La guérison du monde

Analyse de la crise actuelle du monde, crise économique, civilisationnelle, écologique, sociétale c'est-à-dire systémique.
Contrairement à d'autres essais, il s'attache à analyser les problèmes de la planète davantage que ceux des individus même si les deux sont liés. Sa lecture m'a été moins agréable car elle s'apparente à un catalogue un peu brouillon des maux de la planète et remèdes.
La crise est systémique, c'est à dire qu'elle concerne l'ensemble du système. Ni la fuite en avant, en espérant que demain sera meilleur et en continuant à favoriser le quantitatif sur le qualitatif, ni le retour en arrière sont viables.
Il faut sortir de la logique néolibérale fondée exclusivement sur le profit sans sortir de la globalisation, ce qui serait illusoire dans le monde contemporain.
Edgar Morin, Vaclav Havel, Pierre Rabhi et sa "sobriété heureuse" sont cités entre autres pour guérir la planète, l'humanité et finalement nous-mêmes.
Le consumérisme comme seule voie de réalisation de soi entraîne la planète à un désastre écologique et nos contemporains à un désastre humain.
Pierre Lenoir cite diverses expériences locales de micro entreprise ou économie solidaire certes louables mais dont la liste est fastidieuse et dont on peine à croire qu'elles puissent apporter une solution globale.
Les religions monothéistes, le bouddhisme, les philosophes antiques peuvent apporter des pistes selon l'auteur à travers les valeurs de Vérité, liberté, Beauté.
Une analyse qui manque d'originalité tant sur les constats ( impasse de l'idéologie consumériste) que surtout les solutions ( assez floues).
Des passages intéressants sur la convoitise qui de vice serait devenue vertu ou tout au moins encouragée par la publicité, sur l'oeuvre de René Girard, de Gilles Lipovesty.

Partant du constat des crises que traverse le monde (environnementale, agricole, économique et financière, politique, sanitaire et psychologique) Frédéric Lenoir recherche comment guérir la Terre, l'Humanité et la Personne.

Un texte à la fois angoissé (nous courons à notre perte) et plein d'espoir (nous pouvons nous en sortir). C'est bien écrit et cela se comprend bien. J'ai particulièrement apprécié le chapitre sur la définition de valeurs réellement universelles (communes à tous les peuples du monde) et sur la remise en question des droits de l'homme tels qu'ils sont actuellement pratiqués par les pays occidentaux (beaucoup de liberté, un peu d'égalité et pas beaucoup de fraternité).

Un ouvrage au double visage. D'un coté un discours en phase avec les besoins réels du monde, qui expose bien les alternatives dèja en place. Un discours écologique , qui ne se voile pas la face et qui à le mèrite d'ètre offensif avec une pédagogie indéniable. Si cette partie n'est pas exempte de défauts , entre autre des "portes ouvertes " , elle à au moins le mèrite d'étre constructive. En revanche , le reste du livre n'est que répétitions à la limite d'un cours pour éléve de seconde. Il est vrai que dans cette partie là on décroche trés rapidement et l'on comprend que ce livre au final n'est qu'une leçon certes pertinente sur des sujets importants , mais pour une audience trés réduite du fait du ton trés didactique de l'ensemble. Au final voila un livre certes pertinent mais dont le ton scolaire est beaucoup trop présent pour étre vraiment porteur d'une vision adulte. Sur un tel sujet on pouvait s'attendre à tout sauf à des lieux communs , déja exprimés avec plus de force et de convictions par Naomi Klein dans No logo et par Jeremy Rifkin. Frustrant car trop scolaire.

Pour faire une critique courte et globale ; ce livre plairait sûrement beaucoup aux alarmistes, avec une bonne dose de philo (certains passages restent assez difficiles à digérer). J'ai l'impression que l'auteur manque un peu de recul, ses annotations, ses liens, ses illustrations et ses citations datent souvent de 2010-2011 donc cela manque de pertinence car plus dans notre contexte actuel (comme Frederic Lenoir le dit si bien, notre monde change à une vitesse affolante), de plus, cela n'est pas replacé dans un bon contexte. Je noterai aussi que les idées avancées sont souvent très intéressantes mais malheureusement, pas du tout assez abouties et développées, nous laissant clairement sur notre fin. Par contre, une bonne culture historique, philosophique, enfin on sent que ça reste du serieux. La lecture nous fait découvrir des aspects pas toujours très criards de nos sociétés et c'est bon à savoir pour trouver notre place, et changer, pour pouvoir changer le monde.