Je colle mes yeux au microscope et j’aperçois un bal de formes magiques et saugrenues, un kaléidoscope d’organes inconnus, un éventail de monstres géants.
(page 170)
Nieves grandit dans une dictature où les femmes où les jeunes filles sont réduites à un rôle d’esclaves domestiques.
Tous les dimanches, Carmen va à l’église en traînant Nieves derrière elle. L’Église est un lieu de sociabilité, c’est aussi un lieu éminemment politique. Il faut s’y montrer afin de se protéger, ne pas éveiller la suspicion des voisins. La peur induite par la répression franquiste est partout.
La lecture reste présente mais son monde,ce sont les mathématiques. Un monde qui n'est pas terrestre. Cela lui plaît tant de décoller du réel, c'est comme aller sur la Lune ! (p.110)
Il faut se présenter le quartier de Legazpi avant la guerre d'Espagne,un quartier comme tous les autres quartiers de Madrid,avec des cloches, des horloges et des arbres,de la lumière sur tout cela comme un psaume;un immeuble avec des géraniums accrochés aux fenêtres et des couloirs interminables où courent toute la journée des chiens et des petits enfants ;des rires qui éclatent dans le soir en grands bouquets parfumés. (...)
La gratitude des jours d'enfance est infinie.(p.16)
La simple réalité des choses est sa découverte de tous les jours.Il est difficile d'expliquer combien cela lui donne de la joie, et combien cela la satisfait.il lui suffit d'exister pour être complète.
Chaque moment qu'elle vit est une joie nouvelle. Parfois,elle se penche pour regarder un caillou.Elle n'a pas de pensées particulièrement profondes. Elle aime ce caillou pour ce qu'il est. Il existe sans doute depuis des millions d'années. D'ailleurs même s'il vient du chantier de l'autoroute, elle l'aime bien.Elle marche dans les rues de Saint-Denis .Elle écoute passer le vent ça vaut la peine d'être née. (p.67)
Écrire, c'est s'inventer une nouvelle vie. p. 159
La tristesse, c’est comme la météo de Nathalie Rihouet. Il ne faut pas s’en faire. Le soleil finit toujours par revenir sur l’ensemble du territoire, des côtes de l’Atlantique jusqu’aux Ardennes.
-Maman,qu'est-ce que ça veut dire,la ZEP ?
Elle a hésité.
La ZEP...la ZEP,c'est la cité où je travaille, Ça veut dire:"Zèbres Époustouflants et Prodigieux "!
Elle adore ses élèves. (p.136)
Pour ma mère, le prénom Olivier est une évidence, une synthèse. L’olivier est un arbre tortueux, millénaire. Elle aime son écorce, ses cicatrices et sa torsion. La façon dont il porte les marques du temps. Son endurance. Sa croissance lente, sa longévité. L’olivier incarne une civilisation, la Méditerranée. Il renvoie à ses racines, aux champs de l’Andalousie d’où vient Paco. À des siècles d’histoire. Il est le symbole de la paix, il évoque la philosophie de la non-violence. Elle aime tant ce prénom que si j’avais été une fille, elle m’aurait appelée Olivia.
La musique classique, Nieves a l’impression que c’est le seul sujet sur lequel on peut discourir à table. Problème, elle ne connaît pas une seule note de musique. Pour elle, mineur c’est un ouvrier dans une mine, et majeur c’est l’âge de vingt et un ans.