trois destins, il fallait faire éclater tout ça, rentrer dedans, non, toujours polis, bonjour Monsieur Machin, ça va ce matin, prendrez bien un sprite ?
Il fallait bousculer Dave en interrogatoire, c'est bien de la laisser mijoter mais qu'en tire-t-il, au bout du compte, pas grand-chose.
Jimmy, le demi-sel, l'ex taulard, chef de bande, mou, mou tout ça. Bon il souffre et ne pense qu'à la vengeance, mais du nerf. Rentre-lui dedans Sean, mince et réciproquement, non j't'explique pourquoi j'suis en probatoire, c'est à cause de...Non, basta, stop.
Lehane est trop cérébral.
Bref, belle écriture, histoire crédible, intrigue qui tient la route, dénouement logique ou illogique, à chacun son choix, oeuvre inachevée, frustration.

Challenge America - Massachusetts
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Avant tout une rencontre avec des personnages.
Trois garçons que nous fréquentons brièvement à la frontière de leur enfance et de leur adolescence. Chacun est dépeint d'un certain point de vue, la connaissance que nous en avons n'est que tout à fait partielle et partiale.

Puis nous retrouvons ces trois personnages, trois hommes maintenant, dans un cadre critique : une enquête policière autour de la mort, violente, d'une jeune fille.

Plus que la partie policière, c'est le suspense psychologique qui prédomine ici. Avons-nous deviné les pensées des personnages - l'orientation de leur pensée du moins ? Sommes-nous prêt à accepter de croire ce qui nous est donné de chacun, bon fond, mauvais fond, victime ou coupable, repenti ou pas, faiblesse ou force… ?
C'est un roman noir, dont l'écriture sert le malaise que crée l'incertitude dans laquelle nous nous trouvons, car il est naturel de vouloir prendre parti envers les personnes que nous fréquentons.

Comme il doit être difficile d'être juré d'assises…

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Et voilà j'ai passé le pas.. mon tout premier Lehanne. J'ai beaucoup aimé, même si il manquait un tout petit quelque chose. pour qu'il soit parfait !! J'ai beaucoup aimé l'intrigue et l'auteur a réussi a titiller ma curiosité.. qui a tué et pourquoi ?
Ensuite il y a aussi une vraie leçon de vie parce que je me demande sincèrement de quoi je serais capable si il arrivait quelque chose d'aussi horrible a un de mes enfants;

D'ici peu, je pense qu'un autre livre de Lehanne passerait dans mes mains et m'accompagnera dans mes soirées
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Sean, Jimmy et Dave sont trois copains d'une dizaine d'années qui se retrouvent dans la banlieue de Boston pour jouer et s'amuser. Un jour, Dave est emmené en voiture par deux types louches qui se présentent comme des flics. Mais très vite après leur départ, Jimmy et Sean se rendent bien compte que c'en n'était certainement pas. Dave reviendra quatre jours après et ne dévoilera pas ce qui s'est réellement passé. Vingt-cinq ans plus tard, les trois garçons devenus hommes ne se côtoient plus vraiment et ont tous pris des voies plus ou moins différentes. Mais le meurtre de Katie, la fille aînée de Jimmy, va raviver bien des souvenirs et surtout réunir dans les pires circonstances les trois anciens comparses...

Dennis Lehane est connu pour ses polars, bien sûr, mais également parce que ses livres ont une fâcheuse tendance à se faire adapter au cinéma. En même temps, quand il y a matière, pourquoi se priver ? (Hollywood d'ailleurs ne se prive plus du tout depuis bien dix/quinze ans et est devenue relativement flemmarde en ce qui concerne la production de scénarios originaux non tirés de romans...) Ainsi, le film de Clint Eastwood en 2003 a carrément propulsé Lehane sur le devant de la scène. Normal, vu tout le bien qu'on entend sur ce film.
Mais quand on lit, même si l'histoire est entraînante, bien écrite et bien fichue, y a quand même un paquet de longueurs, et surtout le suspense n'est pas vraiment au rendez-vous. Dommage pour un polar qu'on dit de renom.
Si la révélation du coupable ne cassent pas trois pattes à un canard, ce qui est néanmoins remarquable dans ce roman c'est les relations entre les personnages, et tout cet arrière-plan du passé qui plane au-dessus de la tête des protagonistes. Lehane flirte avec l'idée que nous sommes ce que notre passé a fait de nous et qu'on ne peut échapper au destin, totalement forgé dans la suite d'évènements où la vie nous a conduits. Nous sommes ce que la vie a fait de nous ; nous sommes à la fois les victimes et les acteurs de ce qui nous arrive. Et le passé a beau être derrière, il nous hante, laisse irrémédiablement son empreinte sur le présent. Car le passé détermine le futur.
Dennis Lehane a ainsi pondu un polar sociologique, hyper marqué par la noirceur qui vit au creux de chacun de ses personnages, qui pompent leurs forces aussi bien dans l'amour pour leur famille que dans la violence.
En cela, on ne lit pas ce roman pour avoir des palpitations, mais bien pour accompagner des personnages dans l'irréductible déroulement de leur vie, écrite en un instant par des voitures qui prennent des virages (remarquons rétrospectivement l'effet miroir entre la scène où la voiture dans laquelle est monté Dave tourne au bout de la rue, lui qui sera changé à jamais, et les copines de Katie qui voient sa voiture tourner au bout de la rue aussi pour ne jamais la revoir, elle qui va se faire assassiner par le "retour de karma" -- comprendra qui a lu) et une succession de décisions qui se répercutent dans l'avenir et détruisent tout sur leur passage. Car l'enquête des policiers en elle-même n'est pas franchement bouleversante. Encore une fois, c'est bien les actions des personnages et leurs raisonnements qui font l'intrigue et suscitent l'intérêt.
A cause de ces longueurs et du coup du manque de suspense, je n'ai pas, comme on dit de nos jours, "over kiffé". Même si la fin, après la révélation du coupable, est belle et réellement bien écrite.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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