J'ai abordé ce roman avec l'idée de relire encore une fois le genre d'histoire que l'on a pu lire dans les journaux, les témoignages de personnes ayant survécu à cette catastrophe, mais non cela n'a rien à voir.
Il est plutôt question de la vie désabusée d'une femme,
Zola Jackson, qui sa vie durant a affronté le courroux du destin.
On entre dans la Louisiane par la petite porte, par un petit quartier pauvre de la Nouvelle-Orléans, le ciel va une fois de plus leur tomber sur la tête, l'ouragan Katrina s'approche mais
Zola, elle, refuse de quitter sa maison car comme le disait son cher Aaron « tu es plus fort qu'un bataillon de Marines ». La vie de l'a pas épargné, son mari décède, elle perd son fils Caryl qui meurt a même pas 30 ans enfant surdoué voué à une grande carrière, elle a affronté l'ouragan Betsy dans les années 90 alors Katrina ne lui fait pas peur et de toute façon elle n'abandonnera pas sa chienne Lady que son fils lui avait offert!
« Mais on ne quitte pas La Nouvelle Orléans. On y naît. On y crève. C'est comme ça. »
Elle va vivre et survivre à cet ouragan confinée dans sa maison, son salon d'abord puis la chambre et enfin le grenier, et sera l'occasion de se remémorer des moments de joie comme de tristesse qui ont ponctué sa vie pendant que les digues une à une cède et que l'eau monte.
Beaucoup de chose sont traités dans ce roman, certes l'ouragan fait son oeuvre, mais au-delà c'est l'histoire d'une femme noire institutrice qui enfante un enfant métis aux yeux vert et qui s'avère être homosexuel, elle l'accepte, elle l'aime d'un amour sans limite :
« Caryl a éclaté de rire. Quant il rit, mon fils, l'espace se modifie, l'air vibre, la lumière s'irise et les contours cèdent : comme si la face du monde même s'était mise à sourire, tout s'évase et s'illumine, la cuisine devient un palais, la courette un jardin de maître et mon coeur une étoile en suspens. »
Mais n'accepte en revanche que tardivement son petit-ami Troy. Un enfant qui n'était pas très bien accepté par les autres, par cette communauté :
«J'ai voulu croire que ce n'était pas grave, juste une question de gamme dans les couleurs: ces années-là, tous les adolescents revendiquaient leur négritude jusqu'à l'ostracisme, les cheveux n'étaient jamais assez noirs ni crépus, l'accent du Sud jamais assez prononcé.»
Et puis ce sont aussi les oubliés de la catastrophe, cette minorité issue des quartiers pauvres que l'on oublie et que l'on vient secourir 2 jours plus tard, même si c'est extrêmement révoltant l'auteur ne s'étend pas dessus et préfère évoquer la nature humaine et la nostalgie d'une femme fragile.
«
Zola Jackson, tu fus une bonne mère, peut-être. Maintenant tu es pour sûr une vieille enquiquineuse et un héritage embarrassant. Tu es si noire, Zola Louisiane Jackson, et ton fils café au lait, ton fils mulâtre aux merveilleux yeux verts a ces traits fins qui répondent aux canons de la beauté blanche suprême – si noire, vieux pruneau sec, bien sûr que ton fils a honte de toi ! Bien sûr il te fuit ! Tu n'iras jamais dans les hauteurs vertes et fraîches de Buckhead ; les grandes demeures de vieil Atlanta ? Et pourquoi pas le bal annuel du gouverneur ! Ne rêve pas ma fille, jamais tu n'y entreras, sauf à ramper sous la porte de service. Tu n'es qu'un boulet de charbon. ».
Un récit très émouvant !
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