Début de la vie post-concentrationnaire
Pour apprécier ce récit de
Primo Levi, il me semble indispensable d'avoir lu
Si C'est Un Homme qui est le récit autobiographique le précédant chronologiquement et qui donne à
La Trêve tout son poids et toute sa profondeur. Par sa pudeur et sa distanciation, l'auteur donne toujours l'impression de nous raconter une histoire qu'il a vécu de l'intérieur et en même temps de l'extérieur. Cependant, pour que les mots prennent tout leur sens, il faut garder à l'esprit que
Primo Levi vient de vivre une expérience inhumaine et déshumanisante en ayant pleinement conscience de l'épreuve qu'il vient de subir et qu'aucun texte ne pourra traduire de façon satisfaisante ou même ne pourra approcher. C'est vrai qu'on voit dans ce récit le retour à une vie libre et dégagée des contraintes physiques et morales du Camp, mais on y voit aussi poindre surtout vers la fin la certitude que l'auteur restera marqué de façon indélébile par le Camp et qu'il ne pourra jamais s'en libérer mentalement. Cette servitude absolue, au-delà du temps et de l'espace, est probablement une des causes du suicide de
Primo Levi en 1987.
NB: Ce livre résiste réellement bien à la relecture (2020). On y retrouve toute l'humanité de
Primo Levi, mais aussi son talent de réaliser des portraits vivants et variés des gens rencontrés ainsi que son étonnement devant l'incurie des russes qui sont chargés d'escorter cette bande d'Italiens.
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