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sur 1924 notes
Etre privé de travail, ce n'est pas seulement manquer des revenus que le job vous procurait, c'est aussi perdre sa dignité et subir un déclassement social qui conduit à la dilution des valeurs, au repli sur soi et à la déchéance.
En analysant finement les différentes phases traversées par son héros Alain Delambre, un cadre vieillissant au chômage prêt à tout pour retrouver un emploi, Pierre Lemaître fait oeuvre de sociologue car il pointe du doigt la détresse profonde de tous ces seniors laissés sur le carreau au nom d'une logique capitaliste impitoyable qui élimine ceux qui sont devenus moins performants.
Pour se remettre en selle, et enfin accéder à un emploi Alain Delambre devra se résoudre à mentir à ses proches, à trahir ses idéaux, à se montrer cruel et sans pitié.
Il connaîtra de terribles épreuves qui semblent le mettre à terre....mais est-il véritablement ce perdant que tous finissent par plaindre ? Par un retournement de situation qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'au bout, notre anti-héros apportera la preuve éclatante que les apparences sont trompeuses et que ce n'est pas au vieux singe que l'on apprend à faire des grimaces...
J'ai beaucoup apprécié cette intrigue intelligente, bien menée , ce suspense qui joue sur les nerfs et se termine en apothéose.
Une fois de plus Pierre Lemaitre apporte la preuve que son talent est protéiforme, qu'il est un formidable raconteur d'histoires et qu'il sait nous entraîner à la suite de ses personnages jusqu'au bout de leurs tortueux chemins.
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Dans ma lecture des livres de Pierre Lemaître, il me manquait Cadres noirs… C'est chose faite.

J'ai encore une fois pris une claque littéraire…
Un ancien DRH de 57 ans, au chômage depuis quatre ans, désespéré de ne pas retrouver de travail dans son domaine de compétences, obligé d'enchaîner des petits boulots de manutentionnaires pour joindre les deux bouts, reçoit enfin une réponse encourageante d'un cabinet de recrutement… Même si l'ultime épreuve de sélection dépasse l'entendement, il va se révéler prêt à tout pour obtenir le poste. Il s'agit pour lui de retrouver sa dignité, sa place de chef de famille, son rôle de cadre supérieur sûr de lui…
Pierre Lemaître nous plonge dans le monde sans scrupule des grandes entreprises internationales et revisite en mode thriller les techniques et postures de management moderne. C'est réellement flippant et bluffant à la fois : il ne s'agit pas ici de motiver une équipe pour instaurer de bonnes relations de travail mais au contraire de manipuler, de souffler le chaud et le froid, de sélectionner au moyen de jeux de rôles pervers, de pressurer, de prendre et puis de jeter, d'utiliser à des fins pernicieuses… Pierre Lemaître développe ces règles et ces codes, puis les retourne et les détourne dans un crescendo angoissant.
C'est addictif, sans temps mort et, quand les évènements s'enchainent dans une spirale infernale extraponentielle, dans la mesure où j'ai accepté de suivre l'auteur, je vis les péripéties, même les plus incroyables, aux côtés des personnages ; personnellement, je me suis surtout identifiée à l'épouse et aux filles du personnage principal même si j'ai souffert avec lui, au sens figuré et au sens propre.
Pierre Lemaître a un merveilleux talent pour travailler ses personnages dont les ressentis sonnent toujours juste. Durant toute la première partie, il est aisé de s'identifier à cette famille, à ses difficultés, à ses renoncements ; les femmes renvoient comme par un effet miroir la déchéance de leur père et époux ; puis, quand ce dernier redevient enfin un candidat potentiel, ses choix et son engagement corps et âme pour réussir l'épreuve passent encore par le prisme des regards féminins… Je n'en dirais pas plus pour ne pas divulguer le déroulement de l'intrigue, mais cette place des femmes est omniprésente jusqu'au dénouement. du moins, c'est une des clés de lectures que j'ai choisie de suivre.

Cadres noirs réunit plusieurs thématiques et ambiances : thriller psychologique, actions, aventures, violence, courses-poursuites, malversations financières, amitié virile… C'est foisonnant et épuisant, physiquement et moralement ; À la fin de ma lecture, je me sentais comme l'épouse et la fille avocate du héros (celles et ceux qui ont lu ce livre comprendront, les autres savent ce qu'il leur reste à faire s'il veulent comprendre…).
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Dans " Cadres noirs" , Pierre Lemaitre nous relate principalement l'histoire d' Alain Delambre, un homme âgé d'une cinquantaine d'années. Ancien cadre dans les Ressources humaines, il est au chômage depuis quatre ans. Ne trouvant pas de travail dans son son secteur, Alain cumule les petits boulots provoquant une dégradation de l'estime de soi jusqu'à se faire harceler par un de ses employeurs et se sent ainsi démuni.

" En 4 ans, à mesure que mes revenus se sont liquéfiés, mon état d'esprit est passé de l'incrédulité au doute, puis à la culpabilité, et enfin au sentiment d'injustice. "

Jusqu'au jour où une entreprise s'intéresse de très près à sa candidature. L'entretien prend une tournure particulière car la société en question lui propose de faire ses preuves sous forme d'un jeu de rôle sur le thème de prise d'otages.

" Et tout le monde prend votre peur pour le résultat de cette prise d'otages spontanée, celle du cadre qui pète les plombs, débordé par son propre geste, mais cela sert avant tout à distraire notre attention."


Ce roman est diabolique car il explique comment le personnage principal peut déraper et devenir totalement fou et perdre contrôle à tout moment.
J'ai aimé la façon dont l'auteur décrit l'univers du travail. L'esprit de compétition est de rigueur dans " Cadres Noirs" , Alain va mettre tout en oeuvre pour obtenir ce poste au point de trahir et abuser sa propre famille.

Ce roman m'a vraiment tenue en haleine du début à la fin et l'histoire est tellement prenante que j'avais dû mal à le lâcher. le suspense est au rendez-vous entraînant ainsi le lecteur dans une spirale infernale et dans une véritable descente aux enfers.

C'est le premier livre que je lis de cet auteur et j'ai trouvé "cadres noirs" surprenant et tellement réaliste que je compte lire d'autres titres de Pierre Lemaitre.

Lien : http://delphlabibliovore.blo..
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Alain Delambre est un ancien responsable des ressources humaines, qui à 57 ans après quatre ans de chômage et petits boulots, d'humiliations au quotidien et d'effondrement de sa propre estime, parvient dans les derniers postulants à un poste à haut niveau dans une multinationale.
Il s'accroche à cet espoir de refaire surface. Mais le cabinet de conseil et la multinationale ont décidé de trier les prétendants au poste de DRH en organisant un fausse prise d'otage, qui permettra à coup sur d'identifier parmi les très hauts cadres de l'entreprise, les plus déterminés, les plus fidèles à l'entreprise et les plus réactifs. Delambre doit comme les autres postulants faire le tri parmi les cadres au vu de leurs réactions.
Il n'a plus rien à perdre et s'accroche à ce poste potentiel de toutes ses forces. Il met en jeu son couple, sa famille et ses relations pour réussir cette épreuve.
Mais comme souvent, les dés sont truqués et rien ne va se passer comme prévu.
Ce livre est une grande réussite. Comment parler de la crise, du chômage qui peut toucher chacun, des espoirs déçus et des brimades des petits chefs, sans sombrer dans un mélo larmoyant ? En élaborant comme Pierre Lemaitre l'a fait un polar, efficace rapide, prenant, montrant dans le détail la chute de ce responsable des ressources humaines broyé par le chômage.
L'histoire est racontée par deux des intervenants en trois temps. le fol espoir nourri par Delambre lors de la recherche de ce nouveau poste est certainement la partie la plus brillante, et la plus humaine. La deuxième partie se concentre sur la prise d'otage en donnant la parole à un de ses organisateurs. La troisième partie fait la part belle aux rebondissements du polar. le tout se lit vite avec toujours l'envie de savoir ce qu'il va advenir de ce Delambre qui dés le début met le lecteur de son côté.
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Je suis plutôt soumis à une sorte de réflexe d'espèce. Chercher du travail, c'est comme travailler, comme je n'ai fait que ça toute ma vie, ça s'est incrusté dans mon système neurovégétatif, quelque chose m'y pousse par nécessité, mais sans projet.
Je cherche du travail comme les chiens reniflent les réverbères. Sans illusion, mais c'est plus fort que moi.
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Cadres Noirs va, sans inhibition aucune, sur le terreau du social, et s'il n'est évidemment pas le seul roman noir à le faire, il y va frontalement, en posant une réflexion finement amenée . D'un fait divers qui pourrait totalement survenir dans notre société de maintenant, Lemaitre nous fait réfléchir sur la réinsertion sociale, celle qui passe exclusivement par le travail, et qui peut amener les individus, même les plus normaux de prime abord, aux plus sombres dérives.

Parmi ceux ci, prenez Alain Delambre, un cadre dans les RH, de + de 55 ans, et anéanti par quatre années de chômage sans espoir. Aussi, quand un employeur accepte enfin d'étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout : à emprunter une somme d'argent considérable, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l'ultime épreuve de recrutement, un jeu de rôle sous la forme d'une prise d'otages.

Le roman est parfaitement construit, se divisant en trois parties : la première et la dernière offrant lelemaitre point de vue du héros, la partie du milieu étant narrée par l'organisateur de la simulation de prise d'otages. Cette alternance des voix narratives nous permet de comprendre les motivations profondes de la partie adverse,et d'intensifier le suspense.

Les événements malheureux s'enchaînent de manière inéluctable, chaque acte posé par les personnages les conduisant à leur perte. Il ne suffit pas à Delambre d'être humilié après avoir servi la cause de l'entreprise, d'être diminué dans le regard de ses proches : sa révolte individuelle restera implacablement destructrice. Alors, forcément, il est difficile d'adhérer totalement à cet homme qui est pret à trahir les interets de ses proches pour toucher le gros lot et se faire de l'argent sur le dos du patronat, et la fin n'est pas toute rose, car Delambre laissera quelques plumes en route, mais il est impossible aussi de ne pas se passionner pour sa quête de réhabilitation sociale, malgré les moyens peu légaux qu'il emprunte.

C'est cette ambivalence que Pierre Lemaitre arrive parfaitement à nous restranscrire dans ce polar qu'on lit le souffle court jusqu'à la dernière page de cet implacable rouage. Un polar qui sait à la fois nous divertir et nous faire réflechir sur les dérives de nos sociétés industrielles, voilà un pari réussi d'une main de (Le) maître!!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un « cave », dans le langage des truands, c'est un individu quelconque, ordinaire, mais surtout ignorant des pratiques et des règles du Milieu, de ce qui se joue dans l'ombre. Un cadre, dans le monde de l'entreprise, aujourd'hui, c'est un peu la même chose. Mais chez Pierre Lemaître, comme hier chez Gilles Grangier, il arrive que LE CADRE SE REBIFFE. Et si Lemaître c'est pas tout à fait Audiard pour les dialogues, c'est quand même très bon. Un roman écrit comme un scénar, qui vous tient en haleine jusqu'au bout.
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Je sors d'une lecture difficile, 441 pages en apnée parce qu'avec ce roman, on n'a jamais le temps de reprendre sa respiration, ça s'enchaine sans pitié pour le lecteur.
Alain, cadre senior au chômage depuis 4 ans, prêt à tout pour retrouver du travail et son statut d'antan. Presque recruté par une grosse entreprise, il va se prêter à un drôle de jeu et là…
Comme à chaque lecture d'un roman de cet auteur, je me suis fait embarquer par l'histoire, le héros qui oscille entre le grandiose et le pathétique. Mais surtout au travers de tout ça, apparaît une certaine grille de lecture sur les grosses boites, le management et le rapport au travail.
Jusqu'où est on prêt à aller pour trouver ou garder un travail ?
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A plus de 50 ans, Alain Delambre, cadre DRH, se retrouve au chômage. Après 4 ans à vivoter de petits jobs, une éclaircie semble se présenter sous la forme d'une réponse positive de la part d'un cabinet de recrutement qui recherche un assistant DRH. Mais ce qui se présentait comme un renouveau va être le début d'une dégringolade sur tous les plans.

Je trouve le sujet vraiment passionnant. Cette dégringolade sociale, mentale et psychologique du personnage central (Alain Delambre, le cadre au chômage) fait peur. Je pense que personne n'est à l'abri de ce genre de chute. Sans aller jusqu'à a situation extrême dans laquelle Pierre Lemaitre nous plonge, nous pouvons tous nous retrouver un jour dans une situation matérielle et affective qui peut nous transformer profondément.
Dépression, alcoolisme, violence, tout peut nous tomber dessus un jour sans crier gare.
En être conscient peut-il nous aider à nous en protéger ?

La mise sous pression agencée par les recruteurs est effrayante. Tant de cynisme, tant de mépris pour les faiblesses humaines font froid dans le dos. Il faut des machines de guerre pour faire tourner l'économie et ces machines s'obtiennent par « sélection naturelle ». Elimines le faible et il ne restera plus que le fort.

Pierre Lemaitre aurait pu, dans ce contexte, nous construire un personnage central qui soit une parfaite victime, accablé par le sort, détruit par la machinerie capitaliste, un personnage pour lequel nous n'aurions eu que compassion et empathie.
Il n'en est rien. Alain Delambre est plus complexe que cela. Mari égoïste qui ment à sa femme tout au long du roman. Père détestable qui va extirper de l'argent à l'une de ses filles et mettre l'autre sous pression en lui demandant d'être son avocate et de défendre un dossier indéfendable.
Manipulateur, menteur, violent et égoïste, la victime du système est à sa manière le bourreau de ses proches et n'aurait surement eu aucun mal à devenir un bourreau, un bon petit soldat à la solde du système capitaliste.

Sur le fond, j'ai regretté que ne soit pas plus abordé l'environnement socio-économique.
On ne le perçoit qu'à travers des flashs entendus à la radio, de courts extraits de journaux et dans le "décor" d'un passage de la fin du livre.
Le roman aurait gagné en profondeur ce qu'il aurait (peut être ?) perdu en rythme si l'auteur avait un peu plus mis en avant les liens entre l'enrichissement de quelques personnes, l'appauvrissement de la masse et la situation, surement peu confortable, des petits bras de la liquidation d'emplois.

J'ai aussi regretté que la prise d'otage soit intégralement narrée par un des otages. Ce changement de narrateur trouve sa justification dans la suite de l'histoire, néanmoins j'aurais bien aimé que Pierre Lemaitre nous plonge un peu plus dans le joli bordel que devait être le cerveau d'Alain Delambre dans cette situation. L'exercice n'aurait surement pas été simple pour l'auteur mais aurait été terriblement délicieux pour le lecteur.

Le roman se termine sur un rythme très soutenu mais sans vraiment de surprise.

Au final, Cadres noirs est un bon de moment de lecture mais ne fera pas partie de ces livres que l'on termine à regret et qui laissent une trace durable chez le lecteur.






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Je viens ici ajouter mon grain de sable à l'édifice formé par 113 critiques de ce livre que j'ai trouvé excellent, palpitant et qui m'a laissée épuisée.
Ce qui m'épate est la grande diversité des thèmes abordés par cet écrivain et si je n'ai pas trouvé cette fois beaucoup de jeux de mots et de formules qui font tilt, l'ensemble est d'une cohérence, d'une puissance et d'une criante vérité.

Combien de personnes ont dû se sentir touchées par ce récit qui colle douloureusement au réel : le calvaire d'un cadre chômeur de 57 ans qui rêve de retravailler et qui sera bafoué à chaque fois.
Bien que ce thriller évoque une violence difficilement justifiable par nos lois, c'est une violence amplement justifiée aux yeux des lecteurs qui ne peuvent plus supporter tant d'ignominie cumulée sur Alain Delambre.
Quel talent imaginatif que celui de Pierre Lemaître.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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