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sur 1925 notes
Un thriller "social" avec pour thème le chômage des seniors, il fallait oser le faire. Pierre Lemaître a osé et c'est une réussite.

Alain Delambre, ancien DRH sans emploi depuis 4 ans n'en peut plus des petits boulots qu'il accepte pour subvenir à ses besoins. Quand sa candidature est enfin retenue par une importante société pour un emploi correspondant à ses compétences, personne ne peut imaginer la technique qui va être utilisée pour départager les candidats. Contre l'avis de sa femme, Alain accepte de participer à une prise d'otages factice qui va servir à tester des cadres déjà en place sur leur fidélité à l'entreprise. le meilleur des 4 ultimes postulants sera embauché. C'est l'offre de la dernière chance et pour gagner, Alain est prêt à perdre beaucoup. Mais quand il apprend que les dés sont pipés, tout bascule.

En même temps que son héros, l'auteur entraine le lecteur dans une spirale infernale. La construction de ce roman est originale car il est divisé en 3 parties : avant, pendant et après, qui ont pour référence la prise d'otages. Celle du milieu n'est pas narrée par Alain, contrairement aux deux autres, mais par l'ex-mercenaire embauché par la société et chargé de l'organisation de ce jeu de rôle, ce qui apporte un suspense supplémentaire car les actions du personnage principal ne nous parviennent plus qu'à travers le regard d'un témoin. A l'opposé de ces cadres qui veulent bien faire et de ces meneurs de jeux soucieux de leurs bénéfices, Charles, l'ami au grand coeur, celui qui n'a rien, ne demande rien et donne tout, apporte heureusement au récit un peu d'humanité bienveillante.
D'un fait de société si tristement actuel, l'auteur nous brode une histoire qui dérape totalement, oscillant entre désespoir et coups de génie mais surtout agrémentée de pointes d'humour cynique qui mettent bien en avant tout le talent du Maître. La réalité du chômage et de ses conséquences sur l'homme et son entourage est parfaitement évoquée dans la première partie. La fin, qu'on croirait extraite d'un film de James Bond, est cependant un peu moins à la hauteur que le reste. 17/20
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Un cadre dans la cinquantaine, désespérément au chômage depuis quelques années, accepte de participer à un jeu de rôle diabolique organisé par une multinationale pour sélectionner un candidat à l'embauche. Pour s'y préparer, il fait vivre un enfer à sa femme et à ses filles. J'ai été tenu en haleine jusqu'au bout des conséquences du jeu de rôle. Un thriller efficace, sur une réalité sociale qui finit par faire peur elle aussi ! Pierre Lemaitre a été digne de son patronyme, une fois de plus !

Alain a été directeur des ressources humaines. Il est chômeur depuis plusieurs années et cette situation lui pèse de plus en plus. Au début du récit, on le voit manutentionnaire, seul petit boulot qu'il a pu décrocher. À bout de nerfs, il agresse son chef d'équipe qui lui a fait une remarque déplacée. Perte d'emploi, frais de justice, voilà qui ajoute à la déprime...

Et puis un cabinet de recrutement propose sa candidature à la multinationale Exxyal, pour laquelle il s'agit de faire d'une pierre deux coups. D'une part, Exxyal souhaite sélectionner parmi ses propres cadres celui qui aura la capacité de mener une opération de licenciements collectifs. Pour cela, Exxyal va organiser une fausse prise d'otages retenant une poignée de cadres pressentis pour cette triste tâche; ils ne seront pas prévenus qu'il s'agit d'un jeu de rôles et celui qui réagira le mieux à la situation sera sélectionné. D'autre part, Exxyal souhaite également recruter un nouveau responsable des ressources humaines; les candidats seront invités à participer à l'organisation de la prise d'otages en pilotant les « ravisseurs » pour éprouver la résistance des « otages ». Exxyal embauchera celui qui aura suggéré les actions les plus pertinentes pour sélectionner le meilleur « otage ».

Alain sera l'un de ces candidats sélectionneurs. Il se verra aussitôt conspué par son épouse, qui considère la fausse prise d'otages comme un processus absolument intolérable. de plus, il va s'endetter (encore plus qu'il ne l'est déjà, vu sa situation de chômeur) pour obtenir un maximum d'informations pour préparer au mieux son intervention dans le jeu de rôle. Et dans la foulée, il se brouillera avec ses enfants.

Alors quoi ? Cet ancien directeur de ressources humaines va-t-il, poussé au désespoir, sombrer dans l'immoralité des pratiques d'une multinationale ? Eh bien, je peux vous assurer que l'auteur mène le suspense d'une main de maître ! On assiste à un véritable duel entre Alain et Exxyal, chacun prenant l'avantage à tour de rôle; on finit par ne plus savoir ce qu'Alain avait muri comme plan pendant sa préparation. C'était à chaque fois un déchirement quand, mon train arrivant à destination, je devais lâcher le livre ! J'ai même dû me retenir à ne pas lire en diagonale les quelques dizaines de dernières pages, tant j'étais impatient de connaître le dénouement.

Il y a, je l'espère, de l'exagération dans le portrait d'un cadre vivant un chômage de longue durée et, je l'espère aussi, dans la description des pratiques d'une multinationale. Mais tout de même… Il doit y avoir une part de vérité, qui fait froid dans le dos autant que la fiction du roman. Jusqu'où le désespoir et la perte de dignité peuvent-ils pousser un homme ? À quel point les collaborateurs d'une multinationale peuvent-ils être comparés à la chair à canon des généraux d'antan ? La valeur de l'argent prête également à réfléchir, dans cette histoire: je pense à une somme de 13 millions qui est une somme énorme à un moment de l'histoire, pour devenir quantité négligeable à un autre moment.

J'ai assurément passé un excellent moment de lecture, mais je mentionnerai tout de même un aspect qui m'a un tout petit peu gêné: le fait que le récit soit à mi-chemin entre la réalité et la fiction, sans être clairement d'un côté ou de l'autre. Prenons un récit qui, d'emblée, apparaît comme une pure fiction. On se laisse alors prendre par l'histoire, si elle est bien écrite, et peu importe qu'elle soit plausible ou pas. C'est pour du faux, on se plaît à y croire comme un gosse se plaît à croire aux histoires des livres d'enfants. Mais ici, cela commence par une ambiance qui colle à une certaine réalité. On se dit que cela pourrait être vrai. Alors quand ça devient moins plausible, on se sent un peu floué et le texte perd quelque peu de sa force.

Mais malgré ce léger bémol, globalement, je vous recommanderai avec enthousiasme cet excellent thriller ! Vous passerez un bon moment (si vous aimez ce genre-là) ! Je ne tarderai pas à remettre un autre opus de Pierre Lemaître sur ma pile.
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De Pierre Lemaitre, j’ai d’abord découvert le fabuleux « au revoir là-haut » et son regard porté sur les personnages, sur l’Histoire, celle des peuples qui s’écrit avec la multiplicité des individus et avec la vie et le sang des hommes, puis « robe de marié », ma première expérience Lemaitre en polar / thriller. D’où bien sur mon envie d’en découvrir plus de cet auteur dont j’ai apprécié le regard affuté sur la société, sur les travers humains, l’analyse psychologique des personnages, un brin cynique et jamais larmoyante même quand tout est sombre.
Avec Cadre Noirs, non, nous ne faisons pas une incursion dans le monde du Cadre Noir de Saumur, mais bien plutôt dans celui bien noir de la vie des cadres en entreprises, ces entreprises capables de broyer les individus pour arriver aux objectifs fixés par des actionnaires, des gestionnaires, des patrons bien éloignés des réalités et des souffrances du terrain.
Ici, nous allons suivre les pérégrinations d’Alain Delambre, la cinquantaine, âge critique pour trouver du travail car considéré depuis longtemps comme un sénior par l’entreprise. C’est un cadre RH au chômage depuis plus de quatre ans. Lui qui a été capable d’accepter toutes sortes de petits boulots sous-payés et bien en deçà de ses capacités, pour rester un peu actif, et alors qu’il désespère, une lueur d’espoir va lui permettre d’envisager un poste à sa mesure. Pour cela il va devoir se plier à un jeu de rôle méprisable envers les cadres de l’entreprise qui pourrait l’embaucher.
Mais tout va soudain déraper, et si parfois l’emballement d’Alain Delambre m’est apparu impossible, j’ai cependant eu envie de connaitre et de comprendre pourquoi et comment il allait pouvoir s’en sortir. L’analyse du monde du travail, de l’entreprise, le rejet des séniors par le monde des RH et du management, la psychologie du chômeur de longue durée, le machiavélisme, le séminaire de motivation parfaitement débile, mais aussi le désespoir, la manipulation, la vie d’une famille qui dérape quand les rôles sont difficile à tenir, parce que dans la couple l’un des deux ne trouve plus sa place, tout est bien analysé, décortiqué, transposé en une intrigue qui prend le lecteur et ne le lâche plus, même si par moment on n’y croit pas, on a du mal à comprendre la bêtise de ce personnage qui se dévoilera peut être bien plus malin et surprenant que prévu.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Je m'appelle Alain Delambre. J'ai cinquante-sept ans. Je suis cadre au chômage. Depuis quatre années.
J'effectue des petits boulots super mal payées, quand j'en trouve, car aucune entreprise ne tient à engager un cadre de mon âge.

Aucune ? Pas vraiment ! Il me reste une chance de revenir dans le jeu. Et là, j'en ai vraiment besoin car je redoute le pire avec Messageries Pharmaceutiques, la boîte qui m'emploie en ce moment. Je viens de donner un coup de boule à Mehmet Pehlivan, un Turc, mais surtout mon supérieur hiérarchique direct. Qu'est-ce que cet abruti avait besoin de me botter le cul ? Non, mais c'est vrai ! Je ne suis pas un mec violent, mais là, c'est trop ! Une ambulance est venue le chercher. Je lui ai bien pété le nez. Je vais non seulement être viré de cette entreprise, mais je crois qu'elle va me causer bien des soucis…

Heureusement, une boîte de chasseurs de têtes m'offre une chance unique de revenir dans la course aux jobs de cadres. Pour une grosse, très grosse multinationale. Je n'en reviens toujours pas ! J'ai réussi à figurer dans les cinq derniers finalistes. Ce qu'ils attendent de nous, pour sélectionner le dernier candidat, est un peu particulier : la boîte va simuler une prise d'otages pour savoir lequel de ses cinq cadres aura les capacités pour devenir le liquidateur de leur raffinerie de Sarqueville. Notre rôle consiste à poser des questions, via les « terroristes », pour pousser à bout ces hommes et ces femmes afin de tester leur fidélité à l'entreprise. Ma femme adorée, Nicole, déteste cette idée de prise d'otages. Elle veut que je renonce. Je lui ai promis de laisser tomber. Mais c'est ma dernière chance. Et je suis prêt à tout !


La critique :

Ma première lecture d'un « Pierre Lemaître », mais certainement pas la dernière ! Un tout grand auteur qui nous fait rentrer dans la peau des personnages, qui nous fait percevoir leurs sentiments. Il construit une intrigue de main de maître avec des rebondissements inattendus (et tant pis pour les esprits sceptiques qui crieront à l'invraisemblance).

Le sujet central, c'est ce que deviennent ces personnes qui se retrouvent au chômage. Jusqu'où sont-elles prêtes à aller pour retrouver un travail car lorsqu'on perd celui-ci, on ne perd pas qu'une source de revenus…
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Chaque fois que je termine un roman –classé roman par l'éditeur alors que j'y voies un vrai thriller - de cet auteur, il me faut un temps de récupération. Pas de flics, pas de Camille Verhoeven, pas de (vrai) sang et (très) peu de morts, mais des vrais salauds … Quel suspens et que de rebondissements dans cette suite de coups de bluff, sur un rythme intense où nous avons de l'empathie, plus que raisonnable, avec cet anti-héro chômeur en fin de droit, prêt à tout pour retrouver un emploi et une image gratifiante aux yeux de sa femme et de ses filles. Les « seconds rôles » bien léchés avec une mention particulière à Charles, aussi je verrais bien cet ouvrage adapté au cinéma.
Donc … j'ai beaucoup aimé et je vous invite à le lire bien sur.
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Autant je n'ai pas été conquise par "robe de marié", autant ce roman m'a totalement happée. Rebondissements, mystères, j'ai été incapable de lâcher ce livre et l'ai lu quasi d'une traite ; un chef d'oeuvre du genre. Je trouve cet auteur polyvalent, chacun de ses livres sont différents - pour le mieux ("alex", "au revoir là haut") ou pour le "pire" - ceci dit, ses romans sont tout à fait agréables tout de même. ("sacrifices" m'a déçue par exemple). J'hésite à lire "travail soigné" car j'ai beaucoup de mal avec son héros, Camille Verhoeven, qui ne m'iinspire aucune sympathie.
Mais "cadres noirs" est vraiment mené tambour battant, d'une main de virtuose !
Lien : https://clairesalander.wordp..
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Voici un des derniers romans policiers de Pierre Lemaitre que je n'avais pas lu. Et je ne suis pas déçue! Nous suivons Alain Delambre, ancien cadre RH, au chômage depuis plusieurs années et prêt à tout pour retrouver un emploi. Il a un petit emploi où il a une altercation avec son superviseur et dans le même temps il reçoit enfin une offre d'emploi prometteuse. Mais les conditions d'entretien se révèlent très particulières. Alain Delambre se retrouve dans un engrenage qui va le conduire dans une situation périlleuse.
Un roman qui m'a tout de suite piégée. Chaque partie est importante (avant, pendant, après l'entretien) et prenante. le personnage d'Alain est assez complexe : on le plaint souvent mais on a du mal à suivre la logique de son comportement, notamment envers sa famille.
J'ai vraiment beaucoup aimé et je pense lire la BD qui en a été tiré car le format me paraît bien adapté à cette histoire.
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Pierre Lemaitre sait manier les mots et la syntaxe pour nous livrer ici, une très belle histoire.
ALain est touchant même s'il fait 1 prise d'otages foireuse, ruine sa famille et entraine son meilleur pote dans sa spiracle infernale. Mais Alain n'est pas amer, révollté contre ce système qui ne lui correspond pas.. Il fait avec à sa façon.
Emotion, suspense, rebondissements sont présents et savamment bien dosés.Alain touche le fond mais la virtuosité de Pierre Lemaitre le fait remonter à la surface...
Un bon thriller où le suspense et les mots sont intiment liés.
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J'ai hésité à commencer la lecture car le résumé en quatrième de couverture m'a rappelé une série télé vue il y a quelques mois (ce à quoi je n'avais pas fait attention en l'achetant :)

Je me décide toutefois et malheureusement je me suis bien rappelée les deux premières parties.
Malheureusement, car je n'ai pas réussi à me détacher de la série pour ces pages là et je n'ai donc pas apprécié l'histoire à sa juste valeur.

Heureusement, il y a une troisième partie. Je ne sais pas pourquoi je l'avais complètement occultée ( et tant mieux !). Peut-être que toute cette descente infernale dans la déprime, ces angoisses quotidiennes quand on ne retrouve pas de boulot, ajouté au cynisme des dirigeants sont telles que je m'étais focalisée sur ces aspects.

Donc tant mieux que la mémoire soit défaillante car cette troisième partie est haletante. On ne lâche pas le bouquin. Qu'elle va en être l'issue ?

La plume de cet auteur me plaît toujours autant. Je le trouve vraiment malin ( enfin, plus que moi :) ! Il me surprend toujours. Et j'aime ce décalage entre le sérieux, le poids des actes et la légèreté des mots qui m'arrache malgré moi des sourires. de plus, insérer des bribes d'information tout au long du roman renforce le contraste de gagner de l'argent en en envoyant d'autres ne plus en gagner.

Et ce personnage principal ? Que décider ? Être empathique ? le détester ? Et donc ma question tout le long du bouquin a été de savoir si notre côté noir est seulement en sommeil et s'exprime lors de certaines situations extrêmes ou si ce sont les épreuves auxquelles nous devons faire face qui nous obligent à avoir un côté noir que nous n'avions pas.

Bref, une lecture qui ne m'a pas laissée indifférente, comme d'ailleurs la série au moment où je l'avais regardée.
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En voilà, un roman féroce ! J'imagine volontiers Pierre Lemaître s'éclater en l'écrivant ; je me suis même demandé par quel miracle il a été publié, tant il est subversif ! L'auteur y dénonce les ravages du libéralisme, à travers le portrait d'un ancien manager au chômage. Pour retrouver du travail, celui-ci va faire montre du même cynisme que le patronat.
La société que dépeint Pierre Lemaître est hélas peu enviable, mais c'est la nôtre. J'ai aimé l'analyse lucide que fait le personnage principal de son statut de chômeur : le déclassement social, l'explosion familiale, l'instinct de survie et la perte de toute morale. Et j'ai surtout aimé le personnage de Charles, dernier concentré d'humanité dans un univers pourri.
C'est drôle, émouvant, diablement intelligent, fou et flippant. Pierre Lemaître est un Maestro, et nous avons de la chance de compter un tel écrivain (vivant) dans notre belle littérature. Profitons-en !
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