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4,25

sur 2037 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les citations de Margaret Atwood et de William Golding en exergue du roman donnent le ton : celui des dystopies, avec en l'occurrence de forts accents féministes. Mon fils aîné est bien de sa génération, il a une vraie prédilection pour ces textes qui sondent les aspects les plus sombres de l'humanité et nous questionnent sur le mode de la fable politique. Il a résolument choisi ce roman parmi toutes les parutions de la fin de l'année 2020 et n'en a effectivement fait qu'une bouchée, avant de me presser de le lire aussi (ainsi que ses deux grand-mères toujours très volontaires pour suivre ses conseils !).

Tout ce petit monde s'est donc retrouvé captivé par le sort de Tierney, livrée comme toutes les jeunes filles de son comté aux épreuves terribles de l'année de grâce. Personne ne se risque à parler de ce rite de passage mal nommé (« C'est interdit »). Mais d'aucuns savent que cet exil en forêt doit permettre à la magie envoutante de ces femmes en devenir de se dissiper dans la nature… et dans la douleur.

Si ce roman est glaçant, c'est parce qu'il a beau représenter une société inhumaine, il n'en fait pas moins écho à des formes d'oppression non seulement réelles, mais encore tout à fait d'actualité aujourd'hui dans certains contextes : les superstitions relatives au péché originel ou aux pouvoirs de certaines femmes – ne sommes-nous pas toutes un peu sorcières ? –, instrumentalisés pour légitimer l'assujettissement du « sexe faible », les obstacles à l'instruction des filles, la culpabilisation des femmes pour l'attrait qu'elles peuvent exercer et l'idée que ce serait à elles de cacher leur corps, leur asservissement sous l'autorité d'un père, puis d'un mari, ou encore les mariages forcés. Et, plus largement, le pouvoir tiré des croyances et des traditions que plus personne ne questionne, de la terreur fondée sur la loi du secret et de l'obscurantisme.

Kim Liggett rythme parfaitement les péripéties, les révélations et les étapes du cheminement intérieur de Tierney pour nous tenir en haleine. L'héroïne est attachante, on la suit avec angoisse et désarroi, parmi ces jeunes filles qui semblent à la merci d'impitoyables traditions. J'ai pensé que l'autrice forçait le trait, surenchérissant dans la violence et nous présentant des personnages qui pouvaient sembler très monolithiques. Puis les choses ne se passent pas comme prévu, l'héroïne révèle des ressources surprenantes, noue des alliances ; nous apprenons avec elle à reconsidérer certains préjugés et les ressorts de cet ordre social terrible s'éclairent. Cette initiation est bien amenée, montrant avec finesse l'évolution des rapports de force au sein du groupe de filles (et au-delà !) et plaçant le récit sous tension jusqu'au final subtil et inattendu.

Ce roman très remarqué semble bien parti pour se faire une place dans la droite lignée du carton de la série Hunger Games (une adaptation cinématographique est d'ailleurs déjà en cours). Une lecture féroce et galvanisante qui porte haut des valeurs de courage, de solidarité et d'émancipation !
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Recommandé par une de mes collègues, j'ai lu ce roman Jeune adulte pendant mes pause-repas, sur une dizaine de jours. Je savais peu ou prou à quoi m'attendre, plusieurs de mes amis babéliotes en ayant fait des retours assez enthousiastes l'an dernier ou à l'occasion de sa sortie. Et la quatrième de couverture est assez explicite, avec ses références à Hunger Games, Sa majesté des Mouches ou La servante écarlate.

L'histoire est assez classique : une société où les femmes sont asservies, mariées sans avoir voix au chapitre pour celles qui sont "chanceuses", placées en "maison de travail" si aucun mâle n'a voulu d'elles, ou encore, pour celles qui n'auraient pas respecté une des nombreuses règles, bannies dans les quartiers extérieurs où elles seront contraintes de se prostituer. Et avant de subir l'un de ces sorts plus ou moins enviables, à l'âge de 16 ans elles sont envoyées sur une île éloignée et inhospitalière pour y passer leur "année de grâce", qui n'a de grâce que le nom. Pendant ces douze mois, elles sont censées se débarrasser de leur "magie", en réalité devenir de braves petites choses soumises, voire brisées après les épreuves qu'elles vont endurer, du moins pour celles qui reviendront vivantes.

Tierney fait partie de la promotion de l'année, et a bien l'intention d'en revenir encore plus forte et déterminée qu'elle ne l'est déjà. Contrairement aux autres filles, elle n'a nullement l'envie de "décrocher un voile", c'est-à-dire d'être promise à un homme lors de la cérémonie qui précède le départ. Farouchement indépendante, elle rêve d'aider les femmes de son village à se réaliser et ne plus vivre dans la crainte de commettre une faute qui pourrait les amener à la mort (et par la même occasion permettre à leur mari de se choisir une nouvelle épouse plus fraîche, pratique, non ?).

Nous la suivons pendant cette fameuse année, où elle sera souvent la cible d'autres filles qui n'apprécient guère son indépendance d'esprit et ses initiatives. Les caractères vont se révéler au fil des jours, et quelques portraits sont d'ailleurs assez caricaturaux ! On croisera aussi quelques hommes, dont, bonne surprise, certains vont également à l'encontre des règles édictées par cette société patriarcale et tyrannique.

Ce livre séduit nombre de lectrices dans les différents CDI où je l'ai vu, la cible étant clairement les filles de 15à 25 ans. Je n'ai pour l'instant pas eu de retour masculin, d'ailleurs cette tendance se reflète également dans les critiques sur Babélio, il ne me semble pas en avoir lues émanant d'hommes. Ce serait intéressant d'avoir un avis masculin...
J'ai lu plusieurs fois qu'il s'agissait d'un roman féministe. Mais pour moi ce n'est pas le cas, parce que la plupart des jeunes filles et femmes qui figurent dans ce roman sont présentées comme soumises, ou hystériques, ou incapables de prendre une décision par elle-mêmes. A part Tierney et sa mère...

C'est un roman qui se lit très facilement, c'est addictif et agréable, de la bonne came. Mais il m'a manqué de l'originalité, de la surprise, j'ai souvent eu un goût de "cousu de fil blanc", ou plutôt "tressé de ruban rouge", comme les cheveux de ces demoiselles. Il y a beaucoup de symbolique, comme ces fameux rubans dont la couleur change selon le statut de la fille/femme, ou les fleurs, très présentes également. On retrouve aussi le mythe d'Eve, associé bien sûr à la faute originelle (d'être née femme ?).
De bons ingrédients, mais pas assez d'épices pour moi. Mais je comprends parfaitement qu'il plaise, et l'auteure n'a certainement pas à rougir de son premier roman. Si vous êtes tenté(e) par une dystopie teintée d'idéalisme avec un soupçon de romance et pas mal de cruauté, vous apprécierez certainement "L'année de grâce".
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Dans un univers qui mélange intelligemment Hunger Games avec La Servance Ecarlate, Kim Liggett nous propose avec L'année de Grâce un roman captivant et plein de surprise. Tierney va entrer dans son année de grâce. Alors que la jeune fille vit dans un univers où les femmes n'ont aucun droit de parole et où toute leur vie leur est imposée, les jeunes adolescentes sont envoyées en pleine nature, en proie à des braconniers qui veulent leurs morts ainsi qu'à une vie rudimentaire et sans aucune aide en vue de faire dissiper leur « magie », trop tentatrice et effrayante pour les hommes.

Très belle surprise pour moi. Pourtant j'ai eu peur au début, en incitant sur différents points l'autrice peut nous donner l'impression d'enfoncer des portes ouvertes mais c'est pour mieux nous surprendre ! En étant consciente des codes du genre et du très grands nombres de sorties de ses dernières années, l'autrice joue avec son lecteur et arrive à nous captiver en nous proposant un récit intelligent et pleins de rebondissement inattendus. Les personnages sont fouillés et plein de nuances. Même Tierney peut-être difficile à appréhender et toutes ses décisions ne sont pas des plus innocentes. Comme on peut s'y attendre en lisant le résumé, L'année de Grâce est un récit dystopique qui prône la liberté et offre des messages forts de féminisme dans un univers sombre et cruel. Une fois l'intrigue lancée, il a été difficile pour moi de lâcher le roman !

L'année de Grâce nous prouve que la dystopie n'a pas encore dit son dernier mot et qu'elle a encore beaucoup de choses à nous offrir. Plutôt lassée par mes dernières lectures du genre, Kim Liggett m'a clairement réconcilié avec le genre. Une autrice à suivre donc !
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Tierney vient de fêter ses 16 ans. 16 ans... l'année où la "magie" des jeunes filles se révèle et où pour éviter que les hommes en soient rendus fous elles sont exilées dans un lieu loin de leur village pour une année, le temps que cette magie se dissipe dans la nature. L'année de grâce, cette année dont aucune des femmes qui en sont revenu ne parle. Tierney se demande bien ce qui l'attend et arrivée au camp elle va devoir grandir et tenter de percer les mystères du monde qui l'entoure.

J'ai plongé la tête la première dans cette Année de grâce, une dystopie comme je les aime, pleine de mystères et qui donne immédiatement envie d'en savoir plus. La plume de l'auteure est agréable et donne tout de suite vie à ses personnages et à leur environnement, on s'attache vite à Tierney cette jeune fille indépendante et volontaire qui dénote dans un monde où les femmes ne choisissent jamais leur destin, destinées à devenir épouses et mères (pour celles qu'on estime être les plus chanceuses) ou à travailler toute leur vie sous les ordres des hommes. Tout manquement à la discipline ou tout soupçon sera sévèrement puni, exil dans les Quartiers extérieurs (des lieux déshérités où les femmes sont contraintes de se prostituer pour survivre) ou simulacre de procès suivi d'exécution en place publique. L'auteure mêle habilement les références et nous embarque dans son monde, le mystère est entier, on ne sait pas trop si l'histoire se passe de nos jours, au moyen âge ou dans le futur, de dangereux braconniers rôdent, l'environnement de la forêt et du lac bordant le camp est particulièrement hostile et voici le lecteur avide de percer le mystère.

Petit bémol pour le milieu du livre où on bascule pour quelques chapitres dans une accumulation de péripéties façon roman d'aventure débridé que j'ai trouvé peu crédible et un peu répétitif. Tierney va de danger en danger, manque mourir, s'en sort par miracle et affronte les épreuves façon super héros invincible... l'auteure a bien failli me perdre, s'éloignant du côté réaliste et crédible de son histoire qui faisait tout l'intérêt du livre. Heureusement le rythme redevient plus calme, l'intrigue retrouve sa cohérence et les mystères se dévoilent petit à petit. C'est un monde (malheureusement) très crédible qu'a imaginé Kim Liggett, un monde où les hommes exploitent les femmes sans aucun scrupule et les tiennent dans une ignorance qui permet toutes les manipulations. J'ai adoré la conclusion du roman, pas de manichéisme, pas de happy end façon paillettes ou héroïne extraordinaire qui renverse toute la société, juste une jeune fille qui refuse de se laisser berner, qui grandit et mûrit et qui comprend petit à petit le monde qui l'entoure. le chemin sera encore long pour plus de justice mais une petite graine est semée et va s'épanouir comme ces minuscules fleurs rouges qui parsèment le récit et l'apprentissage de Tierney.

Je vous recommande chaudement L'année de grâce, un roman passionnant et très accessible qui allie avec brio lecture palpitante et réflexions intéressantes. Un livre qui à mon avis peut être lu aussi bien par des ados que des adultes et une auteure à suivre.
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L'Année de grâce est un événement attendu par toutes les filles de Garner County. Elles savent, depuis toutes petites, qu'elles assisteront l'année de leurs 16 ans à une cérémonie au cours de laquelle un époux leur sera attribué. Elles seront ensuite exilées pendant une année complète, loin de leurs proches, le temps que leur « magie » se dissipe au contact de la nature. Nul ne sait précisément ce qui se passe chaque année dans ce camp entouré d'une immense forêt. Nul ne sait ce qui s'y dit, les liens qui s'y nouent et les relations qui s'y assombrissent. Pourtant, ce que chacun sait, c'est que les jeunes exilées ne reviennent pas toutes de leur année de grâce…
J'avais repéré ce roman depuis sa sortie en 2020 et je n'attendais qu'une chose, qu'il sorte enfin en poche ! Ce n'est pas le coup de coeur attendu mais j'ai toutefois beaucoup apprécié cette lecture. J'estime que L'Année de grâce est un roman young adult vraiment prometteur, avec quelques bémols tout de même… Ce que j'ai apprécié : la narration à la première personne, le personnage de Tierney et son caractère affirmé, la découverte de cette société si particulière et de son fonctionnement ainsi que les échos à de nombreux éléments de notre réalité ou de notre histoire qu'on peut y lire, l'ambiance mystérieuse développée tout au long du roman, le rôle de certains personnages secondaires agissant dans l'ombre, l'écriture entre poésie et révolte, le message qui est certes parfois maladroit mais que l'on comprend tout de même aisément, la lecture métaphorique de cette « magie » féminine, les références aux fleurs… Ce que je n'ai pas aimé : la violence gratuite de certains personnages, un poil exagérée et contreproductive, les traits souvent caricaturaux associés aux hommes et aux femmes, l'évolution du roman vers une histoire d'amour (au secours !) et le triangle amoureux qui en découle. Que de belles idées dans ce roman ! Mais également, vous l'aurez compris, quelques choix curieux et dérangeants… Cependant, je retiendrai le positif et je suivrai certainement les futures parutions de Kim Liggett.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Une dystopie marquante, féministe, avec des personnages complexes, des rebondissements ... Noirceur et espoir de changement, ode à la liberté
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C'est l'histoire d'une adolescente, Tierney, qui vit au sein d'une communauté religieuse aux idées archaïques. Avec une trentaine d'autres filles de son âge, Tierney s'apprête à quitter sa famille et son village pendant une année entière. En effet, les jeunes filles qui sont dans leur seizième année doivent s'exiler en forêt, afin d'extirper toute la magie en elles. Chaque année, elles reviennent blessées, visiblement traumatisées… ou elles ne reviennent pas.

Toute l'histoire tourne autour de cette magie - qui terrifie les hommes - qui doit se révéler et dont les jeunes filles doivent se débarrasser, afin de devenir des épouses ou des travailleuses dociles lorsqu'elles reviendront au village. C'est un monde où les femmes n'ont pas leur mot à dire, où elles subissent les croyances patriarcales et archaïques.

Ce roman était incroyable, il m'a retournée les tripes. J'étais totalement captivée par ma lecture, une dystopie féministe assez glauque, qui m'a donné envie de me révolter et de crier.

Cette histoire met en lumière à quel point les superstitions et le sexisme pèsent sur les femmes. Une histoire qui nous amène à nous interroger sur notre propre société et qui donne envie de voir un peu plus de sororité !

[Chronique complète sur mon blog].
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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Alors j'ai eu besoin de temps après avoir fermé mon livre. Littéralement encensé par mes bibliothécaires et les réseaux, ce livre me tentait déjà bien avant ces avis dithyrambiques. Avec tous ces avis, je vais éviter de revenir sur le contenu mais vous donner mon ressenti.
Révoltant et féministe, un roman coup de poing en tout point. Les femmes sont asservies et lors de leur année de grâce, elles sont envoyées dans un camp éloigné de tout pour perdre leur "magie", être brisée. Un roman que j'ai dévoré tellement j'avais hâte de savoir ce que Tierney allait faire pour changer les choses, ce qu'elle allait devoir vivre pour restaurer la vérité. Cette héroïne est attachante et courageuse face à l'adversité et surtout face à la cruauté humaine. Finalement, la violence est dans tout le roman mais l'auteure réussit magnifiquement à nous donner un moment de répit (pour la sauvegarde de nos petits coeurs et de nos âmes) avec ce paradis créé durant un moment. C'est différent, incroyable, captivant et bouleversant.
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Un bon roman ado avec une histoire un peu vue et revue mais que j'ai tout de même apprécié.
A l'aube de l'âge adulte, des jeunes filles doivent partir un an vivre "l'année de grâce" sur une terre isolée afin de gérer la soi-disant magie qu'elles ont et qui pourraient troubler les hommes.
Thierney, l'héroïne va tout faire pour changer son destin durant cette année et fuir la vie qui lui est toute tracée. Courage, solitude, amour et entraide son au programme.
Un petit bémol pour ma part : j'ai eu dû mal a apprécié l'héroïne qui a un égo surdimensionnée.
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C'est avec appréhension que j'ai ouvert "L'Année de Grâce". Crainte d'être déçue après avoir vu passer tant d'avis enthousiastes, et qu'une fois de plus tous les personnages masculins soient des monstres (ce qui est souvent le cas dans les romans dits "féministes").
Mais Kim Liggett mérite la moyenne de 4,23 étoiles attribuée par les babeliotes : son univers se révèle bien plus complexe et nuancé que ce à quoi je m'attendais.
Sur la couverture, ce roman est comparé (à raison) à "La servante écarlate", "Sa majesté des mouches" et "Hunger Games". J'ai aussi pas mal pensé au film "Le village" pour l'ambiance mortifère, les règles qui semblent arbitraires mais ont une raison cachée et le rôle de la couleur rouge.
Nous découvrons Tierney à la veille de son départ pour la mal-nommée "Année de Grâce", une année que toutes les filles de 16 ans passent dans camp de fortune, sans autre ressources que les leurs. Elles devront survivre et revenir purgées de leur magie.

Ce roman est assez pessimiste sur les rapports humains que ce soit entre hommes et femmes (les uns usant de tous les stratagèmes imaginables pour contrôler les autres) ou entre femmes elles-mêmes (jalousie et cruauté font bon ménage). Cette vision initiale est assez clichée, mais elle garde toute sa pertinence au vu de ce qui se passe dans certains pays. Et évidemment elle évolue en cours de route.
Car, heureusement, certains personnages ne se laissent pas entraîner dans ce tourbillon d'obscurantisme et luttent chacun à leur manière pour faire changer cette société sclérosée.
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