La beauté réside dans ce que l'on saisit à la volée, et jamais on n'est plus vivant que lorsqu'on traque des instants qui meurent.
« Aimer ni trop, ni trop peu. Aimer est un art », avait conclu ma mère, l'index pointé vers le ciel. Je décidai dès lors qu'il n'était pas bon de trop aimer et qu'à couver son bonheur on l'étouffait.
De façon inédite, je vivais, l'instant présent dans toute sa densité, un instant pur, dépouillé des racines qui le lient au passé, des bourgeons qui lui promettent un avenir. Rien que la fleur du jour, ouverte et colorée, et peu m'importait qu'elle pût faner dans quelques heures. La beauté réside dans ce que l'on saisit à la volée, et jamais on n'est plus vivant que lorsqu'on traque des instants qui meurent.
Vivre, c’est semer le mot « encore » dans toutes ses phrases, le mot du désir renouvelé, celui que l’on murmure après l’amour.
La solitude et le silence m’ont peut-être aidée à vivre aussi longtemps : je me suis économisée, mise en veille pour passer le plus de temps possible en moi. Aucun autre voyage ne me tentait. Mes souvenirs et mes livres étaient des fenêtres ouvertes, je n’ai en leur compagnie manqué ni de ciel ni de soleil.
C’est un câlin d’une tendresse inouïe, ces retrouvailles matinales avec son jardin. Le seul, le dernier, quand on est une vieille dame privée d’étreintes.
J’apercevais la croisée des chemins à la sortie du village, au-dessus de lui la voie ferrée, et sinueuse en son centre la rivière, comme un sourire sur le visage de la terre.
l'essentiel n'est pas de boire mais d'avoir soif.
Rien n'a d'importance tant tout est partagé.
Tandis que je suis arrivée à bon port,je comprends que la vie,si longue soit-elle,est cet instant infime et superbe,la trace éphémère de l'eau glacée sur la pierre brûlante.