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3,95

sur 157 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En trente-huit nouvelles, Yan Lespoux peint une fresque médocaine. Autant d'histoires, autant de portraits, qui nous font découvrir cette région, et sa mentalité. Et pour certaines, on pourrait allégrement les transposer à d'autres endroits.

J'ai beaucoup aimé lire ces nouvelles, mais j'avoue avoir été pas mal rebutée par celles traitant de la chasse. Mais bon, ça existe, donc ça a sa place également.

Ce qui est sûr, c'est que l'auteur a un réel talent pour nous immerger dans un récit en quelques lignes, et le clore de manière bien souvent surprenante, et toujours en faisant surgir une émotion en nous.

Bref, si vous dites à qui veut l'entendre que vous n'aimez pas les nouvelles, lisez ce recueil, il pourrait bien vous faire démentir.
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Yan Lespoux possède un incontestable talent de conteur. Même dans le format concentré des nouvelles il confirme cette affirmation.
Presqu'îles contient une trentaine de ces nouvelles qui nous décrivent le microcosme médocain.
Oh ! pas le Médoc que l'on s'imagine aux vignobles tirés à quatre épingles et aux châteaux photogéniques, non dans ces historiettes pas de bling-bling.
L'auteur nous parle de son terroir, des Landes de Médoc où dunes de sable et forêt de pins parent le bleu de l'océan atlantique.
Mais ne comptez pas trop sur Yan pour nous donner un portait complaisant de la population locale. Comme le dit la phrase d'accroche du Monde sur la couverture du livre : « une étude de caractères tendre et cruelle, admirablement maîtrisée ».
On passe facilement du rire aux larmes, il arrive, même, à nous faire sourire de drames comme ce passage sur le premier noyé de la saison : « le premier noyé de la saison, c'est un peu comme l'ouverture de la cabane à chichis, la première grosse pousse de cèpes ou la première gelée, ça annonce une nouvelle période, un changement de lumière le matin quand on se lève. Ça rythme l'année. Et puis ça nous rappelle que nous, pendant ce temps-là, on est vivants ».
Sur cette terre de transit estival, le local reste méfiant et goguenard contre toute personne extérieure à son clan. le vacancier, le charentais, le bordelais, l'arabe s'intègrent difficilement dans le paysage et tous sont critiqués et moqués, tout élément extérieur est jugé suspect. Surtout si l'importun empiète sur SON territoire à champignons.
J'ai apprécié cette lecture parfois amusante : le Surnom, Sécurité routière, le Premier noyé de la saison, parfois plus sombre : Carnet du jour, Rien ne va plus, ou encore émouvante et nostalgique : Une vie, le Couteau. J'aurais mis probablement la note de 4, si dans ce kaléidoscope de portraits il n'y avait pas eu les nouvelles qui ont trait à la chasse : Dépeçage, le Cerf qui lui font perdre une
demi-étoile, mais tous les goûts sont dans la nature cela ne correspond qu'à mon ressenti personnel on va tout de même pas rallumer la guéguerre chasseur / pas chasseur.
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Entrez dans les Landes du Médoc, pas le Médoc des prestigieux Margaux, Pauillac et autres Saint-Estèphe, celui moins connu des terres non viticoles.

Avec ce recueil, Yan Lespoux esquisse par petites touches un portrait singulier de la région. Forêts, marécages, chemins de muletier, villages et bistrots forment le décor de ce livre. Une période hors-saison, sans touristes, sans planches de surf ni odeur de crème solaire.
Un sentiment d'âpreté et de mélancolie domine, heureusement contrebalancé par une ironie mordante et un attachement qu'on sent sincère pour la terre.

Les nouvelles sont courtes, voire très courtes (elles dépassent rarement la dizaine de pages). Elles sont habilement construites, avec des chutes assez inattendues, malicieuses et teintées d'humour noir. Si elles sont dans l'ensemble plutôt cocasses, j'ai regretté qu'elles tournent souvent autour des mêmes thèmes tels que la chasse ou le Bordelais.
« Toi, ta gueule. de toute façon, t'es bordelais. »

Un recueil incisif, caustique d'un auteur que je découvre ici. J'ai d'ores et déjà prévu de lire son premier roman « Pour mourir, le monde ».
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Nouvelles d'un autre Médoc, celui des Landes médoquines, sylvestres, pinicoles, marécageuses, humides, brumeuses, salées…
J'ai acheté Presqu'îles de Yan Lespoux (prononcez Lespousse) en même temps que le nouveau roman Pour mourir, le monde. Évidemment, doublement curieuse de ce recueil de nouvelles au caractère dit "noir" qu'on leur prêtait.
Les 10/12 premières nouvelles intriguent, tout comme leurs titres - Un surnom, Un secret, Dépeçage… - et leurs tonalités humoristiques, noires, mélancoliques, bouffonnes, dramatiques…
Yan Lespoux parle de ses Presqu'îles comme des "tranches de vie de gens ordinaires". Moi, je les qualifie plutôt d'écorchés (illustration anatomique ou une sculpture représentant le corps d'un être vivant, ou une partie, dépouillé de sa peau et des tissus graisseux, pour en faire apparaître les parties internes).
Si les Presqu'îles de Yan Lespoux sont romanesques, ce sont aussi des évocations de l'anatomie humaine et géographique locales, les petites histoires d'un terroir humain dans un territoire qu'il connaît bien.
L'écriture est sobre, douce, précise, "sans lyrisme, sans pathos, au plus près de son sujet."
Après la lecture de ces Presqu'îles, ceux qui aiment Francis Cabrel auront en tête comme moi "Hors Saison" et l'émotion absolue qui nous a saisis :
La mer quand même
Dans ses rouleaux continue
Sa chanson vide et têtue
Pour quelques ombres perdues
Sous des capuchons …
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Ce recueil de nouvelles paru chez Agullo et une très belle surprise. Je suis lecteur du blog dédié au roman noir de Yan Lespoux depuis des années et j'étais curieux de voir ce que ça allait donner. On peut tout de suite dire que c'est réussi. le lecteur est plongé dans une région de la France. Yan Lespoux écrit sur les marginaux et sur les habitants qui sont là toute l'année. Il porte son regard sur les campagnes reculées et les bords de mer loin des touristes. On sent l'influence d'autres auteurs de nouvelles comme Larry Brown. Hervé le Corre prend le temps de détailler ces influences dans sa préface. On passe du tragique à la beauté, d'un texte à l'autre et le tout compose un très bon recueil. Pour celles et ceux qui apprécient le polar rural à la mode américaine, n'hésitez pas à vous pencher sur ce petit bouquin pour retrouver des similitudes, mais dans une région française. À noter le travail éditorial soigné des éditions Agullo sur un format que je trouve vraiment intéressant.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Ah c'est vraiment bien ....des nouvelles, c'est toujours un exercice difficile ( j'imagine car je ne suis pas écrivain) car il s'agit de raconter une histoire avec son atmosphere en quelques pages ....Et pour ce livre c'est un beau succès....
Je voudrais juste partager qu'au delà des histoires, je suis sorti de la lecture avec des odeurs ....Celle des pins, des embruns, du gasoil, des champignons , de la fougère, de la bière,.....toutes mélangées au gré des histoires.
un très bon moment de lecture!
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Je n'apprécie pas particulièrement les nouvelles mais j'ai adoré ce recueil d'une trentaine de textes courts. Les « Presqu'îles » de Yan Lespoux pourraient être universelles pour qui est attaché à un lieu. Vivant à peine plus au sud que le Médoc natal de l'auteur, je me suis délectée de ces histoires.

Entre Océan, lacs et forêts, Yan Lespoux brosse le portrait d'une région - dont on ne peut que reconnaître la beauté sauvage saisissante - et d'une galerie de personnages attachants - du cru ou de passage - avec un humour tour à tour tendre et féroce.

Des dialogues croustillants aux passages plus poétiques, il rend un hommage à un Médoc loin des grands crus, et aux hommes qui y vivent en toute simplicité et authenticité. Il décrit le quotidien banal de cette population rurale et égratigne les étrangers (bordelais, parisien et même le voisin charentais) à coups d'anecdotes jubilatoires.

« Si on supporte assez mal le Parisien et le Bordelais toute l'année, on tolère toutefois le Charentais de- en gros -janvier à novembre, c'est-à-dire pour faire court, l'époque où il reste chez lui »

Les souvenirs d'enfance et d'adolescence (le concert de Pogues dans un bled improbable - fabuleux -, les fumeurs de shit ou les ados concupiscents) se mêlent aux histoires de transmissions et à des récits beaucoup plus noirs (il y a quand même pas mal de morts dans ces quelques pages 🤣) mais toutes ces nouvelles ont un point commun : elles sont chargées d'émotion et les personnages sont haut en couleurs.

Il y a un petit côté Maupassant chez Lespoux … (à noter que je ne suis pas à une contradiction près car les nouvelles De Maupassant me réjouissent) et c'est avec beaucoup de finesse - et un soupçon de cruauté - qu'il dessine ses personnages, les « vrais gens de la vraie vie ». Il jette un regard satirique et caustique (mais affectueux) sur le côté très terrien.

Le style est sobre et diaboliquement efficace mais j'ai mis des semaines à lire ce livre, ne m'autorisant ces récits qu'à dose homéopathique, entre deux lectures et aujourd'hui, je vous le crie haut et fort, c'est formidable, IL FAUT LIRE PRESQU'ÎLES !!!
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Les premières nouvelles du recueil ne m'ont pas séduites, chute trop prévisible peut-être ou un manque d'adhésion à l'humour. Et puis arrive la vieille de "Un secret", son coin de cèpes connu que d'elle-même qui ne pourra plus rester son secret. Ou encore l'excellente chute de "Sécurité routière", et l'humour noir des histoires de noyades, notamment "Le premier noyé de la saison", "Le Terre Neuve", mais aussi plus loin "L'Ecolo". Les histoires tristes de gens largués rassemblées sous le titre "La vie en face" ou encore celle intitulée "Le Mirage". La drôlerie et la dérision aussi avec des nouvelles où on rigole souvent, comme "Le concert fantôme", "L'arabe", "Le Charentais" ou encore "Une histoire d'amour".

Yan Lespoux dépeint un paysage de pins et de marais, un territoire dans le Sud-Ouest de la France et ses habitants, ceux qui ont toujours été là, et les autres, les "Bordelais", "Parisiens" et autres avec lesquels la cohabitation doit se faire, bon gré mal gré. Des histoires tendres, tristes, drôles, incisives et courtes qui se prêtent à être partagées et savourées à voix haute.
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Un recueil d'historiettes traitant de sujets assez lourds sur le ton de la légèreté, de la badinerie. Il est beaucoup question d'identité. Certaines sont amusantes, d'autres tragiques, j'ai beaucoup aimé celle avec les terroristes basques. C'est d'autant plus plaisant à lire, que ces lieux me sont familiers.
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Imaginez une bonbonnière dans laquelle trente-trois bonbons auraient tour à tour le bon goût terreux d'un champignon, la fragrance de cuir et de bois d'un vin médocain, l'odeur animale du sang fraichement versé, le parfum salé des embruns d'Atlantique et tant d'autres saveurs que Yan Lespoux a assemblées pour évoquer la terre où il a grandi. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, que la couverture de ce recueil de nouvelles, sur laquelle le sol et les troncs longilignes des grands pins d'une forêt médocaine sont frappés des rais bistre qui transpercent la canopée, ne vous fasse pas croire qu'il va s'agir là d'une collection de petites odes à la nature mystico-végano-cuculapralino-écologiques. Non, ici, comme on dit à l'école, le Médoc (vous avez dit 33 ?) est circonstanciel, supprimable, déplaçable, et l'Humain est sujet. Ces petites tranches qu'a découpées Yan Lespoux dans le gros saucisson de la vie (dans le grenier médocain de la vie, devrais-je dire) pourraient se dérouler dans n'importe quel coin de France, si tant est qu'on y garde jalousement la localisation de son coin à champignons, qu'on s'y balade au milieu des arbres et des cartouches tirées par les chasseurs, qu'on y savoure quelques verres de rouge ou de Pastis et qu'on fête, à l'ombre d'un noyé, l'ouverture d'une nouvelle saison touristique. Bref, ici, on s'attarde avec parcimonie sur les lieux (assez pour que le médocain y reconnaisse son terroir, et suffisamment pour que le tout-un-chacun y trouve sa terre) mais avec générosité sur les gens, les vrais, ceux que bien souvent on ne voit pas.
On ne peut pas parler ici de chacune des trente-trois nouvelles qui font l'unité de ce recueil, on a forcément des chouchoutes (« le surnom », « le cerf », « le couteau », « un secret » ou encore « le premier noyé de la saison » si je ne devais en dire que cinq) mais on reconnait à toutes la qualité d'écriture : des entames au cordeau – au sens pyrotechnique du terme –, des corps concis qui vont droit aux chutes. Et quelles chutes ! Yan Lesdoux maîtrise l'art de la nouvelle et nous fait profiter de ces moments choisis où les vies basculent. Sous sa plume empathique, le quotidien est une aventure, les invisibles prennent du relief, et l'humour fait jeu égal avec la mort. Dans « Presqu'îles », un pluriel de destins se jouent dans la solitude qu'impose l'île et la solidarité qu'inspire le « presque », l'autre est accessible mais il se mérite, et l'identité est chaque fois questionnée comme l'appartenance innée, imposée ou désirée au territoire. Après avoir savouré les 33 bonbons de la bonbonnière, nous devions être nombreux à se dire qu'on aurait bien pris un peu de rab et nous fûmes exaucés : lors de la soirée de remise des prix @vleel_ , l'auteur, récompensé pour sa place sur le podium des auteurs 2021, et sa maison d'édition Agullo ont offert aux lecteurs une nouvelle inédite, « le Sapin » dont je ne dirai rien du contenu si ce n'est que j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver des personnages du Surnom dans cette chasse… au sapin aux couleurs de Noël (et aux relents de pinard et de pastaga).
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