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sur 2084 notes
Livre féministe ou titre usurpé ? Que de polémique autour de cet adjectif à attribuer ou non au seul roman édité en France pour l'instant par l'autrice américaine Kim Liggett.
Pour ma part, je le dégote dans ma librairie lyonnaise préférée, la librairie à soi.e estampillée sur son fronton « librairie spécialisée dans les féminismes », sur la table « coups de coeur » des libraires. Alors, je ne me pose pas la question quand j'ouvre le roman. Et je ne me la suis pas posée non plus durant toute ma lecture et mon incursion dans la société radicale où vit Tierney l'héroïne. C'est en préparant mon petit billet retour et en surfant sur des sites et blogs que je la découvre. Elle me pousse à refaire une lecture mentale du roman et à redérouler les événements et postures des personnages. Elle m'incite à revoir autrement des éléments du récit. Que cette question soit une raison pour ne pas aimer le roman me laisse dubitative mais bon, le lecteur est roi !
Pour mieux comprendre, je fouille du côté de l'autrice dont je trouve une vidéo en interview sur le roman. Pour répondre à cette question de la patate chaude - féministe ou pas - j'inviterai les lecteurs curieux à écouter Kim Ligget s'exprimer sur son projet de récit et ses choix dans la construction narrative. Moi, ça m'a plutôt convaincue et permise de mieux appréhender la fin du roman. Et à la question, féministe ou pas, forte de ce long cheminement et questionnements, je répondrai « Oui, votre Honneur » ! Et bien plus fort et clairement que lorsque j'ai refermé le roman. Quand Delphine Minoui dépeint le quotidien des femmes de Téhéran en prenant le voile et en furetant sous les niqab (« Les Pintades de Téhéran ») sans prendre parti, est-ce un ouvrage féministe ? Malgré une collection qui se veut légère, la voix des femmes est amplement entendue dans cette « basse-cour- voilée de noir des crimes à leurs libertés et des cercueils de leurs droits enterrés. Point de victoire écrasante, point de raisons listées de croire en un lendemain qui chante, point de prises concrètes auxquelles s'accrocher si ce n'est cet acharnement de chacune d'oeuvrer en silence à ronger les sangles qui les attachent, à contourner les lois, à détourner les commandements. Pour ma part, c'est féministe dès que l'on envisage la vie des femmes dans ses conditions multiples, ses droits, ses libertés, sa façon de se percevoir, ses rapports aux autres. Féministe n'est pas forcément revendicatif. Tierney est une héroïne à part entière. Elle se bat enfermée dans cet enclos forestier avec une trentaine de ses consoeurs du village pour survivre à une loi absurde qui les contraint l'année de leurs 16 ans à vivre tel un troupeau de moutons naïfs et innocents dans un environnement hostile entourés de braconniers aux allures de loups solitaires carnassiers. La violence est partout : dans le village qu'elle quitte où être femme c'est être seulement la possession de l'homme – le père ou le mari, elle est aussi dans cette forêt où le mal(e) guette et font sur sa proie isolée pour la dépecer et enfin, elle est à l'intérieur du camp où conditionnées pour être en perpétuelle compétition les unes avec les autres, les filles vont s'entredéchirer. Souillées par leurs règles matérialisées par ce ruban rouge tissé dans leur tresse, les filles vont voir se développer leur « magie » qui souillera bientôt aussi leur âme. Bien sûr cette magie n'est peut-être qu'élucubrations masculines pour avilir les jeunes filles et maintenir un ordre social tyrannique. A moins que cette magie ne se matérialise dans ce souffle puissant qui anime Tierney à étouffer le feu ravageur de la misogynie mordante de ses propres « soeurs » et à tracer une voie nouvelle éclairée par la compassion, l'entraide et la sororité. Un livre intéressant par les choix volontaires et assumés de la romancière qui souhaitait que « ce livre reflète où le mouvement des femmes en est aujourd'hui, c'est-à-dire en plein milieu. Personne ne veut raconter le milieu de l'histoire. Il n'y a aucun triomphe au milieu de l'histoire ». Que ce roman paraisse en édition jeunesse prend ainsi tout son sens car « nous construisons nos victoires sur les épaules de celles qui nous ont précédées ». Servons-nous de l'histoire de Tierney pour à notre tour imaginer et construire l'au-delà... !
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Boulversant !!

Quelle histoire touchante et poignante.
L'héroïne traverse les épreuves avec tellement de bravoure. Elle évolue tout au long du livre comme notre vision de son monde et des questions soulevées. J'ai du mal à trouver mes mots tellement j'ai été bouche bée par cet univers et les idéaux dégagés qu'on peut largement imaginer possible quand on entend certains dires…
Le contexte est placé rapidement, on plonge directement dans l'histoire. L'héroïne nous montre ses façons de pensées et son environnement avec beaucoup de franchise au début et puis peu à peu avec plus de tact au fur et à mesure qu'elle évolue et comprend certaines choses.
Ce livre nous ouvre clairement les yeux sur la méchanceté des femmes entre elles mais montre également leur puissance lorsqu'elles s'unissent.
Je n'ai pas pu lâcher ce roman tant j'ai été happée par l'histoire. Les péripéties s'enchaînent ainsi que les retournements de situations! C'était un pur coup de coeur !
Je pense que l'année de grâce m'a marquée pour longtemps !
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L'année de grâce est un roman de SF dystopique sorti en 2020 en France aux éditions Casterman. Premier roman de l'autrice américaine Kim Liggett, le récit n'est pas sans rappeler La Servante Écarlate ou encore la saga Hunger Games.

Chaque année, les jeunes filles de 16 ans de Garner County sont envoyées en année de grâce pour éteindre leur prétendue magie qui culmine à cet âge là. Forcées de quitter leurs familles, elles devront survivre une année entière dans les bois. Et comme chaque année, nombre d'entre elles n'en reviendront pas. Cette année de grâce est le temps pour elles de libérer leur magie, car comme tout le monde le sait, c'est un pouvoir maléfique qui séduit et attire les hommes. Il faut donc réprimer le potentiel de chacune d'entre elles pour en faire des femmes soumises à leurs époux, ou partir travailler aux champs si elles n'ont pas eu la chance d'être choisies par un homme avant leur départ.

Cette année, le tour de Tierney est venu. Mais elle ne rêve pas de mariage et d'enfants comme toute jeune fille qui se respecte. Ce qui l'intéresse, c'est sa liberté et être maîtresse de son destin. Sauf que dans un monde tel que celui dépeint par l'autrice, il semble compromis pour une femme de n'en faire qu'à sa tête : les plus rebelles sont soit envoyées dans les quartiers extérieurs pour se prostituer, soit exécutées sommairement devant le reste de la ville. Ici, les hommes font la loi et tiennent les sangles qui entravent les femmes de leur naissance à leur mort.

Tierney va découvrir la source de cette terrible magie en étant confrontée à celle de ses camarades d'année de grâce.

L'année de grâce est un récit puissant dans la droite lignée des dystopie notables de grandes autrices du genre comme Margaret Atwood ou Suzanne Collins. Dans son roman, Kim Liggett exploite des thèmes puissants et révélateurs de ce que la société a de pire en elle : les dérives sectaires, l'asservissement des femmes, la violence inhérente à l'humanité. Bien que souvent croisées dans de nombreux romans, ces thématiques sont renouvelées sous un jour nouveau grâce à une plume limpide et dénuée du superflu de Kim Liggett. Ajoutez à cela les nombreux rebondissements et péripéties qui ponctuent le récit et vous obtenez un ouvrage totalement addictif impossible à lâcher avant de l'avoir terminé ! Un premier roman remarquable !
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Wahou ! Je viens tout juste de finir de lire L'année de Grâce et je suis émue, j'étais à deux doigts de verser quelques larmes au moment de tourner la derniere page.
Ce roman est tellement fort, symbolique, important pour la condition des femmes. Il serait d'utilité publique de le faire lire à toutes et tous.
Tout le long du roman, j'ai vraiment été plongée dans l'histoire, à tel point que j'ai l'impression d'avoir moi même vécu cette histoire aux côtés de Tierney. Un grand bravo à l'autrice pour ça ! Ce livre mériterait une adaptation en film ou en série.
J'ai aussi beaucoup aimé le langage des fleurs, j'ai trouvé ça très poétique et puissant à la fois.
C'est un roman à lire et relire et, surtout, à recommander !
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BOUM ! Coup de coeur !

Il existe mille rites de passages pour une jeune fille de l'enfance à l'adolescence, et de l'adolescence à l'adulte.
A peine née, la fille doit faire ses preuves. Plus elle grandit et comprend que la société a des attentes, qu'elle a des projets. Ces filles et ses femmes n'ont pas le droit a la rébellion, n'ont pas le droit d'avoir leur propres rêves et envies.

Ici, dans l'année de grâce, on suit Tierney et d'autres jeunes filles de son âge, qui a leur 16 ans partent pour plusieurs mois sur une île, loin de chez elles, pour libérer leur magie. Une magie qui selon les légendes, rendrait fou les hommes, et qui serait trop puissante.

L'heure est à la révolte, a la colère, a la rébellion. L'année de grâce, est un sujet interdit a l'extérieur de cette île. C'est tabou, seules celles qui en reviennent savent. J'ai eu une lecture très fluide ou les rebondissements s'enchaînent et laisse des émotions diverses. Colère pour leur emprisonnement, souffrance pour leur condition, compassion pour leur solitude, empathie pour leur incompréhension.
On se sent fortement concernée, et happée par leur condition, notamment en tant que femme car même en 2023, on doit encore se battre.

Loin d'être un ouvrage bête et simple de féminisme pure, il brasse plein de sujets applicables a nombreuses sociétés: soumission et patriarcat, condition féminine, conscience collective, résistance et solidarité.

C'est un roman difficile tout de même, car on plonge dans une violence physique et morale, psychologique même, où l'on pense qu'un cercle de filles va s'entraider, mais c'est tout le contraire qui se produit: la compétition. le harcèlement est très marqué mais reflète tristement notre monde.

Une dystrophie extrêmement bien écrite, ou les longueurs sont inexistantes, ou les personnages sont passionnants et ont tous un rôle bien définis (même les personnages secondaires). le petit plus, j'ai beaucoup le langage et la symbolique des fleurs qui agissent comme des chapitres tout au long du livre.

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Percutant et bouleversant. Deux mots qui résument à eux seuls la puissance de L'Année de grâce.
Tierney, seize ans, est en âge de vivre l'année de grâce, de partir avec d'autres jeunes filles un an dans la forêt, seules, abandonnées, pour se débarrasser de leur magie. Personne ne parle de l'année de grâce mais chaque fois, les jeunes femmes en reviennent mutilées, quand elles survivent. Soumises à une société patriarcale extrêmement répressive, elles ne deviennent plus que des objets entièrement dépendants de la volonté de leur mari.
Cela vous est-il déjà arrivé d'avoir la sensation de tenir entre vos mains un roman absolument unique, un roman si marquant qu'il bouleverse toutes vos certitudes ?
Ce récit est terrible. Terrible par ses sujets, par son ambiance glaçante et oppressante, par sa justesse et son réalisme. Pour reprendre l'expression du résumé, « on ne ressort pas indemne » de cette lecture.
L'autrice nous propose une dystopie violente et jamais vue, parfaitement construite et saisissante. L'histoire est effrayante mais envoûtante, le calvaire de Tierney n'a duré que le temps d'une nuit d'insomnie de mon côté ! Violence, mutilation, folie, trafique d'organes, haine, traque… Entre thriller, horreur et dystopie, le tout relevé par une touche de surnaturel, L'Année de grâce m'a pleinement conquise. Certains chapitres m'ont réellement effrayé, moins pour leur violence que pour leur brutalité psychologique.
Nous suivons une année de terreur pure subie par des jeunes femmes soumises physiquement et psychologiquement aux hommes, éduquées pour les craindre et les respecter, convaincues de leur propre infériorité. Heureusement que l'héroïne est là pour remettre en question toutes ces aberrations, car le récit est éprouvant. C'est dur, mais vibrant de justesse.
Kim Liggett relève de profondes réflexions sur le regard des hommes sur la croissance des adolescentes à l'âge adulte, sur le place et le rôle des femmes dans nos sociétés passées, contemporaines et futures.
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L'année de grâce est un livre très touchant, il est captivant, original...
C'est une très belle histoire, ce livre se lit très rapidement, on ne voit pas le temps passé car il est extraordinaire.
Il est un peu compliqué a comprendre au début, mais une fois que l'histoire commence on est vraiment absorbé par ce livre.
C'est un roman fantastique, remplit d'amour (il était fait pour moi, moi qui suis amoureuse des romans avec de la magie et des histoires d'amours).
Il est aussi très triste (j'ai finis le livre en pleurant), l'amour y est beaucoup présent sous différente forme, comme l'amour maternel, fraternel, l'amitié...
Je conseil ce livre a 100%.
Bravo à l'auteur !

Creusot Maya
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Une fois de plus j'ai lu un livre qui me sort de ma zone de confort. Je ne lis jamais ce genre de livre mais il me fut envoyé par ma "box livre" comme "livre du mois" et une fois de plus, ils ont tapé juste dans la qualité du livre envoyé!
Ce livre est marquant par son contenu tout en étant très agréable à lire.
C'est une dystopie à l'encontre des femmes, qui doivent observer une tonne de règles débiles mais surtout mortelles.
Chaque année, les jeunes filles de 16 ans doivent s'isoler ensemble durant 1 an dans un camps afin de "perdre leur magie" car cette dernière a trop d'influence sur les hommes...
Bien évidemment, le lieu d'habitation n'a rien d'un club de vacances par son confort mais également par le danger qui rôde : tout autour d'elles se trouvent des braconniers, payés des fortunes pour ramener le corps (mort) de ces filles au moment où elles ont leur magie qui agit... et ce afin de vendre cette magie... aux hommes!
Dans ce livre, on voit à nouveau que si les femmes ne s'unissent pas, elles n'arriveront jamais à changer les règles du jeu et qu'elles continueront à vivre dans un monde d'homme et pour les hommes. Cela fait réfléchir sur la notion de solidarité entre les peuples, les genres et les gens.
Il y a quelques passages qui m'ont déplus car cela me faisait penser à un livre d'horreur mais ils sont peu nombreux, je n'ai eu qu'à les sauter ;)
Ce livre est vraiment agréable à lire et j'ai eu du mal à le fermer car je voulais toujours en savoir plus...
Belle découverte, malgré le sujet pas réjouissant...
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L'année de grâce est un livre que j'ai lu pratiquement d'une traite, dans l'urgence de savoir ce qui se passe pour l'héroïne principale à laquelle je me suis très vite attachée, et dans l'espoir qu'elle trouve une place dans cette société d'une violence inouïe envers ses enfants filles, ses jeunes filles et ses femmes. Violence cachée derrière des accusations de magie et qui ne sert à rien d'autre qu'assoir une domination masculine. Cependant, l'auteur nous rappelle à petite touche que cette violence touche aussi les pères et certains hommes, conscient de l'injustice des choses. le livre se termine sur une belle note d'espoir, malgré les souffrances qui demeurent et celles qui restent à venir. J'ai aimé le style fluide de l'auteur et la façon d'amener le lecteur à découvrir les travers d'une société basée sur un mensonge. Je recommande vivement cette lecture.
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L'année de grâce est une fiction un peu métaphorique et très angoissante du passage si difficile de l'enfance à l'âge de femme.
Un peu à la façon de « la servante écarlate » on est dans un temps et un lieu où la jeune femme, à cet âge de transition, est écartée de la société pour une année afin d'éloigner cette magie de l'attraction qu'elle porte en elles et qui est si dangereuse.

On suit un personnage atypique, Tierney, qui refuse, se bat, veut comprendre, pendant ce périple dont, chaque année, seules quelques-unes en sortent vivantes et entières.
Sans que ce soit vraiment un coup de coeur j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, l'ambiance, les personnages.
J'ai parfois trouvé qu'il y avait trop de péripéties et la romance (qui n'a pas trop de place dans l'histoire quand même) n'était peut-être pas très utile…
En revanche j'aurais voulu plus de détails parfois, qu'elle s'attarde et prenne le temps.

Je vous le conseille quand même ♥️
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