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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme dans ses précédents romans, comme d'autres avant lui, Jérome Leroy explore à nouveau la thématique d'un monde qui finit et d'un autre qui démarre. Et c'est bigrement réussi !

Vivant désormais apaisée avec sa fille dans "La Douceur", ce nouveau monde où l'on réapprend ce qu'est le nécessaire, la découverte et l'émerveillement, Agnès se souvient de L'Éclipse.

Une période où la société à bout de souffle après tant d'attentats, de violences et de montée en puissance des pressions économiques, sociales et sociétales, a explosé. Oh, pas dans la guerre, ni le chaos. Mais dans un glissement subtil, réfléchi, libérateur, individuel mais dont le nombre finit par faire masse : "Les gens s'en vont".

Partir, tout laisser du jour au lendemain : travail, famille, enfants, responsabilités, culpabilité... D'un seul coup - mais à la suite d'un cheminement itératif et cumulatif - répondre "je décide de partir et de m'affranchir" à la place de "ce serait formidable si...mais je ne peux pas". Et finir par faire sens quand ce mouvement libérateur s'amplifie et interroge.

C'est ce que fait peu à peu Guillaume Trimbert, écrivain à la cinquantaine tourmentée, fatiguée qui va tout lâcher pour profiter de l'instant qui passe : celui où immobile, on goûte la joie simple d'un paysage à travers une fenêtre, avec la présence d'une femme aimée dont le seul contact peau à peau suffit à rassurer.

Ce cheminement, Agnès va le suivre et tenter de le comprendre, elle l'agent des services spéciaux habituée aux missions d'exécutions pour raisons d'état. Celles où justement il est important de ne pas comprendre mais de seulement agir. D'autant que d'autres raisons la poussent à s'intéresser à Trimbert.

Un peu tard dans la saison réussit le tour de force - trop souvent raté ailleurs quand des auteurs se lancent dans le multi-genre - d'être à la fois dans le sociétal, l'anticipation ou le polar. Mais c'est surtout un roman très personnel (avec toujours des touches autobiographiques ci-et-là) construit comme une délicate histoire empreinte d'une mélancolie positive et rassurante.

Ses personnages sont beaux, certes terriblement imparfaits, mais tous très attachants malgré leurs travers ou leurs tourments. Des femmes et des hommes qui font ce qu'ils peuvent pour avancer, résignés ou un jour "éclipsés".

Leroy dépeint son époque, ses travers, ses impasses et nous livre une vision du salut qui, à défaut d'être détaillée, est douce, bienveillante et surtout délibérément choisie et non subie.

C'est déjà ça... et même si cela arrive un peu tard dans la saison, ça fait du bien.

Deux remarques pour finir :

- Heureuses coïncidences des lectures : dans un contexte différent, Un peu tard dans la saison est un bel écho à Dans la foret de Jean Hedland lu - et adoré - quelques semaines plus tôt.

- Heureuses coïncidences des origines : comment ne pas apprécier un écrivain capable d'évoquer avec une nostalgie qui forcément me touche, la rue Lézurier-de-la-Martel, la rue des Fossés Louis VII, Fontenelle ou encore les galets de Saint-Valéry-en-Caux. Ces mêmes petites touches impressionnistes rouennaises déjà appréciées dans le Bloc.

Merci à Babelio, Masse critique et La Table ronde pour cet envoi.
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Dans un futur proche de nous, des hommes et des femmes disparaissent. C'est l'Éclipse.
Comme beaucoup d'entre nous, Guillaume, la cinquantaine désabusée, pense à fuir. Cet homme de gauche serait même le candidat idéal à l'évasion.
Alors que les émeutes se multiplient, il est mal dans une époque qui pratique la tyrannie des nouvelles technologies et d'un capitalisme sauvage et assiste impuissant à la décomposition du monde d'avant.
En parallèle, Agnès, l'expéditive capitaine des services secrets qui liquident allègrement les opposants à l'ordre établi, espionne plus que de raison l'aspirant à l'évanouissement.
Entre récit d'anticipation et roman social et politique, « Un peu tard dans la saison » est un texte intelligent, haletant et au style limpide avec un sens de la formule qui claque et des accents parfois houellebecquiens.
EXTRAITS
- Moi, j'étais d'une génération qui avait fait disparaître le slow et l'avait remplacé par la pornographie.
- Ne pas oublier, si on est encore là, de raconter aux enfants des survivants, qui s'ébattront librement dans les jardins du temps retrouvé ou sur les plages du recommencement, que les derniers jours du capitalisme marchand nous avaient fait vivre dans un Disneyland préfasciste, un asile irradié, une soue psychique, une haine de soi mortifère.
- Dans cinq ans, au maximum, les gens dans la rue porteront tous ou presque des Google Glass. Dans dix, une puce implantée sous la peau. On comprendra, devant une telle perspective, que je travaille avec ardeur à la mise au point d'une machine à remonter le temps.
- On se sera beaucoup indigné, dans ce monde-là, pas nécessairement sur ce qu'il aurait fallu, mais enfin, cela aura été la posture favorite des contemporains.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Lorsque j'ai commencé à lire ce roman, j'ai eu des flashs de «Macha, ou l'évasion», un roman jeunesse de Jérôme Leroy et une de ses nouvelles «Comme un fauteuils dans une bibliothèque en ruine», d'un recueil précédemment commenté sur ce blog. Jérôme Leroy a des thématiques qu'il développe à chaque fois d'une façon différente. Jérôme Leroy semble vouloir développer un univers très particulier qui répond aux préoccupations actuelles.
Ce roman se compose de deux parties.
Dans un premier temps on a nous avons une alternance entre deux narrateurs.
Agnès qui surveille Guillaume Trimbert et qui nous parle un peu d'elle et de ses sentiments en particulier en ce qui concerne son travail d'espionne et ce qu'elle récent pour Guillaume Trimbert. On a parfois l'impression qu'elle lui parle de manière indirecte, elle finit par employer le « tu » dans son récit. Il y a un non-dit sur la « haine-pitié » qu'elle lui porte. Elle ne veut pas être admirative de ce qu'il est.
L'autre narrateur, c'est Guillaume qui se raconte, son parcours, ses choix et ses idéaux, il parle de politique, d'histoire et de littérature. C'est une sorte de monologue intérieur, comme s'il cherchait à comprendre ses positions actuelles.
Ces récits tiennent du journal, intime, de la confession ou de la séance de psychanalyse. le lecteur entre dans leurs intimités à tous les deux.
Certains chapitres semblent chacun suivre une idée des narrateurs. A d'autres moments, ils se répondent alors que les personnages ne se connaissaient pas. Chacun à une vision différente de la vie.
Il y a l'idée de bourreau et victime, mais c'est Agnès qui joue à ce jeu puisque Guillaume ne se sait pas surveillé. Parfois Agnès se fait piéger à son propre piège, car il y a une part d'ombre en elle.
Une grande partie du texte traite des éclipsés. Agnès est chargée d'empêcher cet acte, alors on suit le cheminement de Guillaume qui veut s'éclipser. Il nous raconte ce qui imperceptiblement le pousse dans cette voie.
[...]
C'est un roman qui pousse à la réflexion.
Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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Qui ne s'est pas un jour posé la question de tout lâcher ? Son facebook, son Twitter, son Snapchat... et même son travail, sa vie gangrénée par la quête infinie du toujours plus, toujours mieux. Comme si le quotidien stressant, moribond qu'impose la société capitaliste rentrait en conflit avec des aspirations à la simplicité, au retrait et à la contemplation paisible du temps présent ? Que se passerait-il si tout un pays, si tout le monde venait à passer à l'action, mû par un profond désir de refuser les injonctions et diktats ambiants ? Comme si toutes les complications pouvaient être balayées par un geste radical, un « ne pas faire » salvateur. Voici la thèse de ce roman, ancrée dans le contemporain d'une époque qui se perd elle-même et où les individus décident un à un, de s'éclipser. Une sorte de révolution douce contre laquelle ni l'État, ni aucune puissance ne serait préparée... « L'éclipse », c'est ce qui arrive à Guillaume Trimbert, un parisien cinquantenaire surveillé de près par une narratrice oeuvrant pour les services secrets. 50 ans après, elle se souvient et raconte comment tout cela a démarré à sa fille qui vit déjà dans une autre société. Un roman qui porte en lui le germe d'une grande idée, pas si absurde que cela. (G.H.)
Lien : http://www.bnfa.fr/livre?bib..
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