AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 71 notes
5
7 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Frédéric Lenoir est-il un philosophe ?
Il en a en tout cas le désir…
Y parvient-il ?
Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
En bas de la montagne, entre les étiages de la vérité éclairante, nous retrouvons dans cet essai l'ouvrage d'un magnifique vulgarisateur des idées soutenues par un florilège d'auteurs ayant sérieusement travaillé le sujet et dont l'auteur se fait le brillant
« passeur » dans un style fluide, clair et très accessible pour tous publics. En refermant ce livre nous réalisons de façon limpide à quel point le désir est le moteur de tout être et que l'homme, se distinguant des autres créatures, est viscéralement celui qui sait le mieux s'affranchir du principe de nécessité qui aurait fait de lui une personne raisonnable.
Si nous sommes à ce point insatiables, c'est la faute de Spinoza (pas De Voltaire qui, lui, dans la vie courante, sautait allègrement une ligne sur deux de son encyclopédie philosophique). Si le traité de Spinoza avait été moins austère, on l'enseignerait à nos bambins avant la maternelle et sans discontinuité jusqu'au bac pour que chacun intègre ce qu'est le « désir mode d'emploi » et apprenne à surmonter sa petite voix intérieure, tout comme le matraquage des markéteurs qui nous persuadent que le but d'une bonne vie serait de la remplir jusqu'à ce que notre égo déborde de jouissance et atteigne son Nirvana.
Et pourtant, le désir sait aussi devenir notre tyran et nous plonger dans les affres du doute, voire de l'enfer, tant les pulsions qu'il suscite en nous peuvent être puissantes et contradictoires jusqu'à faire de nous leurs esclaves.
À moins d'être parvenus à accéder à la vraie puissance de la sagesse à laquelle nous invite Spinoza, si nous pouvions avoir compris que « Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison. », nous devons également reconnaître avec Ernest Renan que le désir est subordonné aux forces encore plus puissantes de la curiosité et que « Tout désir est une illusion mais les choses sont ainsi disposées qu'on ne voit l'inanité du désir qu'après qu'il est assouvi. » car ce n'est qu'après l'ivresse qu'Himéros découvre à quel point sont éphémères les vertus du nectar.
Toujours nous subissons ce risque de lâcher la proie pour l'ombre…Il nous faudrait aller jusqu'au bout des textes de Spinoza, sans raccourci, et comprendre que c'est lorsque la « puissance d'exister » s'affirme que naît la joie qui devient accroissement de notre être. le Désir n'est pas simplement une aspiration illusoire ou un vide impossible à combler. C'est plutôt une force dynamique qui crée ses propres valeurs et peut conduire à une plénitude de satisfaction qui se trouve dans la "permanence d'une joie souveraine et parfaite".
L'hymne à la Joie suprême sublimant tous nos désirs, vers laquelle nous pousse Frédéric Lenoir serait-il enfin le Graal du désir et la fin de nos insatiables tourments ? Ce serait ignorer que, comme Janus, le Désir à son miroir, nommé Quête. Ce manque inassouvi où réside le vrai moteur de l'homme qui est, non pas la proie atteinte et digérée, mais cette soif de maîtriser ce qui nous échappe sans espoir d'y parvenir un jour, car paraphrasant Jean Gabin « Toute ma jeunesse j'ai voulu dire je sais, seulement plus je cherchais et moins je savais et maintenant, je sais, je sais qu'on ne sait jamais » Savoir et avoir sont encore de pauvres synonymes qu'il nous faudrait dépasser pour laisser place à l'Être. Un être qui se satisferait de la joie qui, à tout prendre, est une potion plus appétente que le renoncement ou la contemplation pure détachée des affects et de la mortifère compétition à laquelle ils se livrent. Emboîtant les enseignements de Socrate et, avant lui Diotime, la grande prêtresse de Mantinée, Frédéric Lenoir souligne qu'il nous faut abandonner les objets et que c'est dans l'acquisition des vertus, et le savoir des idées célestes que réside le vrai bonheur.
Las, dans ce magistral parcours philosophique que nous cisèle Frédéric Lenoir, Freud et Lacan sont passés par là ainsi que « Les machines désirantes » de Gilles Deleuze et de Félix Guattari qui, avec leur zeste de Désir cybernétique, ne changeront rien aux jeux de l'amour et du hasard continuant à entretenir l'illusion de la réalité de nos fantasmes existentiels. le scénario ainsi se répète tout au long de la vie avec une insistance lancinante qui nous laisse éblouis autant qu'hébétés d'avoir été le jeu de nos luttes intérieures avec nos désirs extérieurs exacerbés.
En deçà des Pyrénées, nous retrouvons un Frédéric Lenoir familier. Toi, mon frère, qui pour être philosophe n'en reste pas moins homme en proie, sinon à ses passions, au moins à ses marottes. Lui dont les stages bouddhistes et la prise de distance avec le monde capitaliste l'autorisent à nous faire part de son moteur (désir ?) profond de devenir, ni l'homme assoiffé, ni l'homme désabusé, mais l'homme sage qui saura préserver son être en protégeant la planète des fléaux du désir et de la pusillanimité des hommes de pouvoir à en combattre les maux.
Le Désir. Une philosophie ? le combattre où le sublimer n'est pas de se retirer sur l'Aventin, pas plus que d'être « activateur d'idées » hors sol. Il n'y a pas de transcendance dont nous serions la nostalgie. le seul être qui soit, est le réel. Et l'identité de l'être que je suis n'a d'autre exutoire que d'affirmer son existence.
Ravel, quand cesseras-tu ton Boléro ?
Commenter  J’apprécie          60
J'ai eu du mal à lire ce livre et pourtant Frédéric LENOIR est une personne que j'admire beaucoup et dont j'ai lu plusieurs livres.
La première partie est, comme je le lui ai dit lors de la rencontre-dédicace du 23 novembre dernier, un peu trop "scolaire" pour moi. J'ai eu du mal à tout comprendre et à suivre son raisonnement. Pourtant, quand je l'entends parler du désir et que j'écoute ses explications lors des différentes émissions qu'il a faite pour la promotion de son livre, tout est clair et limpide.
Cependant, j'ai trouvé dans ce livre plusieurs passages qui m'interpelaient et m'ont fait réaliser des choses d'un point de vu personnel.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (342) Voir plus




{* *}