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4,22

sur 5123 notes
Quelle belle série Netflix serait l'adaptation de ce roman !

Pierre Lemaitre maitrise parfaitement les règles du feuilleton et chaque chapitre de cette fresque est un épisode à lui tout seul avec son scénario et sa conclusion … qui ouvre la porte vers une suite impatiemment attendue. Son style visuel dépeint parfaitement les décors et dessine des protagonistes, parfois un peu caricaturaux, rarement sympathiques, mais nés pour crever l'écran.

Comme toujours, l'auteur confie les principaux rôles aux femmes, Angèle et Geneviève en l'occurence, qui « portent la culotte » et démontrent un talent et une efficacité admirables à défaut d'en faire des parangons de vertu.

Ce voyage à Beyrouth, Paris et Saigon en 1948 est un leçon d'histoire sur la IV république et le début des guerres d'indépendance de nos colonies, période que le romancier rattache astucieusement à « Au revoir là haut » et à la première guerre mondiale en exhumant Albert Maillard l'escroc aux monuments aux morts 14-18.

Me voici impatient de découvrir « le silence et la colère ».
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Comme à son habitude, en ce premier dimanche de mars, la famille Pelletier, au grand complet, fête l'anniversaire de la savonnerie. Déambulation jusqu'à l'usine, visite des locaux que pourtant tous connaissent par coeur et déjeuner familial. À table, Louis Pelletier, si fier de son entreprise qu'il aurait aimé de tout coeur transmettre à son fils aîné, Jean, dit Bouboule. Mais, ce dernier, aux commandes quelques mois, visiblement peu enclin aux affaires, ne réussit qu'à faire péricliter la Maison Pelletier. Entretemps, un mariage peu réjouissant avec Geneviève et c'est presque honteux qu'il quitte le Liban pour s'installer à Paris, en tant que représentant. Il retrouve là-bas son frère, François, parti étudier soi-disant le commerce alors qu'en réalité, il rêve de devenir journaliste. Simple receveur au « Populaire », sa chance va bientôt lui sourire. Angèle Pelletier, quant à elle, s'inquiète de voir son petit Étienne partir pour l'Indochine où il doit rejoindre son ami, Raymond, un ancien instituteur aujourd'hui engagé dans la légion belge, mais dont, étrangement, il n'a plus aucune nouvelle. Quant à Hélène, la petite dernière, elle se morfond de devoir rester coincée à Beyrouth entre ses parents...

Pierre Lemaitre nous plonge, non seulement, au coeur de la famille Pelletier, dont on suit, essentiellement, le récit de la fratrie mais aussi au coeur de deux enquêtes. La première concernant un meurtrier dont François, alors journaliste aux faits divers au Journal du Soir va couvrir l'affaire sans savoir que... ; la seconde, menée par Étienne, comptable à l'Agence indochinoise des Monnaies, devenu lanceur d'alerte en mettant à jour un système lucratif. Bouboule, quant à lui empêtré dans un mariage catastrophique, la faute à cette Geneviève blessante, humiliante, et pétrie d'ambition, va se trouver une manière pour le moins particulière d'évacuer tout son stress et ses frustrations. de Paris à Beyrouth en passant par Saïgon, l'auteur dépeint, avec un réalisme incroyable, cette période d'après-guerre. Des rues animées de la capitale française où, pourtant, courent encore les rationnements et les pénuries, à la chaleur poisseuse et humide de Saïgon en passant par la douceur de vivre de la capitale libanaise, bien loin du conflit qui oppose les soldats français et les combattants Vietminh. Cette fresque familiale, historique, sociale et politique fait montre d'une maîtrise époustouflante et d'une narration puissante. Tout sonne juste, aussi bien le contexte, la complexité des personnages, les événements, le joli clin d'oeil à sa première trilogie que la plume animée.
Il nous tarde connaître la suite !
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Drôle jusqu'à en être jubilatoire, inventif, tragique, historique, policier, le dernier roman de Pierre Lemaitre est tout cela et bien plus encore. Démarrant en grande pompe en 1948 à Beyrouth où les Pelletier, parents et enfants, fêtent comme une fois l'an l'anniversaire de la savonnerie familiale, le Grand Monde — déployé d'un Paris sous le régime des tickets de rationnement et des pénuries de logements à une Indochine en guerre, corrompue et violente au delà de l'imaginable — nous impressionne, nous horrifie, nous émeut autant que par la grâce de personnages homériques il nous réjouit. Lu intensément jusqu'à sa fin — irrésistible clin d'oeil au premier opus de cette fresque commencée avec l'inoubliable Au-revoir là-haut, vous l'aurez compris, un roman que j'ai beaucoup aimé :)
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Quel bonheur ! Voici un roman avec un grand R, une saga familiale dont le début s'avère très prometteur !
Dans la famille Pelletier, je vous présente Louis et Angèle, et leurs enfants Jean, François, Etienne et Hélène, on a l'impression de les connaitre dès les vingt premières pages tournées !
Avec un talent de conteur époustouflant, Pierre Lemaître fait voyager son lecteur de Beyrouth à Saigon en passant par Paris. Nous sommes à Paris, en 1948, assis dans la salle de cinéma le Régent, et allons de surprises en rebondissements avec une délectation sans cesse renouvelée. Les personnages sont ciselés, ils s'animent avec panache, férocité, impossible d'arrêter le film de leurs vies.
Bienvenue dans le Grand monde, mais en quoi consiste-t-il au juste ce grand monde ?
Le Grand Monde, ce n'est pas que la fumerie d'opium à Saigon dans laquelle Etienne va perdre ses illusions et son innocence, mais c'est aussi celui dans lequel on se jette à corps perdu, pour fuir sa famille, son passé, ses erreurs, ses crimes … Fuite d'Hélène, arrivée à Paris pour quitter Beyrouth et sa cellule familiale étouffante. le Grand Monde, ce sont les espoirs de Jean qui tente d'échapper à ses pulsions meurtrières en rêvant de réussir à Paris ce qu'il a échoué à réaliser à la tête de l'entreprise familiale à Beyrouth, ceux de François qui se rêve grand reporter au grand désespoir de son père... Tous fuient vers un nouvel horizon espérant des jours meilleurs, un nouveau départ…
Pierre Lemaître navigue avec aisance entre ses différents sujets très maîtrisés, tour à tour critique de société, politique, des médias de l'époque avec des échos très contemporains, et nous entraine dans les amours, pulsions, grandeurs, trahisons, faiblesses, lâchetés, turpitudes et vices de ses personnages.
Seul bémol, dire qu'il va falloir patienter pour lire le tome 2 …
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Le récit commence le jour où Louis Pelletier entouré de sa femme et de ses quatre enfants célèbre la réussite de sa savonnerie, un des fleurons de l'industrie libanaise. de mars à octobre 1948, de Beyrouth à Saigon en passant par Paris, Pierre Lemaitre nous entraine dans une saga familiale haletante à la suite des quatre enfants Pelletier qui vont vivre quatre histoires bien différentes.

Une fois de plus, Pierre Lemaitre nous offre un grand roman social, je ne peux m'empêcher de penser à Emile Zola et à sa fresque des Rougon-Macquart à la lecture de ce nouveau livre. Pierre Lemaitre s'applique à peindre la société de cette époque, avec une écriture réaliste et vivante. Nous voici dans la rédaction d'un grand journal, au coeur des trafics de monnaie en Indochine, dans la guérilla menée par Les Viets avec leurs horribles tortures, au milieu des mineurs en grève dans le nord de la France. Pierre Lemaitre nous plonge dans Saigon, une ville qui grouille, un monde de corruption, de sexe, d'alcool et d'argent. Avec un tour de passe-passe dont il a le secret, tel un illusionniste, il nous ramène trois décennies auparavant dans le scandale des monuments aux morts au coeur de son roman « Au revoir là-haut ».

Pierre Lemaitre a l'art de dessiner les portraits et les caractères de ses personnages, son écriture est rythmée, les rebondissements nombreux, le lecteur ne s'ennuie pas une minute. Pierre Lemaitre qui se revendique comme un auteur populaire nous délivre un roman d'aventures sur fonds historique avec une plume qui manie l'ironie et l'humour pour le plus grand plaisir du lecteur. Et voilà qu'il nous annonce que ce nouvel opus est le premier d'une série de quatre tomes, que du bonheur !



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C'est bien un nouveau monde qui s'ouvre à travers cette histoire familiale, celle des Pelletier.

La quatrième de couverture est très bien vue, aussi énigmatique que révélatrice du foisonnement de surprises, d'aventures et d'émotions qui attend le lecteur.

Une vraie saga qui se déroule durant les Trente Glorieuses, et dont ce roman est le premier tome.

Qu'on est pourtant loin de l'opulence et de l'expansion attachée à l'image de cette période. le Grand Monde se déroule en effet au sortir de la guerre, en 1948, où le rationnement, le chômage, et les privations sont encore le lot de la plupart. Et la guerre en toile de fond toujours, puisque la France est embourbée dans le conflit en Indochine.

Avec les Pelletier, donc. Les deux parents et leurs quatre enfants vivent au Liban. Avant que les trois garçons et la fille ne prennent leur envol, certains à Paris, un autre à Saïgon. Par conviction ou par atonie. C'est là que les caractères se forgent réellement.

Pierre Lemaitre est un immense raconteur d'histoires. Retracer le parcours des Pelletier lui permet de se lancer dans un grand récit feuilletonesque qui doit beaucoup aux auteurs du XIXème siècle, il l'indique d'ailleurs avec force.

Ce récit de 575 pages est autant une fresque historique que sociale, mais toujours au plus près des personnages et des leurs vies mouvementées.

Leurs destins s'entremêlent, de manière bien plus discordante qu'ils ne pouvaient le rêver.

Et croyez-moi, leurs lignes de vie vont vous surprendre. Alors qu'ils avaient de quoi s'épanouir à travers un avenir tranquille, le sort va leur jouer de sacrés tours, heureux ou vraiment dramatiques.

Quel plaisir de tous les instants ! Quelles surprises page après page ! le Grand Monde est un roman éperdument romanesque, aux rebondissements en cascade, aux émotions fortes et vivaces, au suspense omniprésent.

L'écrivain est un maître conteur, qui sait parler au plus grand nombre en multipliant l'utilisation des genres littéraires pour n'en faire qu'un. le propos historique ne prend jamais le pas sur les sentiments, les destins personnels se teintent de noir (résurgence de son passé de romancier de polar), la fortune personnelle est liée aux bouleversements de la société.

Que ce soit dans la capitale encore exsangue, dans les parfums de Beyrouth ou dans la moiteur et la violence de Saïgon, le lecteur vit des aventures qui vont fortement l'attacher aux personnages. Même lorsqu'ils sont dépeints sous des visages moins flatteurs.

Ils sont superbement mis en lumière, y compris dans leurs parts d'ombre. A l'image de la société de l'époque qui n'est pas bien reluisante, entre pénuries, trafics et scandales.

Des aventures personnelles qui pour certains deviennent plus collectives. Avec l'essor de la presse écrite, certains se révéleront lanceurs d'alerte.

Et comment ne pas penser à un des personnages secondaires, dont la présence est constante, et que vous adorerez détester. Quel étonnant caractère !

Le Grand Monde est une merveille de roman, à la fois saga familiale et témoin d'un temps passé. Un récit empli de surprises et chargé d'émotions.

Pierre Lemaitre sait se montrer tendre, ironique ou profondément cruel pour raconter ces destins, ces joies et ces fortes douleurs. Une Grande Aventure à vivre le coeur battant !
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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Un livre que j'ai dévoré tout en regrettant de le finir trop vite. Difficile de s'arracher à ce livre, le Grand Monde pour en attaquer un autre. Vivement le tome II de la trilogie Les années glorieuses.
À l'occasion de l'anniversaire de la savonnerie Pelletier, Louis Pelletier a payé le voyage à deux de ses enfants de Paris à Beyrouth pour qu'ils y assistent. Sa femme, Angèle, traîne les pieds et leur progéniture, trois garçons et une fille, soupire d'ennui. Très vite arrivent des phrases, posées comme ça, l'air de rien, qui indiquent que cette famille n'est peut-être pas si paisible que ça.
À Saïgon, c'est le début de la guerre d'Indochine (« pacification » rectifie un des personnages) sous forme de guérilla cruelle que l'auteur ne manque pas de retracer. Ne comptez pas sur lui pour s'étendre plus que nécessaire sur les exactions des uns et des autres, ce n'est pas son propos, Pierre Lemaitre raconte une histoire qui passe par des moments pénibles, il sait le lecteur suffisamment intelligent pour comprendre, il n'a pas besoin d'en faire des tonnes.
Vous prendrez connaissance d'un scandale oublié (revisité, bien sûr) : le scandale des piastres.
Et le lien avec la précédente trilogie, Les enfants du désastre ? Au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture, je m'inquiétais de ne pas le voir, ce lien. Aurais-je dû relire la trilogie ? Avais-je manqué un personnage secondaire ?
Inutile de vous plonger dans Au revoir là-haut ou les suivants, sauf si vous avez tout — mais vraiment tout — oublié. La surprise est savoureuse.

Lien : https://dequoilire.com/le-gr..
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Commencer un nouveau roman de Pierre Lemaitre, c'est comme retrouver un vieux pote que l'on n'a pas vu depuis longtemps! Toujours autant de plaisir à retrouver cet auteur qui à chaque fois m'enchante! Je vous l'ai peut-être déjà dit, mais il est en bonne posiiton dans le classement de mes auteur(rice)s préféré(e)s.
Le Grand Monde, c'est avant tout l'histoire d'une famille, les Pelletier. Ils vivent à Beyrouth car c'est là que le père, Louis, a fait fortune en montant son entreprise de fabrication de savons. Tout le monde serait heureux si les enfants n'avaient pas la bougeotte. L'aîné, Jean (Bouboule) est parti pour Paris car, incapable d'aider son père pour faire tourner la boîte et d'en assurer la succession, va tenter sa chance à Paris avec sa petite femme, Geneviève qui a de hautes aspirations au "propre" et au figuré (vous ne pourrez comprendre qu'après avoir lu ce roman 😉) , et aussi pour son mari.
Etienne, part en Indochine, retrouver son amant engagé dans la Légion pour tenter de mater les communistes du Việt Minh. François a lui aussi tenté l'aventure parisienne et s'inscrit au concours de Normale Supèrieure pour...chercher un job dans le journalisme.
Et au grand dam de la mère, Angèle, qui se désespère de voir partir tous ses "poussins", la petite dernière, Hélène, cherche à rejoindre ses frères à Paris pour tenter les Beaux-Arts.
Comme toujours, avec Lemaitre, c'est un roman avec un grand R. C'est un conteur qui vous amène dans la moiteur du climat asiatique et dans le Paris de l'après guerre avec les problèmes sociaux et humains et les histoires sordides du crime.
Ce qui est caractéristique chez lui, c'est la façon dont il dépeint ses personnages, d'une manière précise, complète, cinématographique. Et puis, cette capacité à décrire des événements dans une histoire complètement rocambolesque!
Mais rien n'est gratuit, on voit qu'il a fait tout un travail de documentation rigoureux et reste collé à une actualité de l'époque vérifiée!
Tout est vrai même si parfois cela semble énorme! Pierre lemaitre l'explique à la fin de son livre, il s'est entouré d'une équipe de spécialistes et d'historiens pour mener à bien l'aventure de son récit.
Moi, je dis bravo! Lorsque j'ai terminé la dernière page de ce livre, je suis un peu triste de quitter un vieux pote, mais j'aurai de super souvenirs grâce à tout ce qu'il m'a raconté avec autant de talent!
Pierre, quand est-ce qu'on se revoit? vite, j'espère!
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Encore une fois, l'écrivain Pierre Lemaitre m'a subjuguée. Son nouveau roman est d'une incroyable richesse. Richesse dans ses personnages aux nombreuses failles et tous éblouissants de complexité, de faux-semblants. Richesse dans les actions qui nous entraînent dans la relève de l'après-guerre (1948), dans la guerre d'Indochine, dans le trafic de devises, dans les conflits patronat-ouvriers, dans les faits divers sordides.
C'est époustouflant d'imagination et jamais on ne s'ennuie. Les événements s'enchaînent sans respiration, presque en apnée. C'est vif, coloré, tourneboulant mais jamais brouillon. Au contraire, on sent la maitrise du sujet (la jubilation même de l'auteur) et Pierre Lemaitre s'amuse comme un fou pour nous faire tourner infatigablement dans son grand manège.
Et cerise sur le gâteau : le clin d'oeil à son ancienne trilogie commencée avec Au revoir là-haut. du grand art !

Cette fois-ci pour jouer au jeu du Grand Monde, je demande la famille Pelletier.
Le père Louis, directeur d'une importante savonnerie basée à Beyrouth. Angèle, sa femme, impliquée aussi dans l'entreprise familiale, s'occupe plus volontiers de la comptabilité. Trois garçons : Jean dit Bouboule, l'aîné, le looser par excellence, mal marié avec Geneviève, une éternelle râleuse. François, l'intello de la famille. Etienne, le délicat, amoureux fou de Raymond. Et la fille, Hélène, délurée et instable.
Aucun des enfants ne restera à Beyrouth. Ils partiront pour la France, sauf Etienne qui s'envolera vers Saïgon, rejoindre Raymond.
De nombreuses rencontres et aventures les attendent...

Un roman foisonnant et fascinant, une lecture addictive !
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Ce qui frappe avant tout à la lecture des ouvrages de Pierre Lemaitre, c'est la prolificité de son imagination créatrice, sa capacité apparemment inépuisable à toujours piocher de nouveaux rebondissements dans son chapeau de magicien de la fiction romanesque ; des péripéties graves ou burlesques, réjouissantes ou tragiques, auxquelles vous n'auriez pas pensé, et qui surviennent toujours à un moment où vous ne vous y attendez pas.

Pierre Lemaitre n'est pas un styliste, c'est surtout un conteur. Son écriture est sobre, efficace, sans coquetterie inutile ; elle est accessible à tous. le Grand Monde est un livre qui convient à celles et ceux qui recherchent dans la lecture un moment d'évasion. Plusieurs intrigues s'y développent tout au long de ses six cents pages, les chapitres étant consacrés tour à tour à chacune. Une construction littéraire d'un classicisme achevé, où s'expriment toutefois le savoir-faire de l'auteur de romans policiers et son talent pour maintenir à un niveau élevé l'envie de tourner les pages pour découvrir rapidement la suite des événements.

Le Grand Monde s'attelle aux pérégrinations d'une famille, les Pelletier : le père, la mère, leurs trois fils, Jean, François, Étienne, et la petite dernière, Hélène, âgée de dix-sept ans au début du livre. Ils vivent un festival d'aventures aussi savoureuses que surprenantes, très bien insérées dans le contexte historique de la fin des années quarante, dans l'immédiat après-guerre. le centre de gravité du roman est à Paris, mais une partie de l'action prend place à Beyrouth – on n'en comprend la raison que sur le tard – et à Saigon, alors sous le joug d'une administration coloniale française à bout de souffle et en butte aux premières escarmouches de la guerre d'indépendance d'Indochine.

Chacun des Pelletier affiche une face attachante et une face sombre – ce qui est probablement notre lot à tous. Ces personnages d'une banalité un peu caricaturale sont confrontés à des péripéties insolites, parfois saugrenues et pourtant authentiques, comme l'incroyable et scandaleuse affaire des piastres. L'auteur ne ménage pas la société française de l'époque, sa presse, ses moeurs, ses institutions politiques et judiciaires. A la lumière de ses opinions personnelles, nul doute qu'il ne tente d'instiller l'idée que rien n'a vraiment changé. On voit très bien à quelle actualité il fait référence en décrivant une manifestation très violente sur l'avenue des Champs-Elysées en faveur de mineurs en grève. Il est vrai que la critique sociale est l'une des marques du roman picaresque, genre auquel il convient de rattacher le Grand Monde.

Le récit appelle tellement d'images, qu'en lisant, je voyais les personnages évoluer comme dans une fiction en bandes dessinées. J'ai retrouvé, dans le Grand Monde, l'esprit des aventures de Tintin, le reporter qu'Hergé faisait trotter çà et là sur le globe, dans un monde conforme à la vision géopolitique qu'il en avait. Débarquent de surcroît des personnages en provenance d'Au revoir là-haut, un peu comme Rastapopoulos et le général Alcazar réapparaissaient à l'occasion dans Tintin.

Une façon d'afficher une filiation entre une nouvelle trilogie nommée Les années glorieuses, dont le Grand Monde serait le premier tome, et la précédente, baptisée sur le tard Les enfants du désastre, où les liens de parenté entre les trois romans étaient ténus et de pure forme. du coup, s'étend sur soixante ans la promesse d'une véritable saga picaresque.

A la fin du livre, il est clair qu'on n'en a pas fini avec les enfants de Louis et d'Angèle Pelletier. Un nouvel horizon professionnel et privé se dégage pour François ; Hélène est trop belle et trop caractérielle pour ne pas avoir un avenir romanesque ; sans oublier Jean, dont il faudra bien traiter les pulsions et ses implications.

La nouvelle trilogie pourrait bien mériter l'appellation de série.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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