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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La trêve est le second ouvrage autobiographique de Primo Lévi. Il paraît en 1963. C'est la publication de cet ouvrage qui en réalité rendra populaire celui écrit par l'auteur au lendemain de sa libération des camps : Si c'est un homme. Ce dernier était paru de façon très confidentielle en 1947. Il y eut dans la décennie qui suivit la fin de la seconde guerre mondiale une forme de silence imposé sur cette page noire de l'histoire de l'humanité. Dans les années cinquante, l'opinion n'était pas prête à se replonger dans le cauchemar des camps de la mort. Au constat du sort réservé au livre de Primo Lévi, George Semprun avait d'ailleurs ajourné son intention de publier son propre témoignage, paru plus tard dans deux ouvrages : le grand voyage, L'écriture ou la vie.

Si c'est un homme fait aujourd'hui partie des monuments de l'histoire de la Shoah racontée par ceux qui l'ont vécu. Il relate l'année d'internement vécue par Primo Lévi. La trêve quant à lui relate le périple retour du chimiste italien vers les siens depuis sa libération d'Auschwitz par les Russes le 27 janvier 1945.

Le voyage retour fut donc organisé par les Russes. Il aura fallu presque 9 mois aux détenus italiens rescapés des camps pour regagner l'Italie. Incroyable odyssée dont on regrette de ne pas trouver la carte en annexe de son ouvrage, mais que l'on trouve sur l'encyclopédie en ligne. Même si les malheureux déplacés de camp en camp, ballotés de trains en trains – en wagons de marchandises est-il besoin de le préciser – n'ont pas été maltraités, ce trajet retour vers le pays est ahurissant de durée, d'inconfort, d'incertitude. Riche d'anecdotes.

Côté émotion cet ouvrage est très en retrait de Si c'est un homme. Cela se conçoit aisément. Il n'y avait plus cette perspective évidente de la mort promise, planifiée. La relation du périple donne une petite idée du chaos qui régnait dans le centre Europe à la fin de ce terrible conflit. Il instruit aussi sur la différence de traitement à la libération qu'il put y avoir entre les Occidentaux et les Russes, seulement du fait seul de l'organisation et de la logistique. Résultat : un trajet retour interminable, 9 mois pour rentrer d'Auschwitz vers Turin.

La trêve est l'ouvrage de la renaissance. Dans un monde que Primo Lévi regarde avec un oeil neuf. le soulagement compense l'inconfort et l'exaspération de ce voyage interminable, la débrouillardise le dénuement, générant parfois des scènes cocasses occasionnées par les difficultés linguistiques. le style est forcément plus léger, plus ouvert aux rencontres. Véritable galerie de portraits de personnages marquants dans ce grand brassage des nationalités où se glissaient parfois des allemands, eux aussi broyés par la grande machine de guerre mise sur pied par le régime nazi.

On n'en peut plus de voir ce convoi hétéroclite piétiner d'impatience mais ce n'est que la restitution de l'état d'esprit qui régnait dans cet interminable retour à la maison. L'issue était heureuse. Commençait alors le travail de réhabilitation à la vie normale et le difficile exercice de faire savoir.
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Manuscrit traitant du retour à la vie de Primo Levi après l'expérience ô combien anormale et inhumaine d'Auschwitz, ce témoignage démarre là où s'arrête "Si c'est un homme". Ainsi, lire les deux coup-sur-coup c'est vivre la descente aux enfers des camps et le retour progressif au sein des vivants après la déportation.

En un sens, ce texte et son prédécesseur sont utiles à mettre en parallèle avec le témoignage de Jorge Semprun, déporté politique à Buchenwald et qui fit de même dans "Le grand voyage" et "L'écriture ou la vie". On y discerne de grands points communs sur la barbarie nazie, sur le processus de déshumanisation, et aussi sur la manière dont la libération de l'esprit fut à ce point plus progressive et faite de petit détail, que celle du corps, immédiate et quelque peu teintée d'incrédulité. Mais d'un autre côté, ces deux témoignages montrent de manière évidente qu'il y eut un degré dans l'horreur vécu que l'on soit juif ou seulement un opposant politique ; deux horreurs, certes, mais celle de Primo Levi va un cran plus loin dans l'inhumain, dans l'abjection.

Néanmoins, et malgré un incipit terrifiant, plus infernal que l'année et demi à Auschwitz décrite dans "Si c'est un homme", ce texte devient vite joyeux, illustrant par là le rebond de la force vitale de ceux que les nazis voulurent effacer de la Terre, et la joyeuse pagaille d'une trêve dans les affaires du monde pour une époque savourant sa victoire sur la barbarie moderne.

Mais à l'instar de Semprun, un texte qui malgré l'esprit festif qu'il décrit, démontre bien que l'accablement lié à la tragédie du lager perdure, et perdurera, tout au long de la vie de l'auteur, victime de cette haine contre nature.
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Beaucoup moins connu que "Si c’est un homme", "La trêve" (livre publié en 1963 sous pseudonyme) constitue sa suite dans l’ordre chronologique. Le récit commence précisément au moment où les soldats soviétiques libèrent le camp où se trouvait Primo Levi (Janvier 1945). La liberté pour lui et ses compagnons ? Théoriquement oui, mais le retour vers l’Italie natale sera extrêmement long: près d’une année, ça parait maintenant incroyable ! Les tribulations des anciens détenus à travers l’Europe orientale sont dangereuses et très compliquées, avec de nombreux incidents absurdes. Certes, les rescapés du camp éprouvent une forme de joie pendant leur voyage. Mais ils restent très profondément blessés par la terreur ignominieuse à laquelle les Nazis les ont soumis. Le retour à la maison n’y change presque rien.
Ce livre, presque aussi sidérant que "Si c’est un homme", montre bien l’ampleur de la dévastation et de la désorganisation, dans l’Europe traumatisée par la seconde guerre mondiale. L’auteur, avec son style sobre et sa volonté de tout dire sans pathos, est un témoin irremplaçable de cette époque effroyable. Mais surtout Primo Levi parvient à nous faire comprendre une chose essentielle: on ne guérit jamais des séquelles de la vie en camp de concentration. Un livre à lire, absolument.
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La lecture de "La Trêve" me semble l'indispensable complément de celle de "Si c'est un homme". le premier livre relate la descente aux enfers du narrateur, ce qui rend absolument nécessaire de suivre le récit de sa remontée hors de ces enfers, sous la coupe d'une Armée Rouge qui ne sait trop que faire de ces déportés raciaux juifs citoyens de nations ennemies (Allemagne, Hongrie, Italie) que les Allemands vaincus leur ont laissés. le soulagement, la sympathie avec laquelle Levi raconte ses mésaventures et sa libération, font de ce livre une vraie bouffée d'air après l'angoisse du précédent témoignage. Mais tout n'est pas bien qui finit bien : l'auteur n'est pas personnellement et spirituellement armé pour comprendre ce qui est arrivé à son peuple, le peuple juif, ni à l'époque des faits, ni quand il écrit. Il croit que "le racisme", comme il dit, n'est que provisoirement vaincu, et que ce n'est qu'une trêve dans un long combat humaniste contre la "haine" .
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Libéré d'Auschwitz par les Russes en janvier 1945, il faudra encore de longs mois à Primo Levi pour rejoindre sa famille en Italie.
Ballotté à droite et à gauche, au gré des décisions souvent incompréhensibles de l'administration russe, c'est son périple dans l'Europe dévastée de l'après-guerre qu'il nous relate. le chaos est partout et chacun se serre les coudes pour subsister. C'est aussi la prise de conscience que rien ne sera plus comme avant, pour lui, comme pour le monde. Et cependant, la vie continue...
Si les propos sont moins poignants que ceux de Si c'est un homme, c'est un témoignage unique, coloré et réaliste, sans dissimulation qu'il nous livre sur cette période où les hommes ont dû réapprendre à vivre, retrouver une organisation, et leur dignité dans une Europe exsangue.
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La Trêve est une oeuvre de mémoires qui prend la suite du célébrissime Si c'est un homme. Primo Levi témoigne de la débandade des Allemands, quittant le camp d'Auschwitz dans une frénésie de destruction, ne laissant derrière eux que déprédations et rapines. Commence alors un voyage chaotique à travers la Pologne pour une période d'attermoiements dans l'actuelle Biélorussie où toute une communauté d'italiens naufragés se retrouve avant l'ultime périple en train, de plus d'un mois, pour retrouver la terre natale et le foyer. Bien que la quotidienne menace de la mort se soit quelque peu éloignée, il est toujours indispensable de faire preuve d'ingéniosité, d'esprit d'entreprise et de prudence, de savoir s'entourer de camarades non moins débrouillards, pour subsister et se conserver dans le moins mauvais état physique et psychique possible.

La Trêve est une suite qui ne démérite pas du témoignage originel qui donna la célébrité à Primo Levi. L' oeuvre, qui n'a pas semble-t-il la portée indispensable de témoignage des horreurs planifiées d'Auschwitz, n'en demeure pas moins un précieux récit plein d'humanisme, d'anecdotes cocasses, relevé d'un humour singulier car en décalage avec la gravité de la situation vécue. 
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Délivrés du camp, rescapés de la maladie, les rares et misérables survivants d'Auschwitz, auxquels se mêlent de nombreux autres déplacés ou déportés, errent plusieurs mois à travers l'Ukraine, la Roumanie et la Pologne en un incroyable voyage à bord d'un train poussif et fantomatique. Toute une humanité chamarrée de tous les coins d'Europe est décrite avec amour : soldats russes cordiaux, sauvages et désorganisés, chargés du retour chez soi de cette troupe bigarrée, mais la menant absurdement toujours plus loin vers le nord ; militaires, civils, hommes, femmes, enfants, comédiens, musiciens, fous, rêveurs, voleurs de poules...
Primo Levi nous décrit cette trêve comme un temps suspendu, arrêté, presqu'éternel, entre l'expérience de l'horreur et le retour à la vie d'avant, mais qui justement ne sera plus jamais celle d'avant.
Et voilà qu'après avoir si longtemps attendu et espéré ce retour, voilà que le coeur défaille : comment l'affronter, loin de ceux qui ont partagé cette expérience unique et indicible ?
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La trêve est un roman autobiographique de Primo Levi. Il raconte son périple à la fin de la seconde guerre mondiale, de la libération par les Russes à son retour à Turin. Un récit qui suit son internement à Auschwitz dans Si c'est un homme. Une terrible page de vie et d'histoire.
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Pour approcher l'oeuvre de Primo Levi, peut-être aurait-il fallu débuter par le très populaire "Si c'est un homme", mais il était dit que je ne le pouvais pas. Chose surprenante, alors que je m'étais décidé à acheter ce récit autobiographique de l'expérience concentrationnaire dans le camp d'Auschwitz, je fus contraint de me rabattre sur une autre oeuvre de Primo Levi parce que "Si c'est un homme" ne figurait pas dans les rayons de la librairie. Mon choix se porta alors sur "La Trêve" , récit également autobiographique, mais traitant de la période qui suit, celle de la libération et du retour en Italie. Période de l'entrée progressive dans la vie et d'une reconstruction personnelle.
Primo Levi aime peindre les divers personnages rencontrés au cours de son périple, des hommes et des femmes qui, souvent, ne font que croiser la route du rescapé d'Auschwitz, mais ces rencontres tissent la trame de ce roman, elles participent à la vie itinérante, aux déplacements réguliers d'un camp d'accueil à un autre, dans une Europe en ruine et une Russie libératrice qui, tant bien que mal, acheminera ces êtres ressuscités jusqu'à leur terre natale, après plusieurs mois d'incertitudes, de doutes, et d'incompréhensions. Cette trêve, temps de la convalescence, présente aussi des hommes qui, ayant frôlés la mort et le néant, veulent vivre pleinement leur existence, sans peur, honte ni fatalité.
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L'écriture de Primo Levi est incroyable. Déjà dans Si c'est un homme, il avait révélé à quel point son style était accompagné d'une profonde et extraordinaire humanité.
La Trêve fait le récit des mésaventures de ces prisonniers italiens libérés après la seconde guerre mondiale, obligés de faire un long périple afin de rentrer chez eux. Sur les routes de l'Europe centrale, les histoires se multiplient et s'entrecroisent, à la fois poignantes, drôles, énigmatiques et enrageantes.
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