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Citations sur Orwell : Ou L'horreur de la politique (71)

Elle avait un visage rond et pâle, le visage ordinaire et usé d'une fille grandie dans les taudis, qui a vingt-cinq ans mais en paraît quarante à force d'avortements et de travaux abrutissants, mais ce visage présentait, durant la seconde où je l'entrevis, l'expression la plus désolée, la plus dénuée d'espérance que j'aie jamais contemplé. Je saisis alors combien nous nous trompons quand nous disons : "Pour eux ce n'est pas la même chose, ce n'est pas comme pour nous" - comme si les gens qui ont grandi dans les taudis ne pouvaient rien imaginer d'autres que des taudis. En effet, ce que j'avais lu sur son visage, ce n'était pas la souffrance ignorante d'une bête. Elle ne savait que trop bien ce qui lui arrivait, elle comprenait aussi bien que moi quelle destinée affreuse c'était d'être ainsi agenouillée là, dans ce froid féroce, sur les pavés gluants d'une misérable arrière-cour, à enfoncer un bâton dans un puant tuyau d'égout."
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Simon Leys citant Orwell : « L’illusion et de croire que, sous un gouvernement totalitaire, on pourrait demeurer intérieurement libre (…), Que dans leurs mansardes des ennemis clandestins du régime pourraient continuer à noter leurs pensées (…). La grande erreur est d’imaginer que l’être humain soit un individu autonome. Cette liberté secrète dont vous pourriez prétendument jouir sous un tel gouvernement ne tient pas debout, car vos pensées ne vous appartiennent jamais entièrement. Les philosophes, les écrivains, les artistes et même les savants ont besoin non seulement d’encouragements et d’un public, il leur faut aussi le constant stimulant des autres. Il est presque impossible de penser sans causer (…). Supprimer la liberté de pensée, et les facultés créatrices tarissent (…). Quand le couvercle sera retiré de l’Europe (occupée par l’Axe), je suis convaincu que l’on sera surpris de voir combien peu d’écrits de valeur, dans n’importe quelle forme – y compris des choses comme des journaux intimes – auront été produits en secret sous les régimes de dictature.»
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Notre époque qui s'ingénie à lire en toute chose des symboles du sexe comprendra-t-elle un jour que c'est parfois le sexe qui est le symbole d'autre chose ?
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Le malentendu qui l'entoure ici doit avoir également des causes politiques, semblables à celles qui permirent jadis à Sartre et Beauvoir d'excommunier si durablement des rangs de l'intelligentsia bien-pensante un Camus ou un Koestler, coupables de la même lucidité.

(p.10)
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L'histoire a déjà montré à plusieurs reprises qu'il ne faut pas grand-chose pour faire basculer des millions d'hommes dans l'enfer de 1984 : il suffit pour cela d'une poignée de voyous organisés et déterminés. Ceux-ci tirent l'essentiel de leur force du silence et de l'aveuglement des honnêtes gens. Les honnêtes gens ne disent rien, car ils ne voient rien. Et s'ils ne voient rien, en fin de compte, ce n'est pas faute d'avoir des yeux, mais, précisément, faute d'imagination.
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"Je commençai à éprouver un indescriptible dégoût de toute la machinerie de ce qu'on appelle "la justice". Dites ce que vous voulez, notre droit pénal est une chose horrible, et requiert pour son application un personnel remarquablement dépourvu de sensibilité (...). J'ai une fois assisté à une pendaison ; cela m'a paru plus effroyable que mille meurtres. Je n'ai jamais pu visiter une prison sans éprouver le sentiment que ma place était de l'autre côté des barreaux. Je pensais - et je le pense toujours aujourd'hui - que le pire criminel qui ait jamais existé est moralement supérieur au juge qui l'envoie à la potence" (The Road to Wigan Pier, p.128).
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Simon Leys citant Orwell : « C’est précisément dans une période de stabilité, une période où la civilisation semble tenir puissamment sur ses pattes, comme un éléphant, qu’une notion comme celle de vie après la mort est sans importance. La mort n’a rien d’effrayant quand les choses auxquelles vous tenez vont vous survivre. »
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Simon Leys citant Orwell : « La plupart des gens n’ont jamais l’occasion de voir leur sens moral inné mis à l’épreuve par l’exercice du pouvoir – en sorte qu’on est presque obligé de tirer cette conclusion cynique : les hommes ne sont décents que dans la mesure où ils sont impuissants »
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Vivre en régime totalitaire est une expérience orwelienne, vivre tout court est une expérience kafkaïenne.
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A l'hôpital, durant sa maladie finale, peu de temps avant de mourir, il entendit un jour les voix de visiteurs aristocratiques dans une chambre voisine, et il trouva aussitôt l'énergie furieuse de noter dans le carnet qui ne quittait pas son chevet : "Quelles voix ! On devine des gens trop bien nourris, stupidement satisfaits d'eux-mêmes, avec cette constante façon de ricaner hé-hé-hé à propos de rien du tout. Et par-dessus tout, il y a cette espèce de lourdeur et de richesse, combinées avec une fondamentale mauvaise grâce, des gens qui, on le sent instinctivement sans même avoir besoin de les voir, sont les ennemis spontanés de tout ce qui est intelligent, ou sensible, ou beau. Pas étonnant que tout le monde nous déteste tant."
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