L'avis de C
Oui, nous sommes tous marqués au fer rouge par cette terrible soirée du 13 novembre 2015, nous nous sommes tous sentis profondément indignés face à tant de barbarie… Certains ont manifesté, d'autres ont pris leur plume en guise d'arme et enfin pour la plupart, nous avons continué à vivre, à rire, à avancer, à essayer de ne pas avoir peur…
Ce récit est à la fois terriblement angoissant, avec la description de l'attente, alors qu'Antoine recherche sa femme, et extrêmement touchant, notamment lorsque l'auteur parle de son fils, dont on sent bien qu'il est le dernier rempart, le pilier, qui raccroche Antoine à la vie.
Il est extrêmement difficile de ne pas ressentir d'empathie pour l'auteur, et, naturellement, on est tenté de saluer le courage et la souffrance – et c'est ainsi qu'il a été largement présenté. Et, en effet, on sort de ce livre très en colère, sous le choc, mais le sentiment qui a dominé pendant l'essentiel de ma lecture, c'est le malaise, et une sensation de voyeurisme. Que ce texte ait pu être un exorcisme, voire une façon de s'adresser à son fils, soit, mais cela justifie-t-il d'en faire un objet public ? L'engouement face au cri de révolte que pousse ici
Antoine Leiris, je ne le comprend et ne le partage pas…
L'avis de T
Je ne m'y attendais pas. Je pensais lire un livre sur le quotidien d'un père vivant avec son fils alors que sa femme a été tuée dans l'attentat du Bataclan. Et le résumé, en quatrième de couverture, me confirmait dans cette impression.
Mais, en fait, au moment de refermer le livre, j'ai l'impression que ce n'est pas du tout cela. Ce livre, tel que je le comprends, c'est le cri de l'homme qui a écrit la lettre du même nom, et qui ne sait pas comment assumer la fausse image que cette lettre, écrite dans l'instant, instinctivement, à créé dans le public. Lettre publiée au lendemain des attentats, «
Vous n'aurez pas ma haine » constitue le septième chapitre de ce livre – elle est donc pratiquement au milieu de l'ouvrage, parce qu'elle est, pour moi, au coeur du sujet de ce livre.
Les mots de cette lettre, qui a marqué la France d'après les attentats,
Antoine Leiris semble s'en sentir à la fois dépossédé et débordé. le courant de sympathie – temporaire – qu'ils ont créé lui semble déplacé, déconnecté. Il parait anticiper sur le fait que, une fois que l'émotion populaire se sera trouvé un autre objet, lui et son fils resteront seuls, avec leur chagrin, leur douleur, leur perte. Immense, définitive, et, surtout, profondément intime. Et donc impossible à partager.
Antoine Leiris décrit comment il s'est mis « de côté », pour ne pas accepter, mais sans le refuser, le soutien des mères des autres enfants de la crèche. Comment la visite d'un agent EDF lui est apparue comme l'intrusion déplacée de la vie dans son nouvel univers. Autant de bribes qui m'ont paru illustrer à quel point
Antoine Leiris s'est senti en décalage avec l'adhésion générale autour de sa lettre.
Du coup, qu'ai-je pensé de ce livre ? Je n'en ai aucune idée. Il est terriblement touchant, mais dérangeant ; profondément humain, mais presque désincarné ; glaçant, mais marqué par l'amour d'un père pour son fils. de mon point de vue, c'est le livre de la sidération…
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