La consolation de l'ange

Le conflit est le moteur même de l’histoire, mon ami. C’est bien triste, en effet. Ce serait tellement mieux si on pouvait vivre sans conflits, mais le cœur de l’homme est ainsi fait que c’est impossible ! Je vais sans doute te choquer, mais le conflit peut aussi avoir ses vertus. Si on regarde en arrière, on s’aperçoit que bien des conflits ont permis à l’humanité de progresser. Sans la violence de la Révolution française, nous vivrions peut-être toujours sous la tyrannie d’un monarque et celle de la religion. S’il n’y avait pas eu la guerre de Sécession, l’esclavage existerait peut-être encore aux États-Unis.

L'amour véritable ne retient pas, il libère.
Il n'étouffe pas l'autre, il lui apprend à mieux respirer.

Tu as raison, mais ces gens dont tu parles vivent l'attachement comme une possession de l'autre. L'autre leur appartient _"mon mari", "ma femme", "mon enfant"_ et ils ne supportent pas qu'il puisse évoluer différemment, ou les quitter. C'est parce qu'ils ont eux mêmes des manques, des blessures, des peurs qu'ils s'attachent ainsi à leurs proches et deviennent jaloux et possessifs. Nos enfants ne sont pas nos enfants : ce sont des êtres uniques que la vie nous a confiés. Ils ont leur propre intelligence, et ce que nous pouvons faire de mieux, c'est les aider à prendre leur envol, à devenir autonomes. Et pour cela, il n'y a qu'un moyen : les aimer de manière inconditionnelle.

Tout le chemin de la vie, c’est de passer de l’inconscience à la conscience et de la peur à l’amour.

Mais vous savez, vous m’avez beaucoup plus apporté que le goût de la poésie pendant ces quelques jours.[…]
-Vous m’avez redonné le goût de vivre. Vous êtes mon ange de la consolation.

L’amour véritable ne retient pas, il libère. Il n’étouffe pas l’autre, il lui apprend à mieux respirer.

« Il y a trois choses fondamentales dans l’univers: la réalité, la conscience et l’amour. Si je devais résumer le sens de l’existence humaine en quelques mots, je dirais: tout le chemin de la vie, c’est de passer de l’inconscience à la conscience, et de la peur à l’amour » (p. 100)

Plus notre âme a été meurtrie, plus elle peut recevoir de joie et laisser passer la lumière par ces fêlures.

Mon enfant il y a deux loups en toi. Un loup blanc qui fait le bien, qui aide les autres, qui est juste. Et un loup noir qui fait le mal, qui est égoïste et méchant. Les deux mènent un combat à mort au sein de ton cœur. Sais-tu lequel va gagner ? Non. Celui que tu nourris...

- Je vois que je vous heurte. Vous semblez tellement aimer la vie. Je vous connais à peine, mais je vous aime bien, Blanche, et quoi qu’il arrive, j’aurai été heureux de croiser votre chemin.
- C’est réciproque, Hugo. Le destin est étrange. Nos chemins se croisent au moment où je vais quitter cette terre alors que j’y suis si attachée, tandis que tu souhaites déjà partir alors que tu as si peu vécu et tant encore à apprendre, à découvrir !
- J’ai déjà appris une chose importante aujourd’hui, grâce à vous…
- Ah ? Laquelle ?
- C’est qu’on peut avoir traversé de grandes épreuves et continuer à avoir envie de vivre.

Au fond j'aime pas la vie. Contrairement à vous, je crois qu'elle n'a aucun sens. On fait un petit tour de piste et on s'en va. Certains restent plus longtemps. Certains sont applaudis, d'autres hués. La plupart vivent dans l'indifférence générale. On travaille comme des malades pour gagner de l'argent, on fonde une famille, on achète une maison comme si on était immortel ! Et au final on perd tout : travail, amis, famille, maison. Tout doit disparaître. Alors à quoi bon faire tant d'efforts ?